Alors que le Parti communiste français (PCF) fête, en Côte-d'Or, ses 90 ans en février 2011, les plus fidèles - mais aussi les plus anciens - de ses militants se sont rassemblés samedi 29 janvier autour de Marcel Harbelot, 85 ans et président de l’Amicale des vétérans du PCF21, pour l’ouverture de l’assemblée générale annuelle du parti côte-d’orien. Le but ? Réfléchir, ensemble, à l’avenir du parti. L’occasion pour une trentaine de membres, anciens résistants et militants encore actifs, de faire ce qu’ils savent, selon eux, faire de mieux : préparer la révolution…
Le XXIe siècle : "Un nouveau siècle d’émancipation"
Il est 9h du matin et le café coule dans la kitchenette du local de l’Amicale des vétérans du Parti communiste français de Côte-d’Or (PCF21), place de l’Abbé Chanlon, à Dijon. Les membres de l’Amicale et anciens militants se tassent peu à peu dans le local. Une demi-heure plus tard, devant une trentaine de personnes prêtes à en découdre - le sourire aux lèvres -, Marcel Harbelot, 85 ans et président de l’Amicale côte-d'orienne, lance l’ouverture de l’assemblée générale annuelle de l’Amicale et engage les discussions et débats autour de l’actualité politique du moment.
Rappelons que l’Amicale des vétérans de Côte-d’Or a été créée en 1959. A ses débuts, elle ne disposait d’aucun bureau et ne comptait, parmi ses actifs, qu’un seul représentant chargé de remettre, entre autre, les cartes aux nouveaux membres. "C’est seulement en 1995 que la direction du parti a commencé à envisager les vétérans comme des camarades précieux qui, malgré leur grand âge, avaient de la mémoire. Nous avons donc commencé à constituer, dans chaque département, un bureau de l’Amicale des vétérans dans le but de collecter et de publier des mémoires et des documents sur l’époque passé. En somme, pour faire vivre les Amicales", précise Marcel Harbelot.
L’histoire et la mémoire pour enrichir le futur
Actuellement, sept membres sont chargés de mettre noir sur blanc les périodes importantes de la vie du parti. "Nous avons notamment édité une publication sur la résistance communiste, donc sur les communistes pendant l’Occupation. Un livre a également été fait sur Lucien Dupont, jeune résistant ayant formé les bataillons de la jeunesse, et qui a été fusillé à l’âge de 23 ans. Ces histoires vraies de camarades ayant enrichi la mémoire permettront peut-être aux jeunes générations de s’informer sur cette période et d’en tirer les conclusions nécessaires", assène Marcel Harbelot.
"Nous avons eu ce matin un débat sérieux avec des confrontations d’idées, ce qui est normal car les anciens ont beaucoup de choses à dire", explique-t-il. "Nous sommes au début d’un nouveau siècle d’émancipation. Il faut donc que les communistes prennent conscience que nous vivons une période nouvelle, notamment avec les grandes manifestations pour les retraites". A noter que ce militant révolutionnaire a occupé, pendant vingt-cinq ans, le poste de secrétaire départementale du PCF21. Il porte donc un regard à la fois protecteur mais également critique sur l’évolution du PCF et de la politique en général...
A chacun son histoire...
C’est donc le regard tourné vers l’avenir que les 140 membres actuels de l’Amicale des vétérans de Côte-d’Or militent à leurs façons. "La France devrait prendre exemple sur ses voisins, notamment la Tunisie", enchaîne Marcel Harbelot. "C’est vrai. Ça fait du bien de voir un peuple déterminé faire respecter ses droits et sa dignité. C’est une très bonne leçon de vie !", ajoute Jean Theuret, 75 ans, membre de l’Amicale et ancien professeur de français. Ces "anciens" - comme ils aiment à s’appeler -, souhaitent avant tout continuer leur militantisme à travers un "devoir de mémoire militante et de solidarité entre les générations", dixit Jean Theuret.
Chacun y va de sa petite anecdote pour faire vivre l’esprit révolutionnaire qui leur est si cher. "J’ai été élevée par des parents immigrés italiens, qui m’ont inculqué une éducation antifasciste. Un épisode de ma vie très représentatif reste ce jour du 17 octobre 1957, lors d’une grosse manifestation organisée par le Parti Socialiste à Dijon. Au total, 300 manifestants s’étaient rassemblés contre la guerre d’Algérie. C’était le début de la contestation. Résultat : j’ai été beaucoup matraquée, puis enfermée en prison pendant huit jours, et enfin suspendue de ma fonction à la Poste pendant trois mois !", raconte Saura Janelli-Lacaze, 75 ans, ancienne fonctionnaire et membre de l’Amicale.
"Le Parti Communiste ne mourra pas !"
Du soldat ayant fait parti de la résistance communiste lors de la bataille d’Alsace de 1944, comme Marcel Harbelot, au soldat démobilisé pour combattre en Algérie comme Jean Ianelli, le frère de Saura Janelli-Lacaze, les aînés du PCF font office de figures à la fois emblématiques de par leurs parcours mais aussi révolutionnaires de par leurs combats pour la liberté. Et pour Marcel Harbelot, rien ne remplacera la pratique : "Il est dommage de voir que maintenant, un parti politique existe uniquement par les médias". Une constatation que fait également Jean Theuret : "Les médias consacrent des pages entières à Marine Le Pen (Lire ici l'article du Point.fr) ce qui est très grave !".
Et lorsqu’il s’agit de défendre leur parti, les "anciens" sortent les crocs : "Ce matin, nous avons mis en garde les camarades sur le discours anticapitaliste de Marine Le Pen. Les nazis ne faisaient pas autrement !", s’inquiète Jean Theuret. "Malheureusement pour le Parti Communiste, les gens ont d’un parti la vision de son représentant et Pierre Laurent, premier secrétaire du PCF, n’est pas assez visible actuellement !", continue-t-il. Pourtant, Jean Theuret a confiance en l’avenir : "Pierre Laurent est jeune et il va ainsi pouvoir rajeunir le parti. Sans compter sur le fait qu’il est plutôt bel homme...". "Mais la révolution est en marche et rien ne pourra l’arrêter. Nicolas Sarkozy s’est permis de supprimer trop de choses", conclut Marcel Harbelot. Une lettre destinée à la presse est d’ailleurs en préparation pour s’insurger contre le mutisme des médias concernant le PCF...