
Pas grand monde a priori... Si la cote de popularité de l'ex-Premier ministre semble au beau fixe en France - près d'un Français sur deux souhaite que Dominique de Villepin se présente aux élections présidentielles en 2012 selon une étude BVA, elle s'avère au plus bas côté politiques. Après avoir sondé quelques personnalités de l'UMP en Côte-d'Or, il semblerait en effet que le parti de Dominique de Villepin, qui sera lancé le 19 juin 2010, soit massivement rejeté...
Où est passée l'armée du général?...
Jeudi 25 mars 2010, Dominique de Villepin annonçait faire prochainement le grand saut : lancer son propre parti politique. Un sondage CSA-Marianne le crédite d'ailleurs de 10% des intentions de vote en cas de candidature à la présidentielle... Certes, mais peut-il partir en guerre sans armée ? Jean-Pierre Grand, député de l'Hérault, chargé de l'implantation villepiniste en France, assure que les soutiens sont nombreux : "Les sympathisants sont de trois ordres : les adhérents au Club Villepin, les personnes qui nous envoient des messages de soutien et ceux qui sont inscrits sur le réseau social Villepincom. Leurs couleur politiques sont différentes : on a l'UMP, avec notamment la frange gaulliste des anciens du RPR, le MoDem, le Centre, ceux à gauche qui ne croient plus au parti socialiste et des gens qui ne viennent d'aucun parti".
Un chiffre peut-être pour la Bourgogne ? "Je n'ai pas de chiffres exacts à vous communiquer mais je sais qu'il y a des adhérents au Club dans toute la Bourgogne et notamment en Côte-d'Or", indique France-Marie Lacaille, chargée de la province pour le Club Villepin. Les départements étant en cours de structuration, les soutiens politiques ne nous seront pas davantage précisés : "Pour les hommes et femmes politiques en Bourgogne ou en Côte-d'Or, je ne peux pas vous dire, reconnaît Jean-Pierre Grand. Mais de toute façon, ce n'est pas ce que nous cherchons ; Dominique de Villepin ne recrute pas dans les rangs de l'Assemblée".
L'appel du 19 juin? Non merci!
* Laurent Bourguignat, président du Cercle gaulliste en Côte d'Or:
"Je partage quelques valeurs avec Dominique de Villepin mais il est beaucoup plus utile quand on est gaulliste de faire vivre ses idées au sein de l'UMP que de se lancer dans une aventure vouée à l'échec. De plus, ce parti qui va être créé sera une sorte de fan-club et non un vrai parti politique qui compte inventer une idéologie nouvelle. Il s'agit simplement de soutenir sa candidature éventuelle en 2012. C'est ce qui me dérange le plus dans sa démarche : tout est calculé dans ce but.
Il y un an environ, le Club Villepin, sorte d'embryon du parti, m'avait repéré et contacté pour devenir délégué départemental du club mais j'ai refusé. Je n'ai pas été contacté depuis... En tout cas, je ne considère pas Villepin comme un ennemi : il ne faut pas tourner le dos aux gens qu'on a soutenu mais je n'ai pas entendu parler pour autant de politiques adhérant à son mouvement."
* Bernard Depierre, député de la Côte d'Or :
"Villepin ? Ce n'est pas un bon sujet... Il a annoncé qu'il envisageait de créer un nouveau parti. Aussi, je ne connais pas ses intentions : veut-il s'associer à l'UMP qui compte d'ores et déjà de nombreuses familles politiques (gauche moderne, MPF, les radicaux de droite, etc) ? Moi je ne sais pas. Si c'est pour fédérer des gens un peu au bord du chemin, alors je dis oui. Si c'est pour diviser, son intention est mauvaise et c'est non. J'ai le respect de celui qu'il a été et il a eu une vie un peu difficile dans l'affaire Clearstream mais aujourd'hui, la majorité présidentielle ne peut pas se payer le luxe de multiplier les groupuscules. De toute façon, on peut compter ses amis sur les doigts des deux mains d'un menuisier ; et d'ailleurs, ce menuisier aurait eu quelques accidents et il lui manquerait quelques doigts..."
* Guillaume Ruet, responsable des jeunes UMP en Côte d'Or :
"Nous n'en avons pas beaucoup parlé. Je pense que chez les jeunes, nous sommes plus une génération Sarkozy : nous avons grandi et appris à militer à ses côtés, notamment lors de la campagne de 2007. Dominique de Villepin, c'est l'oripeau d'une vieille droite nostalgique du gaullisme."
* Rémi Delatte, député de la Côte-d'Or et maire de Saint-Apollinaire :
"J'ai cru comprendre que son initiative s'inscrivait dans une logique de groupe au sein de l'UMP et là je dis pourquoi pas : si cela peut contribuer à la réflexion, à construire un projet, des idées... Mais si sa démarche est personnelle, si c'est juste l'intérêt d'avoir une écurie pour construire sa candidature pour 2012 alors je dis "Danger!". J'ai toujours été soucieux de deux choses : de ne pas tirer contre son camp et de penser que la division n'a jamais servi le fond. L'UMP est un parti uni avec différentes compositions : faisons attention aujourd'hui de ne pas nous diviser. En tout cas, personne ne semble relayer ce courant de pensée en local et mes collègues parlementaires villepinistes semblent se trouver très bien au sein de l'UMP. De même, moi je suis très bien là où je suis..."
* Stéphane Chevalier, secrétaire départemental de l’UMP en Côte d'Or :
"Ma réponse va être très courte : on ne peut pas l'en empêcher. Dominique de Villepin a été Premier ministre de la France : j'ai le souvenir de son action et je préfère celle de Nicolas Sarkozy, davantage dans le contrat. Des villepinistes dans le coin ? Je ne sais pas, je n'en ai pas entendu parler mais j'imagine qu'il y aura toujours quelqu'un pour se montrer intéressé..."
* Catherine Vandriesse, conseillère régionale de Côte d'Or et conseillère municipale de Dijon :
"Qui Villepin peut-il intéresser dans la région ? Pas moi ! C'est de la politique politicienne. Quand on lance un parti, il faut avoir un projet déjà. Et puis ce n'est pas parce que l'on n'est pas content, ce qui n'est pas mon cas, d'une politique au sein d'un parti majoritaire que l'on ne peut pas s'exprimer dans celui-ci. Chaque fois que je dois prendre la parole, je n'appelle pas mon président de groupe ou mon président départemental pour lui demander son avis. Si l'on est vraiment en désaccord, la première des choses à faire, c'est d'en parler avec les gens avec lesquels on est ami, avec lesquels on a travaillé, pour essayer de trouver des solutions.
Quant aux électeurs, est-ce qu'ils suivront ? Ils ont suivi la création de certains partis et on voit ce que ça donne aujourd'hui avec 3,5% en région Bourgogne (la liste Modem a recueilli 3,77% des voix au premier tour des élections régionales)... Le Modem n'était pas d'accord et aujourd'hui, c'est un parti qui ne représente rien ; ce n'est pas moi qui le dit, ce sont les urnes."
