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Dijon / Bourgogne

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Billet de blog 6 novembre 2009

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F. Patriat : "aller au-delà des débats sur les identités nationales"

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Jeudi 5 novembre 2009 était organisé à Dijon un colloque international sur la politique méditerranéenne de l'Union Européenne. Loin de la géographie habituelle de l'"axe franco-allemand", c'est vers le sud que s'est tournée toute l'attention. Un sujet "un peu élitiste" selon le Sénateur et Président du Conseil Régional de Bourgogne François Patriat, mais qui a suscité la passion de toute l'assemblée, constituée à la fois de diplomates, d'associatifs et d'étudiants. Au programme notamment, les questions d'environnement, d'immigration, ainsi que l' "idée méditerranéenne", qualifiée de "nouveau défi" pour l'Europe...

L'"idée méditerranéenne"


La position essentielle de la Méditerranée, centre névralgique d'échanges culturels, économiques, politiques et humains, est un constat partagé ici par tous. Agnès Michelot, professeur de Droit public à l'Université de Bourgogne, précise que "la Méditerranée est un lien entre orient et occident". François Patriat, pour sa part, insiste sur les nouveaux rapports que l'Europe doit lier avec ses voisins méditerranéens : "L'Europe est notre avenir mais elle ne peut pas se limiter à des questions de quotas laitiers et doit s'ouvrir davantage, notamment vers le sud". Selon lui, les partenariats et échanges devraient être plus équitables et favoriser un développement partagé : "Les pays du Maghreb nous font remarquer que s'ils sont prêts à nous acheter des téléphones ou des trains, eux aussi ont des choses à nous vendre". Selon lui, "face aux nouveaux enjeux, est-ce que le débat sur l'identité nationale n'est pas déjà dépassé?" Un constat partagé par Sandra, étudiante à l'Université de Bourgogne : "On a mis un demi siècle à prendre conscience de l'idée européenne mais j'espère que l'on mettra moins de temps à étendre ses frontières dans notre esprit". Antoine, étudiant à l'Université de Franche-Comté, ajoute : "L'Europe doit enfin prendre sa vraie place sur les rives de la Méditerranée".

"L'Europe doit s'affranchir de son hypertrophie économique"


Philippe Billet, professeur de Droit public à l'Université de Bourgogne, cite le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR), qui rappelle que "s'il existe nombre d'accords pour la circulation des capitaux et des marchandises, rien de tel n'a été prévu pour garantir la liberté des civils contraints à l'exil". Par ailleurs, malgré son importante façade maritime, l'Europe s'est "longtemps détournée de la mer et des questions écologiques". Ainsi, selon plusieurs intervenants, les problématiques humanitaires et environnementales constituent la nouvelle étape pour une Europe que l'on qualifie encore trop souvent de "communauté économique". Par ailleurs, Samuel Bon, de l'Université de Bourgogne, met en garde contre certaines initiatives individuelles d'États européens. Il revient sur le "signal lancé par la France et l'Italie" (déclaration commune appelant à un renforcement des contrôles aux frontières extérieures de l'Union, ainsi que des opérations d'interception de migrants en Méditerranée), estimant que "MM. Sarkozy et Berlusconi tentent de fragiliser le droit d'asile et encouragent au non-respect de la Convention de Genève", traité pourtant fondamental dans le domaine du droit international humanitaire.

Externaliser la protection des frontières


Autre aspect méconnu de la politique européenne en matière d'immigration : "Les pays du Maghreb sont devenus les sous-traitants de l'Europe en matière migratoire" ainsi l'Union Européenne "manie la carotte et le bâton" en proposant une aide technique et financière à ses partenaires tout en soumettant cette coopération à une évaluation des rapports. Ainsi il convient d'inciter l'Etat partenaire à être "efficace" en matière de lutte contre l'immigration clandestine. Par exemple, "l'Algérie a fait évoluer son Droit, criminalisant d'abord l'immigration clandestine en direction de son territoire, avant de faire de même, en février 2009, pour les Algériens souhaitant aller en Europe". Les accords communautaires de réadmissions se multiplient également, conduisant les pays signataires à "réadmettre" sur leur territoire des ressortissants pris dans l'illégalité à l'étranger.

Les réfugiés écologiques


Selon Agnès Michelot, même s'il s'agit de "science-fiction juridique", il est urgent que la question des réfugiés écologiques s'impose à l'Union Européenne, qu'ils soient victimes de catastrophes technologiques, d'un changement d'écosystème, de la désertification ou de la montée des eaux. Et de rappeler que "selon l'ONU, on comptera, d'ici à 2050, 25 millions de réfugiés climatiques ; 250 millions selon l’Organisation Internationale des Migrations (OMI). Enfin, la Croix Rouge redoute que 500 millions de personnes soient victimes de déplacements liés à des problèmes environnementaux". Selon Agnès Michelot, les pays les plus riches, dont ceux de l'Union Européenne, doivent s'engager et "proposer un modèle de société durable, notamment à ses partenaires européens et méditerranéens"...

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