
Sixième partie de nos rendez-vous pour les élections régionales des 14 et 21 mars prochain avec Édouard Ferrand et Claire Rocher. L'un est tête de liste du Front national, l'autre de Lutte ouvrière. Petit jeu de questions/réponses assez personnel pour cette deuxième partie de leur interview...
* Édouard Ferrand, tête de liste "Front national, les Français d'abord"
1 - Papiers s'il vous plaît !
- Date de naissance : 25 avril 1965
- Ville d'origine : Lyon
- Situation familiale : Marié, cinq enfants.
- Profession / Mandat : Conseiller financier / Conseiller régional depuis 1998.
- Passé politique : Conseiller municipal de Sens de 2000 à 2008.
- Identité numérique : "Facebook et Twitter ? Je trouve cela déplacé d'étaler sa vie privée. Alors pour préserver mon jardin secret et mes enfants, je n'en ai pas. En plus, je pense que c'est une nouvelle méthode de communication où l'on parle plus de soi que de ses idées politiques... J'ai quand même un blog depuis un an et demi mais même ça je crois que je l'arrêterai après les élections. D'ici là, je l'entretiens et j'ai 150 connections par jour !".
2 - Les "Qu'en pensez-vous?" et "Ça vous fait quoi?" de l'actualité...
La cause écolo, ça vous fait quoi ?
"La vie, c'est la question de fond du Front national, c'est notre premier domaine de réflexion. L'environnement est au cœur de cette réflexion mais il ne faut pas perdre de vue que la nature a été créée pour l'homme et non pas l'inverse. Alors qu'aujourd'hui, il y a l'idolâtrie du vert, c'est-à-dire que l'environnement est vu un petit peu comme la nouvelle divinité. Sauf que la nature est subordonnée à l'homme et l'homme est en haut de la pyramide. La création de la vie, l'enfant à naître, l'homme ou la femme en fin de vie, c'est vraiment ce que nous voulons défendre. La vie est un don que l'on doit respecter. La création, c'est les minéraux, les végétaux, les animaux et les humains : c'est ça le cosmos et l'idée, c'est de dire que l'homme est au sommet de tout ça.
Mais il doit faire fonctionner et respecter ce qui a été mis en place pour sa vie. De nos jours, on assiste à une dictature des Verts qui consiste à faire croire que l'homme est responsable. Moi, je défends d'abord la famille, cellule de base de la société. C'est une réflexion politique que je fais. Au Front National, on est vraiment concernés par la conservation des frontières, des identités et pourquoi pas, celle des races. Par définition, tout ce qui est conservation du patrimoine nous est cher. Donc si j'étais élu, en terme d'environnement, je combattrais la désertification rurale sous toutes ses formes. Et puis l'environnement, c'est aussi le respect des traditions. Je pense à la chasse et à la pêche, qui sont des structures permanentes de la société qu'il faut bien encadrer.
Georges Frêche, président sortant de la région Languedoc-Roussillon, avait parlé de la "tronche pas catholique" de Laurent Fabius, d’origine juive. Pour ces propos, il a été écarté de la tête de liste PS en vue des Régionales... Qu'en pensez-vous ?
Je pense que Georges Frêche est un homme libre et que le PS s'est rendu compte qu'il n'arrivait pas à tenir ses troupes : François Rebsamen a annoncé qu'il serait le 11 mars à Montpellier pour le soutenir.. Je pense que Georges Frêche est un homme aussi libre d'esprit que Jean-Marie Le Pen. Le Pen a aussi tenu des propos que certains ont condamnés. Moi je n'ai pas envie d'aller dans le politiquement correct ; j'aime que les gens puissent dire ce qu'ils veulent.
Le domaine culturel, ça vous fait penser à quoi ?
Je crois que le Fonds régional d'art contemporain (FRAC) est complètement dévoyé en soutenant des œuvres qui ne représentent en rien l'identité ni même la culture. Il faut recréer des salons régionaux et aider des artistes régionaux pour arriver à promouvoir la culture bourguignonne. Et puis il faut en finir avec tous ces artistes d'art contemporain qui, pour la plupart, font du fric avec l'art. C'est ce que j'appelle le fric-Frac !
Le Mouvement pour la Bourgogne Libre, mouvement indépendantiste plus ou moins anecdotique, qu'en pensez-vous ?
Notre emblème de campagne, c'est le blason de Bourgogne avec à gauche, la fleur de Lys et à droite, la flamme du Front national. On est extrêmement admiratifs de l'œuvre de nos quatre Ducs de Bourgogne. Quand vous allez dans la capitale culturelle de la Flandres par exemple, il y a encore toute l'histoire de la Bourgogne avec Charles Quint qui est écrite là-bas. Je suis un fidèle admirateur de la grande Bourgogne. Jean-Pierre Soisson, à l'époque, nous avait donné le grand armorial équestre de la Toison d'or. Mais tout ça reste du folklore aujourd'hui. Je considère que la Bourgogne est l'une des composantes de la maison France ; en aucune manière, je serais favorable à son autonomie. Seul un anti-européen peut être pour la Bourgogne libre.
3 - Portraits "Président de région" et "chino-bourguignon"
Si vous êtes élu président de région, quelle sera votre première action symbolique ?
La baisse des impôts pour redonner du pouvoir d'achat aux Bourguignons.
Si vous êtes élu président de région, quelle sera la qualité qui vous sera utile et le défaut que vous aurez à combattre ?
Pour le défaut, je suis quelqu'un d'impatient, d'assez impulsif. Je veux tout et tout de suite... Je serai donc peut-être trop rapide dans ce que je veux faire. Pour la qualité, ce serait d'ouvrir la région Bourgogne à toutes les composantes politiques.
