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Dijon / Bourgogne

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Billet de blog 6 février 2011

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Sols en Bourgogne : "Préservons ces organismes qui travaillent gratuitement !"

"Le sol grouille d'organismes vivants parfois inconnus qui travaillent gratuitement...", a expliqué le microbiologiste des sols Emmanuel Bourguignon, lors d'une rencontre-débat sur l'état des sols dans la région.

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"Le sol grouille d'organismes vivants parfois inconnus qui travaillent gratuitement...", a expliqué le microbiologiste des sols Emmanuel Bourguignon, lors d'une rencontre-débat sur l'état des sols dans la région. Invité à Dijon jeudi 03 février 2011 par le parti Europe Écologie-Les Vert (EELV), le jeune scientifique, évoluant au sein du Laboratoire d'analyses microbiologiques des sols (LAMS 21), estime que le modèle d'agriculture intensive est responsable d'un appauvrissement considérable du sol comme du sous-sol. Cette situation aurait des répercussions notables sur les rendements agricoles, sans parler des conséquences néfastes pour la santé humaine...

Un élément vivant et une part d'inconnu

"Il faut mettre les sols au centre des préoccupations ! Il s'agit d'un enjeu essentiel dans le débat sur l'agriculture mais aussi sur notre qualité de vie", estime Emmanuel Bourguignon, docteur ès Sciences, microbiologiste des sols au sein du Laboratoire analyses microbiologiques des sols (LAMS 21), situé à Marey-sur-Tille, en Côte-d'Or. Fondé par Claude et Lydia Bourguignon, ce laboratoire s'est notamment illustré dans l'analyse des sols de la côte viticole. "Un sol saturé d'intrants - ou produits apportés aux terres et aux cultures - peut se renouveler à l'échelle des temps géologiques mais pas à l'échelle humaine", avertit le jeune homme.
Reste alors à bien cerner ce qu'est le sol. D'après Emmanuel Bourguignon, "c'est un élément vivant qui possède encore une part d'inconnu. D'ailleurs, régulièrement, y compris en Bourgogne, nous découvrons de nouvelles espèces d'insectes et d'autres arthropodes, dont le rôle dans la vie du sol est encore ignoré". Effectivement, de nouvelles espèces qui fertilisent le sol en brassant la matière organique sont régulièrement découvertes. Pour le microbiologiste, pour maintenir un sol en bonne santé, il faudrait par exemple entre 2 et 4 tonnes de vers de terre par hectare.

Emmanuel Bourguignon contre la "révolution verte"

A en croire Emmanuel Bourguignon, le territoire côte-d'orien serait dans une situation favorisée car la mono-culture y est peu pratiquée. "En Beauce par exemple, pour maintenir les mêmes rendements dans la culture des céréales, les agriculteurs sont contraints de mettre toujours plus d'intrants. Cette situation résulte de l'appauvrissement des sols, dépourvus des substances organiques utiles élaborées par le microcosme biologique du sol".

Alors que le "bio" est à la mode et que les alternatives à l'agriculture intensive et productiviste se développent, Emmanuel Bourguignon se place sur cette lancée et n'hésite pas à remettre en question la "révolution verte" née de l'après-guerre, et qu'il n'a de cesse de critiquer. "Quand nous faisons le constat de la "révolution verte" sur l'état des sols depuis trente ans, elle se révèle être un échec, comme en atteste le problème majeur de l'érosion des sols". Au passage, le scientifique défend aussi l'utilité des haies. Celles-ci permettraient "de garder l'eau, de la canaliser et de la filtrer pour en capter les éléments minéraux, sans parler de leur rôle dans la protection de la biodiversité des espèces".

Des agriculteurs qui n'osent pas manger ce qu'ils produisent...
"J'ai plusieurs fois effectué des analyses de sols pour des agriculteurs qui affirmaient que pour rien au monde, ils ne donneraient à manger les légumes qu'ils produisent à leurs enfants !". Fort de ce constat global, le jeune homme plaide en faveur d'une agriculture vivrière car d'après lui, "contrairement à ce que vous pouvez entendre, cette agriculture est plus productive au m2 que l'agriculture intensive. Regardez les chiffres ! Elle est davantage génératrice d'emplois car il lui faut des bras, à l'inverse de l'agriculture intensive, fortement mécanisée".
Très souvent montrés du doigt, "les agriculteurs ne sont pas les seuls responsables de la situation", estime Emmanuel Bourguignon. "Pendant plusieurs années, on ne leur a montré que les avantages de l'emploi massif des produits phytosanitaires et pas leurs inconvénients. Il faudra donc faire évoluer les contenus des formations agricoles car les gens sont persuadés que sans produit, ça ne peut pas marcher".

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