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Dijon / Bourgogne

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Billet de blog 6 août 2010

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Soldes: les dates «flottantes» au cœur du débat

Le bilan des soldes d'été, qui se sont déroulées du 30 juin au 03 août 2010, est plus que mitigé, tant au niveau national qu'à Dijon. Si certains commerçants affirment avoir tiré leur épingle du jeu, la plupart les jugent "décevants" ou encore "moyens".

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Le bilan des soldes d'été, qui se sont déroulées du 30 juin au 03 août 2010, est plus que mitigé, tant au niveau national qu'à Dijon. Si certains commerçants affirment avoir tiré leur épingle du jeu, la plupart les jugent "décevants" ou encore "moyens". En cause, les restrictions de portefeuille que subiraient les ménages depuis le début de la crise économique en 2008, mais également une durée de rabais trop importante, renforcée par la possibilité pour les commerçants depuis 2009 d'appliquer une période de soldes "flottants". Réactions de commerçants dijonnais et de Pierre Guille, président régional de l'association de consommateurs UFC-Que choisir...

Un bilan mitigé au niveau national


Le lundi 02 août 2010, la Fédération des enseignes du commerce associé (FCA), publiait les résultats d'une étude menée auprès de tous ses adhérents, des groupements coopératifs tels qu'Intersport ou Système U. Dans cette étude, 62,5% des commerçants se disaient "moyennement satisfaits de ces derniers soldes" et 37,5% des répondants indiquaient avoir enregistré une baisse de 5% en moyenne de leur chiffre d'affaires par rapport à juillet 2009.


Révélateur, l'exposé des causes de cette période en demi-teinte soulève en premier lieu la question des soldes flottants qui, pour 75% des sondés, expliquent les baisses enregistrées par rapport à 2009. 50% des commerçants interrogés pointent également du doigt la concurrence des achats par internet. Toutefois, le secteur de l'habillement semble moins touché par ce dernier aspect, valable surtout en ce qui concerne les biens d'équipement.


Enfin, la moitié des répondants ont constaté une hausse plutôt modeste - entre 2 et 7 %, de leur chiffre d’affaires par rapport aux soldes de l’année 2009. Pour cette catégorie de commerçants, la petite augmentation peut s'expliquer par le gel des dépenses des Français pendant l'année, ayant comme conséquence directe une hausse de fréquentation dans les points de vente durant les périodes de rabais. La conjoncture particulièrement mauvaise de l’année 2009 concourt également à cette évolution.


Pas de folies à Dijon


Dans la capitale des Ducs de Bourgogne, aucun commerçant ne semble s'extasier au sujet du résultat des derniers soldes. Tout au plus, Isabelle Laraque, gérante du magasin Terre de Lune et présidente de l'union commerciale du centre Dauphine, estime que le mois de juillet s'est "bien passé". Jean-Baptiste Blondelet, patron de l'enseigne de décoration Villa Médicis, rue Charrue, résume la période en un mot : "décevante". "Depuis plusieurs mois, les magasins liés à l'équipement de la maison souffrent. Les gens n'ont plus de budget pour ce genre de dépenses et d'ailleurs, le métier est peu propice aux soldes en général", explique-t-il.


Pour l'association de commerçants Dijon Je T'aime, le mois de soldes a "plutôt porté ses fruits, notamment en raison de la ligne droite de la première semaine pendant laquelle les acheteurs se sont comme "rattrapés" de ce qu'ils n'ont pu acheter dans l'année".


Sans langue de bois, le chausseur Danny Bloc, dont la famille possède une boutique rue Musette depuis 210 ans, indique que les soldes se sont passés "moyennement". "D'une manière plus générale, j'estime que ces périodes de rabais sont un reflet de la médiocrité du commerçant : si on sait vendre, pas besoin de soldes pour écouler son stock!", relève-t-il.

Les soldes flottants déplaisent aux commerçants


Si pour Isabelle Laraque le mois de juillet semble s'être bien déroulé, elle n'en estime pas moins que "les soldes flottants concourent à perdre les consommateurs, qui ont plus de mal à situer les périodes de rabais". Et de préciser : "En règle générale, les commerçants du centre Dauphine, que je représente, penchent pour leur suppression pure et simple".


Instaurés en juillet 2008 par la loi de modernisation de l'économie, les soldes flottants permettent effectivement aux commerçants qui souhaitent écouler leurs stocks de bénéficier de deux semaines supplémentaires de promotions pendant l'année, en plus des dix semaines annuelles alors déjà inscrites dans la loi. "Une initiative que les consommateurs n'avaient pas demandé", note Pierre Guille, président régional de l'association UFC-Que choisir.


Selon lui, "les dix semaines de soldes que nous connaissions auparavant étaient déjà trop longues si l'on considère que le consommateur ne peut réaliser de vraies bonnes affaires que pendant la première semaine de rabais - notamment en raison d'un resserrement du choix dans les tailles par la suite". Et de s'interroger sur le bénéfice réel que les commerçants pourraient tirer d'un tel dispositif : "Certains magasins ont choisi d'allonger d'une semaine le mois de soldes qui vient de s'écouler. A quoi bon ? Le portefeuille des ménages n'est pas extensible et les esprits sont aujourd'hui aux départs en vacances ou aux premiers achats pour la rentrée scolaire : je vois difficilement comment les ménages auraient encore l'esprit aux bonnes affaires pour l'été!".


Pour le chausseur Danny Bloc également, ces deux semaines "flottantes" sont "aberrantes, surtout si l'on juge, comme moi, que la période des soldes est déjà bien trop longue!".


A ce sujet, le secrétaire d'État au Commerce Hervé Novelli a annoncé qu'il allait réunir une commission d'experts avant le 15 septembre 2010 pour faire le point sur la question (Lire LeFigaro.fr ici).

D'autres dysfonctionnements?


Outre les soldes flottants, Danny Bloc pointe d'autres obstacles au bon déroulement des rabais d'été. "Dans le passé, les soldes se situaient en toute logique à la fin de la période estivale, pas au début! C'est à ce moment de l'année que l'on pouvait réaliser de bonnes affaires sur les produits restants... Mais la démarche manque aujourd'hui de lisibilité puisque les articles soldés ne sont pas ceux de la saison qui s'achève."


Et d'ajouter : "Une autre imbécilité est de commencer les promotions le mercredi. En effet, alors que je présidais la fédération nationale de notre profession, j'ai milité pour que les soldes débutent le mardi afin de pouvoir fermer et installer le magasin la veille. Aujourd'hui, tout le début de la semaine est infructueux commercialement puisque les clients attendent quelques jours la période des rabais..."


D'une manière générale, commerçants et association de consommateurs jugent les soldes négativement alors que la loi de modernisation de l'économie est censée les aider depuis 2008...

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