
Quatrième partie de nos rendez-vous pour les élections régionales des 14 et 21 mars prochain avec Julien Gonzalez et François Sauvadet. L'un est tête de liste de l'Alliance écologiste indépendante, l'autre de "La Bourgogne dynamique". Petit jeu de questions/réponses assez personnel pour cette première partie de leur interview...
* Julien Gonzalez, tête de liste régionale de l'Alliance Écologiste Indépendante
1 - Papiers s'il vous plaît !
- Date de naissance : 25 décembre 1975
- Ville et département d'origine : Varennes-Vauzelles (Nièvre).
- Situation familiale : Célibataire.
- Profession / Mandat : Demandeur d'emploi et auteur de livres d'histoire locale.
- Passé politique : "De 1996 à 1999, j'ai adhéré aux Verts et j'en ai même été le porte-parole dans la Nièvre. Ensuite, j'ai rejoint le Mouvement écologiste indépendant (mouvement dissident des Verts), avant d'en être exclu en 2005 pour divergence de points de vue... Puis j'ai participé à la fondation du parti pour la décroissance, dont j'ai été le secrétaire national. Pour ce parti, j'ai été candidat aux élections européennes et aux législatives de 2007. Je l'ai finalement quitté pour rejoindre l'Alliance écologiste indépendante en août 2009.
- Identité numérique : "J'avais créé un blog mais je ne l'ai pas remis à jour depuis les élections européennes...".
2 - Les "Ça vous fait quoi ?" et "Pour ou contre ?" de l'actualité...
Avec la grève de salariés des raffineries de Total, on commence à entendre parler de pénurie de carburant... Cette hypothèse, qui inquiète les gens, ça vous fait quoi ?
"J'en ai entendu parler mais pas plus que ça car je n'ai plus de poste de télé... Mais ça devrait peut-être faire penser à développer d'autres types de carburant ! De toute façon, dans cinquante ans, ça sera la pénurie, non pas parce que Total sera en grève, mais parce qu'il n'y aura plus de pétrole du tout. On devrait penser à la sortie du pétrole. C'est comme pour la sortie du nucléaire : selon les estimations, il reste 50 à 70 ans de réserves d'uranium. Ce ne sont pas des énergies renouvelables et les quantités que l'on consomme sont énormes. Déjà en France, il n'y a quasiment plus d'uranium : on est obligé d'aller le chercher au Niger, en Australie...
Le 2 décembre 2009, Greenpeace envahissait l'Assemblée nationale... Si nous n'en sommes pas au coup d'État, c'était en tout cas un coup de force. C'est pourquoi certains pensent que l'organisation a dépassé les bornes ce jour-là. Pour ou contre ce type d'actions ?
C'est bien pour cela que je fais de la politique : l'activité associative, même si elle est intéressante et nécessaire pour faire avancer l'opinion publique sur les questions de l'environnement, trouve malheureusement ses limites. Il faut en effet des décideurs politiques pour faire avancer nos idées. En tout cas, cette action de Greenpeace ne m'a vraiment pas choqué. Dans la mesure où c'est pacifique, que l'action est non-violente, moi je cautionne... que ce soit légal ou non.
Depuis quelques mois, la chaîne de hamburgers Quick ne vend que des hamburgers halal dans 8 de ses 362 restaurants français... La nouvelle ne manque pas de faire polémique. Et vous, qu'en pensez-vous ?
Moi je ne suis pas contre : il est nécessaire de diversifier les menus pour les différentes cultures. En revanche, il ne faut pas qu'il n'y ait que du hamburger halal...
Selon certaines rumeurs, Internet serait sur le liste des nominables pour le prix Nobel de la paix... Pour ou contre l'idée ?
Il faudrait que l'on me donne les motivations de cette idée... A priori, ce n'est ni n'importe quoi ni une bonne idée. Internet est peut-être un moyen d'échanger avec des gens du monde entier mais ça nous renferme aussi chacun dans notre coin. Ce serait bien que les gens sortent un peu de chez eux pour communiquer avec leurs voisins et pas uniquement par internet au bout du monde. S'ils étaient un peu moins solitaires et individualistes, ce serait pas mal. En tout cas, Internet prix Nobel de la paix, c'est discutable...
3 - Portraits "Président de région" et "chino-bourguignon"
Si vous êtes élu président de région, quelle sera votre première action symbolique ?
Et bien ce sera tout simple : on supprimera tous les extras des élus, les banquets républicains, les voyages... Tout cet argent, on le donnera aux Restos du cœur pour montrer que l'on est solidaires des Bourguignons dans la précarité. C'est ce que Marie-Christine Blandin avait fait dans le Nord-Pas de Calais. Car l'écologie, ce n'est pas l'environnement uniquement, c'est s'occuper des gens en premier lieu et créer du lien social.
Si vous êtes élu président de région, quelle sera la qualité qui vous sera utile et le défaut que vous aurez à combattre ?
Mon défaut serait d'être têtu et ma qualité d'être persévérant.
Si vous étiez... un lieu écolo en Bourgogne ?
