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Billet de blog 3 novembre 2009

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Débat sur l'identité nationale : était-ce vraiment une priorité ?

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Eric Besson, ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire, a ouvert lundi 2 novembre le fameux "débat sur l’identité nationale". Objectif : donner la parole aux citoyens afin de "conforter notre identité nationale et de réaffirmer les valeurs républicaines et la fierté d’être Français". Si Eric Besson notait lundi que "le peuple français s'est saisi du débat", les politiques, pour leur part, sont assez partagés quant à la légitimité d'une telle consultation...

Débat national : mode d'emploi


La consultation se déroulera jusqu'au 31 janvier 2010. Dans un premier temps, le site web dédié diffusera des questions et propositions soumises au débat, une sélection de contributions reçues, des prises de position de personnalités, ainsi que le calendrier et le compte rendu des réunions locales. Dans un second temps, d'ici 2 semaines, un forum interactif et un questionnaire à choix multiples seront mis en ligne afin d’animer le débat auprès des internautes. Des réunions locales seront organisées dans tous les départements français, animées par le corps préfectoral, ainsi que par "les parlementaires nationaux et européens qui le souhaitent". Elles seront également ouvertes aux élus locaux, mouvements associatifs, enseignants, élèves et parents d’élèves, organisations syndicales et patronales, représentants des cultes et "associations patriotiques". La synthèse du débat sera présentée par le Ministre à l’occasion d’un colloque organisé le 4 février 2010.

Danièle Juban : "une démarche d'ouverture"


Selon Eric Besson, reprenant un sondage CSA publié dimanche dans Le Parisien où 60 % des français se disent favorables au débat, "ce débat est nécessaire et doit favoriser la construction d’une vision mieux partagée de ce qu’est l’identité nationale aujourd’hui". Danièle Juban, en charge de la communication de l'UMP 21, est du même avis. Elle a la conviction qu'il est "important de connaître les signes de la nation, pour avoir une fierté d'appartenance, notamment pour celles et ceux qui arrivent sur notre sol ; s'ils ne connaissent pas cette symbolique, il sera plus difficile pour eux de partager des valeurs et des buts communs". Elle ne croit pas que ce débat puisse ouvrir la porte à des idées xénophodes ou racistes ; "au contraire, cette démarche est une véritable ouverture en ce sens, notamment à l'attention des jeunes gens". Elle ajoute qu'elle "ne croit pas à une simple opération de communication, et que ce débat nous aidera à progresser vers le "vivre ensemble". D'autre part, au sein du parti socialiste, certains s'expriment en faveur de ce débat, tel Arnaud Montebourg (député et Président du Conseil général de Saône et Loire), qui souhaite y participer, pour "défendre les valeurs de la France éternelle". Ségolène Royal, qui comme Nicolas Sarkozy a fait campagne sur cette quesiton de l'identité nationale, chantant la Marseillaise dans les meetings et proposant même de placer des drapeaux tricolores à nos fenêtres, ne "craint pas" ce débat ; tout en le qualifiant d' "opération de diversion" de la droite avant les élections régionales, elle estime qu'il peut "mettre en valeur les clivages entre l’instrumentalisation d’une identité nationale définie de manière restrictive, qui se confondrait avec une forme de nationalisme, et une identité nationale qui, elle, est bien ancrée sur les valeurs républicaines".

Laurent Grandguillaume et la "règle des 3 i"


En revanche, pour une majorité de socialistes dont Laurent Grandguillaume, conseiller général adjoint au Maire de Dijon, "ce débat arrive juste au moment d'une grande crise sociale, et le gouvernement surfe sur les 3 "i", identité nationale, insécurité et immigration. Sa politique repose là dessus, à chaque fois qu'il y a des soucis économiques ou sociaux, on nous sort ça". Laurent Grandguillaume conteste le principe même de cette consultation : "le débat est biaisé ; le gouvernement mène une politique qui va à l'encontre des principes de la République, s'attaquant à la loi de 1905 comme aux services publics, et souhaite conduire les français à un raccourci de type "insécurité=immigration". Pourquoi ne pas parler de la république laïque et sociale ? On aurait tout aussi bien pu organiser un référendum sur la Poste ou sur la réforme des collectivités territoriales. Les vrais problèmes demeurent : économie, social, environnement...".

Edouard Ferrand : "débattre ainsi de la nation, c'est montrer qu'on a des doutes"


Autre opposant à ce débat, Edouard Ferrand, conseiller régional et membre du Bureau politique du Front National, qualifie l'initiative de "non-débat" : "rien que d'en parler, c'est montrer qu'il y a des doutes. L'UMP cherche ses racines". Le FN propose plutôt un véritable "Grenelle de l'identité" où le parti de Jean Marie Le Pen prenne une part réelle : "cela fait 25 ans qu'on réclame un vrai débat", déclare Marine Le Pen ajoutant que "si M. Sarkozy refusait de me recevoir, ça signifierait que les conclusions sur ce pseudo-débat sont déjà sur son bureau". Quoi qu'il en soit, selon Edouard Ferrand, cette consultation sert avant tout une visée electoraliste : "Sarkozy craint que le FN ne remonte lors des régionales et cherche une nouvelle fois à récupérer l'électorat de Jean Marie Le Pen ; seulement le hold-up a marché une fois et maintenant le bandit est connu". La gauche elle-même a accusé la majorité de "braconner" sur les terres lepénistes. Le député Vert Noël Mamère a même proposé à Éric Besson de lancer une petite annonce : "recherche Le Pen désespérément". Enfin Eric Besson reconnaît : "nous n'aurions jamais dû abandonner au Front national un certain nombre de valeurs qui font partie du patrimoine républicain", ajoutant qu'à son sens, "la mort politique du Front national serait la meilleure nouvelle pour tous".

Exception culturelle française ?


Le président du MoDem François Bayrou estime pour sa part que l'identité nationale est "toujours en construction, fondée sur les valeurs de liberté, d'égalité, et de fraternité", et que "comme l'histoire, il n'appartient pas aux politiques de l'accaparer et d'en faire un sujet d'affontement". Enfin Alain Juppé écrivait mercredi sur son blog que "les définitions de la nation sont nombreuses", citant Renan pour qui "l'existence d'une nation est un plébiscite de tous les jours", et concluait : "à quoi bon relancer un débat ?" A ces oppositions de principe, Eric Besson répond "qu'il n'y a qu'en France qu'on se demande si poser la question de l'identité nationale revient à faire preuve de nationalisme. En Grande Bretagne, Gordon Brown pose la même question sur l'identité nationale britannique". Et de rappeler que la question était un des thèmes majeurs des dernières campagnes de l'UMP...

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