L'heure de la répétition générale a sonné, mercredi 31 août 2011, au sein de la section dijonnaise du Parti socialiste (PS). À quelques semaines de la primaire, qui doit permettre de dégager de façon démocratique un candidat pour l'élection présidentielle de 2012, les 250 bénévoles mobilisés sur la ville de Dijon ont fait le point lors d'un scrutin où l'on pouvait retrouver Louise Michel, Léon Blum ou encore Jean Jaurès!...

6.000 votants attendus sur Dijon
C'est l'effervescence au sein de la section locale du Parti socialiste (PS Dijon). Sur la porte, en lettres blanches sur fond rose fuchsia, le ton est donné : "Les 09 et 16 octobre 2011, c'est vous qui décidez !". L'enjeu est fort : après dix-sept ans de présidence RPR-UMP, le PS veut incarner le changement en proposant à tous les citoyens inscrits sur les listes électorales avant le 31 décembre 2010 de participer à l'élection du candidat qui portera l'étendard du parti lors de la course à la présidentielle en 2012. "C'est en quelque sorte une répétition générale", introduit Laurent Grandguillaume, responsable de la section de Dijon. "Nous allons avoir plus de 250 bénévoles qui vont nous aider au niveau de Dijon et 500 au niveau départemental, ce qui est assez conséquent." Et pour l'occasion, tout a été organisé comme un véritable bureau de vote : "Il y a une caisse à gérer car chaque électeur devra participer à hauteur d'un euro minimum aux frais d'organisation. Ensuite, il y aura une vérification pour savoir si la personne est bien inscrite et également une charte des valeurs afin que chacun s'engage à respecter les valeurs de la gauche pour participer au scrutin avant de revenir à une procédure plus habituelle avec urnes et isoloirs".
À l'entrée, chaque personne est invitée à prendre une carte d'électeur. Je m'appelle désormais Gilbert Lherm et ma commune d'origine est Carmaux, dans le Tarn ! Comme chaque électeur potentiel, je me vois distribuer un petit flyer présentant le bureau de vote auquel je suis rattaché. "Sur Dijon, ce qui serait bien, c'est d'arriver à plus de 6.000 votants, poursuit Laurent Grandguillaume. Si un tel résultat est atteint, cela signifierait qu'au niveau national, nous avons atteint plus d'un million de votants. Une barre symbolique qui, si elle est franchie, prouvera que cette primaire était une réussite." En attendant, et avant de m'acquitter de ma participation, je profite de la caisse présente à l'entrée. De la fausse monnaie est proposée aux futurs électeurs ; je me rue donc sur le seul billet restant à disposition : 100 euros ne sont jamais de trop... même s'ils sont en carton !
Six candidats en lice...
Sur Dijon, trente-et un bureaux de vote seront ouverts les dimanches 09 et 16 octobre 2011. Les candidatures ont été déposées entre le 28 juin et le 13 juillet, et la liste a été arrêtée par la haute autorité des primaires le 20 juillet. Les orphelins de Dominique Strauss-Kahn, mis en examen le 15 mai 2011 par la police de New-York (accusé d'agression sexuelle, de tentative de viol et de séquestration sur Nafissatou Diallo, une femme de chambre de l'hôtel Sofitel où il résidait), se sont désormais tournée pour la plupart vers François Hollande - député-maire de Tulle, en Corrèze - ou encore Martine Aubry - maire de Lille et première secrétaire du PS. Pourtant, si DSK a été blanchi le mardi 23 août (Lire notre article ici) et si son retour a été annoncé dans les prochains jours par l'ancienne première dame du parti sur le plateau du grand journal de Canal +, un nouveau rebondissement pourrait secouer le parti, mais avec un autre candidat.
Car face aux deux ténors, beaucoup espèrent une surprise de Ségolène Royal - présidente du conseil régional de Poitou-Charente -, de Manuel Valls - maire d'Évry et député de l'Essonne -, ou d'Arnaud Montebourg, député et président du conseil général de Saône-et-Loire. Un autre cas comme celui de Jean-Michel Baylet, lui aussi candidat, interroge les médias puisque Rue89 a révélé, dans son édition du mercredi 31 août 2011, sa mise en examen depuis 2009 pour prise illégale d'intérêt et délit de favoritisme (Lire l'article ici). Le président du conseil général du Tarn-et-Garonne, également président-directeur général du groupe de presse La Dépêche, avait déjà été condamné le 13 mars 2003 à six mois de prison avec sursis et 30.000 euros d'amende pour abus de biens sociaux, recel d'abus de biens sociaux et faux et usage de faux. Loin des querelles juridiques, l'esprit était plutôt à l'apprentissage du côté de Dijon. "Nous avons voulu être sur place pour répondre à l'ensemble des questions, faire de la pédagogie en quelque sorte", souligne celui qui est aussi adjoint au maire de Dijon et conseiller général de Côte-d'Or.
Et Jean Jaurès de remporter les primaires !
"Nous avons essayé le plus possible de garder les mêmes bureaux de vote. En période électorale, il y a 94 bureaux à Dijon et parfois, trois ou quatre dans le même groupe scolaire. Nous avons donc décidé de les réunir." Pour y parvenir, le Parti socialiste a noué une convention avec la Ville de Dijon afin de mettre des locaux à disposition. Cependant, l'élu tient à préciser "que le matériel sera loué". Sur l'agglomération, les grandes villes auront aussi leur propre bureau de vote, soit deux à Longvic, sept à Chenôve et, en général, un par canton pour les zones rurales. Après le contrôle de ma (fausse) identité, je suis invité à adhérer aux valeurs de la gauche tandis qu'une série de bulletins se présente à moi : Jean Jaurès, Louise Michel, Léon Blum, Cécile Brunschwig et Pierre-Mendès France : "Des choix assez consensuels qui sont surtout des clins d'œil à notre histoire commune". Pourtant, pour les électeurs, le choix est plus compliqué. Dans la file des 111 votants, Jean Jaurès remporte une majorité de suffrages, comme le prouvera le résultat final.
Mais l'heure n'est pas au pronostic. Un passage par l'isoloir plus tard, le bulletin est glissé dans l'urne et Laurent Grandguillaume tient à faire taire la polémique : "La liste d'émargement sera détruite ! Il s'agit en fait de la liste électorale qui est publique et qui peut être demandée par tous citoyens dans une commune. On ne fait donc qu'utiliser des documents publics. Elle sera détruite le soir même ou le lendemain de manière à ce qu'il n'y ait pas de souci au niveau des données personnelles". À l'heure du dépouillement, Louise Michel est précédée de cinq voix par Jean Jaurès (31,53% des suffrages). Quant aux autres, Pierre Mendès-France obtient 19,82% des suffrages, Léon Blum 9,9% et Cécile Brunschwing 4,5%. Reste à savoir qui sortira vainqueur le jour J...