À l'horizon 2030, le Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) imagine différentes Bourgogne, oscillant entre audace et respect de la tradition, émergence d'une nouvelle industrie de référence ou attraction par d'autres pôles urbains. Selon les conclusions du Ceser, si la population est au centre du projet, la classe politique doit aussi avoir un rôle à jouer dans l'impulsion d'un tel changement. dijOnscOpe a donc interrogé plusieurs élus afin de connaitre leur position sur ces projets. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que la décision du scénario définitif ne sera pas facile à prendre…

François Patriat, sénateur et président du conseil régional de Bourgogne
"C'est une initiative que la région a soutenue puisque nous avons aidé le Ceser à mener à bien sa mission de prospective (Lire notre article ici). Cette mission a donné lieu à de nombreuses réunions avec les acteurs extérieurs au Ceser. Le premier scénario, celui de l'éclatement et du repli n'est pas envisageable. Le second, avec une Bourgogne à la Toscane synonyme d'espace de loisir et de tourisme, n'est pas envisageable non plus. Donc le choix de la région est de soutenir le troisième scénario, celui du dynamisme, de l'innovation. On connaitra la Bourgogne innovante, celle qui dope sa formation et sa recherche, soutient l'entrepreneuriat et l'industrie.
Que ce soit sur l'aménagement du territoire ou avec le nouveau schéma de développement économique, nous développons déjà ce scénario : je défends une capitale régionale forte qui irrigue le territoire et qui s'appuie sur différentes villes des autres départements. Grâce au plan énergie climat (En savoir plus ici), nous avons développé le cluster éolien (Lire notre article ici) et nous sommes la troisième région de France pour ce qui est de l'exploitation des filières bois et solaire, et dans les cinq premières pour les énergies renouvelables en général.
Il faudra développer la biomasse sans doute, baisser nos ambitions pour le bois en raison de la ressource, et prévoir 400 éoliennes pour fournir l'électricité à un million de Bourguignons. La filière nucléaire répond à des commandes dans l'immédiat et à des besoins de sécurité, liés à la construction de réacteurs pressurisés européens (EPR). Si cette technologie s'en va, d'autres s'en empareront à notre place".
Philippe Hervieu, vice-président Europe-Écologie-Les Verts (EELV) du conseil régional de Bourgogne
"C'est rigolo parce que tous ceux qui étaient contre les questions écologiques et environnementales ont pris les arguments des écologistes en disant que l'environnement était très important et que le nucléaire était la bonne solution puisqu'elle est une production d'énergie décarbonnée, en oubliant l'amont et l'aval ! Pour nous, ce n'est pas le cas. Il faut sortir du nucléaire comme le font l'ensemble des pays européens, tout en lançant de la recherche sur les énergies renouvelables.
On fonctionne encore sur des croyances, des dogmes, qui consistent à croire qu'il faut continuer dans la filière, comme si Fukushima ou Tchernobyl n'avaient pas existé, comme si nous n'étions pas spectateurs d'une formidable catastrophe environnementale et sanitaire. Selon l'Académie des sciences de New York, Tchernobyl a fait 986.000 morts, ce qui veut dire qu'en Bourgogne, c'est la chronique d'une catastrophe industrielle annoncée. Il y a fort à parier que cette filière qu'on nous présente comme prometteuse en matière d'emploi ne le soit plus.
Ce sera un véritable naufrage pour la Bourgogne et c'est visiblement impossible d'alerter là-dessus. Il faut anticiper ce qui va se passer dans le nucléaire et réorienter cette filière".
Pascal Grappin, conseiller régional UMP, membre de la commission environnement, développement durable et éco-responsabilité-agriculture et forêt
"J'ai écrit au président du Ceser pour lui dire qu'il y avait surement d'autres pistes qui peuvent être intéressantes à creuser. Je pense que mettre en projection jusqu'à 2030 une région et faire fi d'un véritable aménagement numérique du territoire est à mon sens quelque chose qui manque dans ce rapport. Ça a été évoqué de façon très légère, mais il y a une nécessité d'aller au-delà dans ce domaine parce que l'économie de demain sera de façon très significative une économie numérique et la Bourgogne ne peut pas se passer d'une très grande infrastructure de très haut débit, et pas de haut débit comme celle que nous avons aujourd'hui avec le Wimax.
Quand on vous dit qu'il existe 1.000 abonnés sur l'ensemble d'une région, on ne répond pas aux attentes des personnes et des entreprises. Toutes les régions vont concilier le développement économique et la protection de l'environnement. Cette piste mérite d'être creusée, mais il est évident que nos concitoyens attendent d'être rassurés quant à l'engagement du pays dans la filière nucléaire. Le président François Patriat s'est engagé à organiser un véritable débat au mois de septembre (Lire notre article ici) ; j'espère qu'on l'aura".
Michel Neugnot, premier vice-président du conseil régional de Bourgogne
"Je remarquerais déjà que c'est un début de travail de bon niveau qui a été fourni par le Ceser. Comme toutes les études prospectives, on distingue trois scenarii qui sont tranchés : je pense qu'il faut arriver à un mixe des trois. On ne peut pas être à côté de l'image qui est un de ces points forts tout en se basant sur le scénario 3, qui promet une capitale régionale capable d'irriguer et de structurer la région tout en comptant dans le concert international. Il n'y a aucune région digne de ce nom qui n'est pas identifié à sa capitale en Europe".
François Rebsamen, sénateur-maire de Dijon
Malgré plusieurs relances, le sénateur-maire de la Ville de Dijon n'a pas donné suite à notre demande.
François Sauvadet, ministre de la Fonction publique et président du conseil général de Côte-d'Or
En raison de sa nomination au poste de ministre de la Fonction publique (Lire notre article ici), François Sauvadet manque de temps et s'est donc excusé de ne pouvoir répondre à nos questions.