Si vous étiez... une date historique bourguignonne ?
841 : la bataille de Fontenoy-en-Puisaye, à côté de Toucy. Les petits-fils de Charlemagne s'y sont affrontés pour récupérer l'héritage. Cette date marque la victoire de Charles le Chauve, qui s'appelait ainsi non pas parce qu'il n'avait pas de cheveux, mais parce qu'il s'était rasé en signe d'obéissance à l'Église. Cette date est la naissance géographique de la France car c'est à partir de là que se sont créées ses frontières géographiques. Les historiens connaissent cette date mais n'en parlent jamais... J'ai emmené Jean-Marie Le Pen sur place.
Si vous étiez... une personnalité Bourguignonne ?
Sébastien Le Pestre de Vauban, maréchal de France et grand fortificateur né à Bazoches dans la Nièvre : il est celui qui a créé 300 citadelles autour de la France et comme nous, nous sommes absolument contre l'ouverture des frontières, qu'elles soient physiques ou économiques... C'était un homme d'une grande générosité ; il a écrit en 1678 "La Dime royale", parce qu'au cours de ces 300 édifications de forteresses, il a vu la misère du peuple et donc il a voulu la crier à travers son livre. Il était à la fois l'homme de la puissance et l'homme des faibles ; c'est une figure remarquable parce qu'il a été un grand royaliste mais en même temps un grand pauvre."
* Claire Rocher, tête de liste Lutte Ouvrière
1 - Papiers s'il vous plaît !
- Date de naissance : 27 septembre 1978
- Ville d'origine : Dijon
- Situation familiale : Célibataire
- Profession / Mandat : Infirmière au Bocage
- Passé politique : Engagée à Lutte ouvrière depuis 2003 ; porte-parole régional du parti depuis 2006, tête de listes aux élections européennes de 2009 et co-listière aux dernières cantonales, municipales et régionales.
- Identité numérique : "Je n'ai ni de Facebook ni de Twitter car ce n'est franchement pas ma tasse de thé... Mais j'ai un mail !".
2 - Les "Qu'en pensez-vous?" et "Ça vous fait quoi?" de l'actualité...
En tant qu'infirmière, que pensez-vous de l'Ordre des infirmiers tant décrié par la profession ?
"Je n'y suis pas inscrite car payer pour travailler, merci bien (l'adhésion est de 75 euros) ! On n'a pas besoin d'une hiérarchie de plus. Et puis nous sommes salariés dans l'immense majorité donc nous avons déjà les syndicats pour nous défendre. La direction de l'hôpital a beau faire pression pour que l'on s'y inscrive, la plupart de mes collègues n'ont pas renvoyé le dossier d'inscription ; d'autres si mais sans envoyer le chèque d'adhésion...
La polémique sur la co-listière voilée du NPA aux régionales, qu'en pensez-vous ?
Tout d'abord, je tiens à dire que je suis contre le voile. C'est un symbole de l'oppression des femmes, c'est une prison ambulante. Récemment, je lisais un article sur une Afghane qui se bat pour les droits des femmes et qui disait que c'était un suaire pour les vivantes. Présenter une femme voilée sur nos listes, c'est une chose que l'on n'aurait jamais fait et que l'on ne fera jamais. En plus, je ne sais pas si c'est un bon calcul car je pense qu'ils vont avoir pas mal de femmes contre eux... Je n'ai rien contre les femmes qui portent le voile mais la présenter sur une liste en tant que féministe et pour le progrès social, ce n'est pas compatible.
Se battre pour des idées qui sont aujourd'hui
3 - Portraits "Présidente de région" et "chino-bourguignonne"
Si vous êtes élue présidente de région, quelle sera votre première action symbolique ?
Aucune idée... Rien ! Ah si, je supprimerai le secret des affaires commerciales et financières de la région.
Si vous êtes élue présidente de région, quelle sera la qualité qui vous sera utile et le défaut que vous aurez à combattre ?
Franchement je ne sais pas, ma personne n'a pas une grande importance. Je défends un programme, un camp, je défends les miens alors si j'étais élue, je serais les yeux et les oreilles de la classe ouvrière. Ce serait peut-être ça ma qualité... Après, j'aurais les mêmes défauts que tous les autres : un conseiller régional, quel qu'il soit, ne peut pas grand-chose pour la situation. Je ne pourrais pas faire mieux que les présidents de région socialistes qui n'ont pas pu empêcher le moindre licenciement...
Si vous étiez... une usine en Bourgogne ?
Les intérêts des patrons et ceux des travailleurs sont incompatibles : c'est eux ou nous. Je veux bien m'identifier aux travailleurs de n'importe quelle usine... Maintenant, une usine en particulier, si vous me mettez le patron avec, je ne peux plus m'identifier ! Donc ma réponse, c'est aucune ou alors toutes parce que je m'identifie à tous les travailleurs de toutes les usines de la région.
Si vous étiez... une personnalité Bourguignonne ?
Louise Michel, elle est du coin**? Ça demande vérification... C'est une révolutionnaire de la Commune de Paris qui s'est battue aux côtés des opprimés."
* Têtes-à-têtes : La Rédaction entre dans le cœur des Régionales et organise un face-à-face entre chaque tête de liste régionale et deux journalistes de dijOnscOpe. Objectif ? Les confronter aux questions directes du journal sur les thèmes d’actualité et surtout, aux exemples concrets impliquant l’action du Conseil Régional.
** Après vérification, Louise Michel est originaire de Haute-Marne.
