"Notre planète mérite un effort" : voici la bonne parole prêchée par Arian Lemal, son unique leitmotiv depuis 2006. A 26 ans, il est surnommé "le balayeur des cimes", pour ses actions en faveur de la protection de la nature en territoire montagneux. Il était à Dijon jeudi 4 février, invité par un sponsor local : AVS communication. L'occasion de découvrir un personnage atypique, au parcours qui l'est tout autant...
Le bronzage encore flamboyant, Arian est revenu d'Australie depuis tout juste deux mois, son Master en gestion environnementale dans la poche. Le thème de sa thèse : "La gestion des déchets sur les 8.000 mètres", un choix qui ne doit rien au hasard. Amateur de voyages, sportif dans l'âme, il parcourt dès son plus jeune âge les différents continents. En 2006, alors qu'il est encore étudiant, il tente l'ascension de l'Aconcagua, le plus haut sommet de l'Amérique du Sud. Sur place, il prend conscience d'une toute autre situation : "Les alpinistes sont aussi bien capables d'apprécier la montagne que de la polluer". Quelques mois plus tard, il retourne en Argentine, sac en main, avec la promesse de ne quitter les lieux qu'après leur avoir rendu leur propreté et leur virginité originelles.
De Dijon au Mont-Blanc
De cette première expédition d'une trentaine de jours, ressortiront 150 kilos de déchets en tout genre : piles, mouchoirs, sacs en plastique et même bouteilles d'oxygène ! A travers le monde, ils sont 3 à revendiquer le statut de "nettoyeur de cimes". Depuis 2006 et en plus de l'Aconcagua, l'étudiant a été envoyé par son sponsor chaussure au Népal, au camp de base de Kanchenjunga (5.200 mètres d'altitude) mais il est aussi parti à la Réunion, au Mont-Blanc et dans les Alpes en 2007 ou encore dans les Gasherbrum (8.035m) au Pakistan durant l'été 2009. Or, alors que ces expéditions se déroulaient avant sur son temps de vacances scolaires, il a décidé en 2010 de prendre une année sabbatique avec pour objectif de retourner au sommet du Mont-Blanc pour fêter l'année de la biodiversité comme il se doit : en faisant du ménage sur les sentier ! Sans oublier d'accrocher (enfin) la bâche de 50m² offerte par l'entreprise dijonnaise AVS Communication. Une opération qui, en raison du mauvais temps, avait échoué en 2007 mais qui devrait voir le jour en mai 2010.
"Repousser les limites de son corps"
Pour ce faire, Arian Lemal suit un entrainement intensif. Pratiquant jusqu'à 16 ans le tennis à haut niveau, il suit aujourd'hui un programme hebdomadaire très sportif pour se préparer efficacement à ces ascensions : 3 km de natation, 150 km de vélo, 80 km de course à pied, 3 à 4h de musculation, en plus du football, du tennis et du surf. Face aux conditions météorologiques rudes, à la raréfaction de l'oxygène sur les sommets, il choisit le sport pour repousser les limites de son corps. "Cette aventure, comme il l'explique, pousse le corps à ses limites physiques. Une bonne préparation est donc l'assurance d'une meilleure performance. Il faut savoir que chaque nuit, qui dure de 20h à 08h, n'est ponctuée que de 3h de sommeil ; le corps est poussé à bout." L'eau devient alors un objet précieux et rare ; pas moins de deux heures sont nécessaires pour en obtenir 4 litres (sur les 5 nécessaires quotidiennement pour assurer une bonne liquéfaction du sang) à partir de pan de glace. Le jeu en vaut la chandelle : lors de sa première ascension, il rencontre un groupe d'alpinistes portant un corps inerte et sans vie. Ce scénario, il ne veut jamais le vivre et pour éviter le mal des montagnes ou le sommeil coton, il préfère donc s'entrainer.
Jamais sans mon sac!
Mais cette nécessaire force physique n'entame en rien sa motivation et chaque voyage constitue une nouvelle aventure, de nouvelles découvertes, parfois insolites : 4 pneus à 3.000 mètres d'altitude dans les Alpes, des bouteilles d'oxygène de 1962 dans le Pakistan, un ski de 1950 dans la Mer de Glace, des canettes déposées dans des tanières de marmottes, des batteries au mercure... Le grand mystère de la pollution. Dans sa thèse justement, il propose quelques idées pour remédier à ces maux, au premier rang desquelles la prévention et l'éducation. A sa descente, il prend d'ailleurs cet exercice à bras le corps et propose ses services aux écoles. Un service gratuit qui reçoit comme seule compensation, la mise en place d'un projet pédagogique autour de la protection de la nature et du traitement des déchets. Un moyen de rendre "les jeunes acteurs de leur avenir" d'une façon assez concrète et en même temps interactive, Arian Lemal ne partant jamais sans son caméscope... ni sans ses sacs en plastique d'ailleurs !