Comme lieu exemplaire en matière d'écologie en Bourgogne, il y a l'éco-hameau du Portail à Torpes en Saône-et-Loire. Il est actuellement en cours de construction et sera sur le même modèle que celui de Bio-Lopin, qui existe depuis 1988 à 10 km au sud de de Lons-le-Saunier, en Franche-Comté, et où actuellement huit adultes vivent avec leurs neuf enfants. Ils habitent une grande maison, une ferme avec dépendances et un hameau de quatre maisons sur 17 hectares de prés, et sont largement impliqués dans tout ce qui englobe l'écologie, la formation et le tourisme vert compris. Une charte-contrat décrit les conditions d'adhésion mais la porte du lieu reste ouverte à ceux qui veulent connaître le lieu. Voilà le type d'habitat écologique et convivial que nous aimerions voir se développer en Bourgogne.
Si vous étiez... une personnalité Bourguignonne ?
Je pense à un personnage assez rebelle : Charles Ferdinand Gambon, député démocrate socialiste de la Nièvre au 19ème siècle. Il a passé plusieurs années au bagne en Corse pour ses opinions politiques car il s'opposait à Louis Napoléon Bonaparte et refusait notamment de payer l'impôt. En 1870, il avait tenté de lancer une insurrection dans le village d'Arquian, qui s'est malheureusement mal terminée, mais il a voulu profiter de la déclaration de la guerre pour déclencher une révolution dans la Nièvre ! En revanche, si je pouvais donner une figure internationale, je choisirais le Brésilien Chico Mendes, qui s'est battu de manière non-violente pour la sauvegarde de la forêt amazonienne contre les gros éleveurs et le gouvernement brésilien, qui voulaient en faire des zones d'élevage extensif."
* François Sauvadet, tête de liste régionale de "La Bourgogne dynamique"
1 - Papiers s'il vous plaît !
- Date de naissance : 20 avril 1953
- Ville et département d'origine : Dijon (Côte d'Or)
- Situation familiale : marié, trois enfants.
- Profession / Mandat : Journaliste jusqu'en 1993 / président du conseil général ; député de la 4ème circonscription de Côte d'Or.
- Passé politique : "En 1993, j'ai adhéré à l'UDF. Mais en 2007, je l'ai quitté car avant le premier tour des élections présidentielles de 2007, j'avais indiqué que je ne soutiendrai pas Ségolène Royal. J'ai en effet décidé d'apporter mon soutien à Nicolas Sarkozy. Ensuite, j'ai donc créé un mouvement avec Hervé Morin, qui s'inscrit dans la filiation de l'UDF : le Nouveau centre. J'ai choisi de ne pas me placer dans l'opposition mais de rendre utiles mes idées à la France car elles s'appauvrissent à ne pas s'assumer dans la réalité des choses, de manière concrète. Moi, j'ai envie d'être utile à mon pays et aujourd'hui, je n'ai aucun regret."
- Identité numérique : "J'ai un Facebook, un Twitter, un blog, un site... Je suis dans les réseaux ! Bien sûr, on m'aide un peu mais je m'en occupe vraiment moi-même car ça me plaît. Je réponds surtout aux messages... Ça vous étonne, hein ?"
2 - Les "Qu'en pensez-vous?" et "Ça vous fait quoi?" de l'actualité...
Vous êtes député de la Côte d'Or et président du conseil général du même département. Aujourd'hui, vous briguez le mandat de président du conseil régional... Alors le cumul des mandats, qu'en pensez-vous ?
"Vous savez, j'en ai tellement entendu sur le cumul des mandats, des gens qui disaient la main sur le cœur : "Je suis pour le mandat unique" et qui sont aujourd'hui président du conseil général de Saône-et-Loire... Moi j'assume, j'ai toujours plaidé pour un mandat territorial et un mandat national parce que je pense qu'il faut avoir les deux pieds sur le territoire. Je respecte la loi ; si elle évolue, je la respecterai. Mais je ne cherche pas des places : je suis déjà président du conseil général de Côte d'Or et président de mon groupe (Nouveau Centre) à l'Assemblée nationale... Aujourd'hui, je suis candidat à la présidence du Conseil régional pour porter notre projet. Les Bourguignons trancheront et s'ils me choisissent pour mener le destin de la Bourgogne, je le conduirai. Dans ce cas-là, je l'assumerai et je veillerai à ce qu'on puisse organiser les choses en Côte d'Or...
Le Salon de l'agriculture a ouvert ses portes samedi 26 février 2010 en l'absence remarquée du président de la République. Nicolas Sarkozy ne devrait en effet s'y rendre qu'à la clôture... Le monde agricole traversant pleinement la crise économique, les agriculteurs sont plutôt déçus par ce planning. Et vous, qu'en pensez-vous ?
