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Billet de blog 2 avril 2010

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"Les Portugais sont courageux et tenaces"

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A l’occasion de la semaine Franco-Portugaise qui se déroule à Dijon du 1er au 5 avril 2010, dijOnscOpe a rencontré quelques Portugais et enfants de Portugais afin d'esquisser un portrait de cette population très active et chaleureuse...

Une communauté nombreuse et mobilisée


Jeudi 1er avril 2010, la semaine culturelle et sportive du Portugal était inaugurée salle Devosge à Dijon en présence des élus et du Consul Général du Portugal à Lyon : Antonio Barroso. A cette occasion, trois associations étaient réunies : l’Union Luso Française Européenne (ULFE), l’Association pour l’Amitié Franco-Portugaise de Quétigny et l’Association des Familles Portugaises d’Auxonne, des groupes actifs et organisateurs de nombreux événements.


Il faut dire que la communauté portugaise est l’une des plus importantes de France. Selon l’Ambassade du Portugal en France, en 2005, les Portugais résidant sur le sol français étaient au nombre de "800.000, dont 150.000 bi-nationaux". En Côte-d’Or, Novais Odalia, la présidente de l’ULFE, estime que "les Portugais sont au nombre de 12.000, dont 6.000 dans l’agglomération dijonnaise".


On dit souvent que les Portugais sont travailleurs, ce que le discours du sénateur-maire de Dijon, François Rebsamen, souligne particulièrement : "Les Portugais sont courageux, tenaces, travailleurs et ont un engagement fort."


De fait, les personnes rencontrées semblent se couler dans cette image un peu "clichée". Rappelons que la première grande vague d’immigration remonte au début des années 1960, la deuxième entre 1970 et 1974. La France devient alors la principale destination des migrants portugais, dont le nombre s'accroit de façon spectaculaire puisqu'en une douzaine d'années, leur nombre passe de 50.000 à près de 750.000.

La France, terre d’asile


Beaucoup de Portugais fuient un pays gangréné par la dictature de Salazar ; nombreux sont les hommes immigrant pour échapper aux guerres coloniales désastreuses en Angola, au Mozambique ou en Guinée-Bissau en Afrique. C’est par exemple le cas d’Antonio, aujourd’hui âgé de 60 ans : "Je suis venu en France en 1970 pour ne pas faire la guerre en Afrique. Il y avait moins de répression en France, pour nous c’était la terre d’asile. Je me disais que je ne pourrai jamais revenir au Portugal. Je n’y suis retourné qu’en 1974". [ndlr : Après la chute de la dictature, lors de la Révolution des œillets].


Antonio s’est ensuite installé en France où il fait sa vie sans songer à repartir vivre au Portugal. Comme lui, de nombreux jeunes se sont enracinés dans l’hexagone, avec parfois quelques difficultés d’intégration liées à l’apprentissage de la langue : "Je suis venue en France en 1970 pour trouver du travail, nous confie Maria. Au début, c’était difficile car je ne parlais pas du tout français. J’ai été femme de ménage, mes trois enfants sont nés ici ; l’une de mes filles est repartie vivre au Portugal mais moi, je me sens bien en France, je n’ai pas trop la nostalgie."


Berta, pimpante grand-mère de 73 ans, se dit elle aussi heureuse de vivre en France : "Je suis venue en France en 1967, pour rejoindre mon mari. J’étais institutrice au Portugal ; en France, je suis restée deux ans sans travailler avant d’aller à l’usine. On connaissait pas mal de Portugais. Mon pays, c’est la France, je m’y sens même mieux qu’au Portugal : les conditions de vie sont meilleures et il y a moins de machisme."


L’accueil des Portugais en France dans les années 1970 semble donc des plus corrects à en croire Ilda, aujourd’hui âgée d’une cinquantaine d’année : «"Je suis venue en France en 1973 par curiosité. Ça m’a tellement plu que j’y suis encore ! Je n’avais aucune connaissance mais j’ai eu de la chance : une place de nourrice s’est libérée. On s’amusait beaucoup avec les parents des enfants que je gardais ; ils m’ont beaucoup aidée à m’intégrer. Je retournais parfois voir mes parents au Portugal mais maintenant qu’ils ne sont plus là, il y a moins de motivation."

"Le Portugal, c'est bien pour les vacances"


Car les Portugais, loin de couper les ponts, sont nombreux à se rendre chaque année au Portugal pour y retrouver famille et amis. L’occasion pour les enfants nés en France de découvrir le pays d’origine de leurs parents. Une transmission des valeurs qui est importante rappelle Odalia Novais : "Les racines portugaises perdurent à travers l’association". Le Portugal a souvent une connotation positive liée aux vacances :" Le Portugal c’est les vacances, on y va l’été, la France c’est l’école !", déclare ainsi Lara, 8 ans. Ou Iseline, 22 ans : "Le Portugal, c’est la plage, la chaleur et la convivialité. C’est bien pour les vacances mais pour y vivre c’est différent : la vie est chère et le système de santé bien moins avantageux qu’en France."


Les jeunes sont généralement fiers de leurs origines que certains revendiquent haut et fort : "Mes parents sont Portugais. On a toujours un peu la fierté liée à cette origine, surtout quand l’équipe de foot joue ! Je ne cache pas que je suis d’origine portugaise même si le Portugal c’est bien pour les vacances mais pas plus", confie Béatrice, jeune papetière de 24 ans.


Selon Odalia Novais, les jeunes présents dans l’association sont près d’une soixantaine. Beaucoup pratiquent la danse folklorique telle Claudia, 24 ans : "Je fais de la danse folklorique, c’est un enrichissement d’avoir ces deux pays". Le club de foot compte lui, 165 licenciés à l’image d’André 25 ans : "Je fais partie de l’équipe de foot. Ce sport fait vraiment partie du Portugal !"


Les Portugais sont généralement heureux de vivre en France et fiers de leurs racines portugaises. Certains font le choix de retourner vivre dans leur pays d’origine à l’heure de la retraite. Peu de jeunes Français d’origine portugaise souhaitent vivre au Portugal tel Julien, 20 ans qui perçoit plus d’avantages à vivre là-bas: "Je compte peut être vivre au Portugal prochainement : c’est plus convivial, les gens sont plus joyeux qu’en France même si tout n’est pas comparable. Je suis fier de mes origines."

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