C'est à la permanence du parti et entouré d'une vingtaine de militants que Stéphane Chevalier, secrétaire départemental de l’UMP Côte-d'Or, a donné une conférence de presse mercredi 31 mars 2010. Ce dernier, en 7ème position sur la liste UMP-Nouveau Centre conduite par François Sauvadet lors des élections régionales et donc finalement en 1ère place non éligible, a dressé un bilan post-élection sans compromis : si la politique nationale est évoquée, c'est surtout sur le plan local que Stéphane Chevalier et les militants trouvent à redire... Ainsi, l'absence au sein de la fédération du président de l'UMP de Côte d'Or, Alain Suguenot, est pointée du doigt. Quant à François-Xavier Dugourd, conseiller municipal de Dijon, il n'est guère épargné... Debriefing explosif !
Stéphane Chevalier, bonjour. Pour cette conférence de presse, vous avez invité une vingtaine de militants à y assister. C'était pour vous soutenir ?
"Ce que j'ai voulu faire dans un premier temps, c'est remercier les équipes de l'UMP qui se sont engagées à fond dans cette campagne des régionales. Le mouvement de Côte d'Or a vraiment bien travaillé : les militants ont fait la campagne, ils ont battu le terrain et je veux vraiment les remercier de tout le travail qu'ils ont accompli aux côtés de François Sauvadet. En préambule, j'ai également salué mes amies co-listières... Mais j'en ai marre du satisfecit ambiant comme on peut l'entendre ici ou là : il faut que l'on avance. Moi j'ai tiré une leçon sur le plan local : d'abord, il faut reconnaître que la défaite est sévère...
La "défaite est sévère" mais à quoi est-elle due selon vous ?
A plusieurs choses... Sur le plan local, ce qui m'embête aujourd'hui c'est qu'au Conseil régional de Bourgogne, la majorité présidentielle a cinq sièges en ce qui concerne la Côte-d'Or : deux sont issus de la 1ere circonscription et trois de la 5ème circonscription. Cela veut dire concrètement que de nombreux territoires de la Côte-d'Or ne sont pas représentés : 300.000 habitants sur les 500.000 que compte notre département ne seront pas représentés au Conseil régional. Je trouve cela dommageable. Et puis il y a un manque de concertation au sein des instances de l'UMP de Côte-d'Or. C'est un sentiment largement partagé par les militants dont je suis aujourd'hui le porte parole.
Le comité départemental n'a pas à statuer sur les listes mais il a quand même vocation à en discuter. Pourtant, il n'a jamais été réuni par rapport aux élections régionales. J'ai dénoncé également que le président de l'UMP Côte-d'Or (ndlr: Alain Suguenot, maire de Beaune) n'est pas très présent dans la vie de la fédération. Je crois que même lui pourrait le reconnaître... En tout cas, c'est le sentiment partagé des militants et moi, j'ai pour habitude de dire tout haut ce que pensent les gens tout bas.
Que demandez-vous exactement au président de la fédération de Côte-d'Or, Alain Suguenot ?
Il faut que le président soit plus présent dans la vie de la fédération. Vis-à-vis des résultats aux élections régionales, tout ne vient pas de lui, qu'on soit bien d'accord. Il existe également des événements nationaux qui font que les résultats sont ce qu'ils sont. Mais je dis simplement qu'au niveau de la fédération, nous sommes nombreux à demander une présence plus importante de notre président et davantage de concertation au sein des instances. Elles existent alors autant s'en servir sinon ce n'est pas la peine de les avoir créées.
Durant la conférence de presse, vous avez déclaré : "Il faut travailler à trouver un véritable leadership pour Dijon". Vous remettez directement en cause François-Xavier Dugourd* ?
Écoutez, je crois qu'aujourd'hui les résultats sont ce qu'ils sont : les chiffres* parlent d'eux-mêmes. A un moment donné, il faut se mettre autour d'une table et il faut travailler pour l'avenir de la ville. En l'occurrence, je suis très clair : je ne vois pas beaucoup de gens le faire pour Dijon, quoiqu'on en dise... Je demande donc aujourd'hui que l'on travaille à un nouveau leadership pour les municipales de 2014.
Avez-vous prévenu les élus de l'UMP de Côte-d'Or de votre conférence ?
Un certain nombre est au courant, par exemple les députés Bernard Depierre et Rémi Delatte. Ce dernier m'a d'ailleurs envoyé un sms tout à l'heure me souhaitant une bonne conférence de presse... Je ne sais pas s'il me soutient mais en tout état de cause, beaucoup de personnes partagent cet avis qu'une fédération de 2.000 adhérents, ça ne va pas si l'on ne s'en occupe pas.
Pour terminer, il semblerait que vous souhaitiez en profiter pour mettre fin à certaines rumeurs parues dans la presse...
Oui, j'ai un droit de réponse par rapport à des rumeurs qui me disaient démissionnaire. Que les choses soient bien claires : je ne rejoins pas le Nouveau Centre ! Ma famille politique est l'UMP, j'en suis fier et j'y suis fidèle. Je suis et je reste secrétaire départemental de l'UMP Côte-d'Or..."
Paroles de militants...
* Denise, 75 ans :
"Je fais partie du comité départemental et je suis tout à fait d'accord avec Stéphane Chevalier, sur pratiquement tous les points. Nous avons un président (de fédération***) que l'on ne voit jamais ! Alors bien sûr qu'il n'a pas le temps mais quand on accepte un poste, on assume. Dimanche dernier, nous (les militants) avons assisté à une réunion : le président est passé un quart d'heure et il est reparti ! Ce n'est pas normal... On a l'impression qu'il travaille pour lui et qu'il n'a rien à faire du reste. Les militants ont tous le même avis. Il y en a même qui disent qu'ils ne reprendront pas leur carte de militant si ça continue. Dans mon entourage, il y en a déjà une dizaine qui ne vont pas la renouveler : c'est grave quand même !"
* Militant anonyme :
"Je suppose qu'Alain Suguenot fait la tête parce qu'il n'a pas été tête de liste. C'est l'opinion de beaucoup de militants et de personnes non encartées ! Pour nous, le choix de monsieur Sauvadet était très bon : c'est une personne qui ne dédaigne pas les autres. Il a été très sympa avec nous et je crois qu'il aurait mérité plus de voix, même si l'on ne gagnait pas... Quant au président de l'UMP 21, je ne lui pardonnerai pas qu'il soit allé sur le plateau de France 3, le soir du second tour, et qu'il n'ait pas fait le déplacement pour venir nous voir à la permanence de campagne (place du marché à Dijon). Pourquoi nous l'avons élu ? Ah vous savez, des gens nous téléphonaient pour voter pour lui : c'est une pression qui n'est pas normal quand même, non ? Et notez qu'il n'a eu qu'une seule voix de plus que Bernard Depierre".
* Le conseiller municipal de Dijon s'était présenté contre François Rebsamen lors des élections municipales de mars 2008.
** Résultats du second tour des élections régionales 2010 à Dijon : François Patriat (PS/Europe Ecologie/PC/PRG) : 56,56% ; François Sauvadet (UMP/NC) : 33,26% ; 46,47% d'abstention.
*** Le président est élu par le comité départemental (170 membres) pour une durée de trois ans. En janvier 2009, Alain Suguenot l'avait emporté sur Bernard Depierre.
