
Les entreprises de pompes funèbres sont bien souvent mal-aimées par la population : l'image d'exploitant de la mort leur colle en effet à la peau. Mais si le décès d'un proche est toujours un sujet très sensible, le secteur n'en reste pas moins un commerce comme les autres... à la différence près qu'il ne connaît pas la crise. Analyse des tarifs et tendances 2009/2010.
Livraison de cercueil en recommandé
Des cercueils livrés en 48 heures... C'est ce que propose désormais le site internet de la chaîne de supermarchés Wal-Mart aux Etats-Unis. La marque ne s'y est pas trompée en proposant un tel service : contrairement à l'ensemble des commerces, le secteur n'a pas connu de moments difficiles ces derniers mois. En dix ans, le coût des obsèques aurait même grimpé de 35 % selon l'UFC Que Choisir. Un chiffre qui ne va pas pour améliorer la réputation de la profession... Pourtant, plus ou moins 40 % du montant des funérailles n'entrent pas dans leur poche. Pour commencer, presque toutes leurs prestations sont assujetties à la TVA à 19,6 %. A cela s'ajoutent les frais dits des tiers : avis de décès, rémunération d'un représentant religieux... "Il faut compter entre 150 et 250 euros pour payer le prêtre, explique Patrick Denis, directeur commercial du réseau Dignité funéraire en Côte d'Or. Ensuite, il faut compter 20 euros pour les vacations de police avant l'inhumation d'un corps". Pour un avis de décès publié dans le Bien Public, cela coûte environ 200 euros : "C'est cher mais j'ai déjà vu bien pire... Dans le Figaro, l'avis de décès est facturé environ 1000 euros", raconte le professionnel. Pour finir, ceux qui souhaitent être incinérés doivent payer la taxe crémation : 518 euros. Et ce n'est qu'un début...
Prestations de service pré et post-mortem
Pour ces divers frais, les pompes funèbres ne prélèvent généralement rien dessus, même si ce sont elles qui s'en chargent le plus souvent. "Quand elles entrent dans le magasin, 90 % des personnes sont complètement perdues, explique Patrick Denis. On n'est pas là uniquement pour faire du business, on aide également les familles dans leurs démarches administratives. Les gens ne savent pas faire alors on s'occupe de tout de A à Z. On fait cela pour leur simplifier la vie : ainsi, ils n'ont affaire qu'à un seul interlocuteur"... et n'ont qu'un seul chèque à signer. Car, bien entendu, les entreprises ne perdent pas de vue leur objectif commercial et multiplient les offres d'articles et les prestations payantes. Cercueils, urnes, couronnes de fleurs, plaques souvenirs en granit, marbrerie, faire-parts et cartes de remerciements... Les pompes funèbres ne se contentent plus des articles classiques de funérailles mais proposent des services personnalisés. Selon Patrick Denis, de plus en plus de personnes font en effet appel à la prévoyance obsèque : "Elles choisissent de leur vivant tout ce qu'elle veulent pour leurs obsèques et les payent. A leur mort, les familles n'ont pas d'argent à verser et n'ont rien à faire. Ainsi, la personne est sûre d'avoir l'enterrement qu'elle souhaite et ses enfants sont soulagés. En plus, ce contrat a valeur devant un tribunal : si quelqu'un veut se faire incinérer, rien ne peut empêcher ce souhait, que sa famille soit d'accord ou non". Son entreprise propose une autre prestation, post-mortem celle-ci : l'assistance administrative après les obsèques. Pendant trois mois, ce service suit les familles pour les aider à régler toutes les démarches administratives (déclaration de décès auprès des caisses de retraite, des abonnements...). Le service est facturé 234,50 euros mais le professionnel assure que chez un notaire, "cela coûte trois à quatre fois plus cher".
Le goût des uns, les portes-feuilles des autres
Réservation de chambres d'hôtel, de billets de train, location de voitures et même garde de chiens... Si les prestations des pompes funèbres évoluent, certains de leurs articles aussi. Ainsi, Patrick Denis a reçu la toute nouvelle plaquette d'urnes funéraires il y a tout juste quinze jours. "On vient de changer les modèles : les vieilles boîtes à gâteaux de grand-mère, c'est dépassé...". Quant au reste, pas de grand changement. Pour les cercueils, le client a le choix entre diverses essences de bois, les mêmes depuis des décennies. "Généralement, les gens ne veulent pas quelque chose de clinquant. C'est pour cela qu'on vend moins bien le cercueil Impérial, en acajou avec des poignées en bronze rétractables, qui pèse si lourd qu'il faut six personnes pour le porter". Son prix explique également sans doute cette "réserve" : il coute en effet 6700 euros, sans oublier les 1500 euros à payer pour les porteurs. Ce style de cercueil serait le favori des Corses, quand les protestants préféreraient ceux plus austères. Mais selon Patrick Denis, les goûts des uns et des autres ne se résument pas à l'appartenance d'une religion ou d'une catégorie sociale : "Je me souviens d'un monsieur qui, arrivé en berline noire, est reparti avec un cercueil à 1000 euros parce qu'il en avait rien à faire".
Le juste prix
A partir des prix pratiqués par l'entreprise dirigée localement par Patrick Denis, il est possible de se faire une idée précise du coût de funérailles. Au minimum, cela peut revenir à 616 euros. Le prix comprenant notamment le cercueil le plus bas de gamme, celui généralement proposé aux mairies pour l'inhumation des indigents. Pour un enterrement grand luxe, le total des meilleurs articles et services confondus reviendrait à 15 092,50 euros. Bien sûr, le prix moyen des obsèques en France est quatre fois moins cher : environ 3500 euros. Ceux qui trouveraient le montant encore trop élevé pourront se tourner vers les nouveaux cercueils écologiques, commercialisés à partir du mois de janvier 2010. En amidon de pommes de terre et de maïs, son prix est plus qu'attractif : 350 euros. La mort écolo et abordable ou le nouveau visage du marché du funéraire au 21e siècle...
