
Ce récit est une œuvre de pure fiction. Néanmoins, toute ressemblance avec des situations réelles ou des personnages existants ou ayant existé ne saurait être que volontaire...
Monsieur le président,
Je vous fais un mail
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Et aussi l’envie
Je viens de recevoir
Votre invitation pour aller
Débattre de l’immigration
Et de l’identité nationale
Monsieur le Président
Je ne veux pas le faire
Je ne suis pas Française
Pour stigmatiser les pauvres gens
Ce n’est pas pour vous fâcher
Il faut juste que je vous dise
Ma décision est prise
Je m’en vais écouter au lieu de parler
Depuis que je suis née
J’ai vu des pères étrangers
Pleurer leur terre d’origine
J’ai vu des mères exilées
Partir loin de leurs frères
Et des enfants souffrir de leur déracinement
Ma grand-mère est dans sa tombe
Et se moque de la politique
Et de vos vers aussi
Quand elle était étrangère
On lui a volé sa potée
On lui a volé sa dignité
Et tout mon cher passé
Aujourd’hui de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des faux débats
J’écrirai leur vie
Sur les routes de France
Du Maghreb à Dijon
D’Afghanistan en Bourgogne
Et je dirais aux gens :
Débattons en bas
Contre des bâtons d’en haut
S’il faut donner son avis
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président.
Si vous nous entendez
Nous humains plus qu’idées
Posez-vous cette question :
Qu’est-ce qu’être Président
D’une identité nationale ?
Merci au "Déserteur" de Boris Vian...
Sabine Torres - Rédactrice en chef dijOnscOpe.