Ce que je souhaite, c'est que le président aille au Salon de l'agriculture. Au début ou à la fin, il choisit son timing, ce n'est pas mon sujet... En revanche, on peut parler de l'agriculture qui souffre beaucoup en ce moment. Elle souffre surtout de la dérégulation des marchés : en ce moment, le monde agricole est frappé de plein fouet par une chute des prix. J'aimerais donc que l'on traite de certains sujets franco-français, notamment de la transparence sur les marges et sur les prix. On voit bien que quand les prix à la production chutent, les prix ne baissent pas à la consommation. Lorsqu'en revanche, ils augmentent un peu à la production, ils augmentent beaucoup à la consommation : il y a donc un problème de curseur.
Ce sera le cadre de la loi de modernisation de l'agriculture que j'ai souhaité. J'ai beaucoup parlé de ces questions avec la président que je vois chaque semaine. Je me suis réjouis qu'enfin il soit convaincu qu'il faille de la régulation sur les marchés, c'est-à-dire éviter des fluctuations aussi fortes. L'absence de régulation est mortelle au plan économique mondial bancaire ; elle l'est tout autant sur le plan alimentaire et agricole. Voilà, ie sais que le président est très attentif au mal-être agricole qui est profond, alors qu'il vienne au début, au milieu ou à la fin du salon...
Bien entendu, il m'arrive d'avoir des désaccords avec Nicolas Sarkozy : au moment de la loi sur l'audiovisuel, parce que je voulais obtenir des garanties, au moment de la mise en peuvre du RSA, parce que je voulais qu'il y ait une taxation qui soit juste, sur le bouclier fiscal car je souhaitais que les cotisations sociales soient exclues du champ.... Simplement, sur l'idée de faire bouger la France, sur l'idée de réformes, le président a une ligne directrice que je trouve juste. Je préfère être là où je suis que d'être du côté de la gauche qui, sur le problème des retraitres, voudrait ne toucher à rien pour des raisons électoralistes : c'est irresponsable ! La volonté du président de changer les chose est utile à la France ; c'est pour cela que j'y participe, avec mon style et ma liberté.
Le quotidien danois Politiken, qui a présenté ses excuses au monde musulman pour l'avoir offensé en reproduisant en 2008 les caricatures controversées de Mahomet, ça vous fait quoi ?
En tant que citoyen je pense qu'il ne faut pas insulter les gens. La république laïque doit garantir à chacun de pouvoir exprimer sa foi. Je n'aime pas quand on victimise, quand on désigne des autres comme étant responsables ou coupables. Je respecte la foi. Simplement, ce que je combats avec la plus grande détermination, c'est la foi qui devient une arme contre la démocratie. Je ne suis pas favorable à des caricatures qui heurtent la conscience de ceux qui ont une foi que je ne partage pas mais qui doit être respectée. Je suis donc à la fois contre les caricatures et contre le port du voile intégral.
Vous qui avez lancé le débat sur l'identité bourguignonne comme thème de campagne, le Mouvement (indépendantiste) pour la Bourgogne libre, vous en pensez quoi ?
J'aime l'idée de liberté mais elle n'a de sens que si on travaille avec d'autres. Le débat sur l'identité régionale, ce n'était que par analogie au débat sur l'identité nationale car en réalité, je n'étais pas très chaud pour qu'il ait lieu en plein milieu des élections, même s'il a un sens. Ce que j'ai voulu avec cet autre débat, c'est recréer entre nous les conditions d'une cohésion en dehors de laquelle la Bourgogne n'ira que dans des chemins de traverse. Si on ne recrée pas la cohésion, on ne pourra pas peser ensemble sur un certain nombre de grands projets. J'aimerais qu'on adresse un signal très fort à la Nièvre mais aussi qu'on regarde avec les autres départements les conditions d'un travail amélioré pour créer une cohésion dans laquelle on sentira que la Bourgogne est un bouclier mais en même temps une forme d'aventure collective. D'autre part, je voudrais une région qui ne soit pas en opposition mais qui soit en cohérence, en relai avec l'État .
3 - Portraits "Président de région" et "chino-bourguignon"
Si vous êtes élu président de région, quelle sera votre première action symbolique ?
J'irai rencontrer les jeunes pour encourager le pré-apprentissage.
Si vous êtes élu président de région, quelle sera la qualité qui vous sera utile et le défaut que vous aurez à combattre ?
Pour la qualité je pense qu'il faut du courage ; pour le défaut, il faudra éviter de se disperser...
Si vous étiez... un fromage bourguignon en Bourgogne ?
L'Epoisses !
Si vous étiez... une personnalité Bourguignonne ?
Celui que j'aime beaucoup, c'est Henri Vincenot parce qu'il a donné un sens à son histoire et qu'il a fait de ses racines un élément de modernité. Oui, Vincenot, parce que l'on doit être fier de ses racines et que l'on ne gagne pas la bataille de l'avenir sans l'être."
* Têtes-à-têtes : La Rédaction entre dans le cœur des Régionales et organise un face-à-face entre chaque tête de liste régionale et deux journalistes de dijOnscOpe. Objectif ? Les confronter aux questions directes du journal sur les thèmes d’actualité et surtout, aux exemples concrets impliquant l’action du Conseil Régional.
