
Le micro-crédit et l'Église... A priori, ces deux-là n'étaient pas faits pour se rencontrer. Et pourtant ! Quand les deux s'assemblent, ils donnent naissance à Rita* ou comment "Retrouver l'initiative, le travail et l'autonomie". A l'origine de ce fonds de dotation ? L'archevêque de Dijon, soutenu par un groupe de chrétiens inquiets des injustices sociales et des conséquences de la crise économique. dijOnscOpe s'est donc rendu à la "vitrine des chrétiens de Côte-d'Or" : Cath'Echo, à Dijon, pour en savoir plus...
L'Entreprise de l'Eglise
A l'origine du fonds, des chrétiens issus du monde de l'entreprise : Marylène Graffin en est la Présidente à titre bénévole ; elle est aussi secrétaire générale de Procivis Bourgogne Nord (Crédit immobilier de France). Elle réunit donc toutes les compétences nécessaires à la mise en place d'un tel projet. Deux pistes principales sont à développer : d'abord trouver des donateurs. Pour cela, les chefs d'entreprises de la région vont être contactés par le biais des syndicats ou des associations professionelles locales. "Il s'agit de retrouver un cercle vertueux économique", précise Marylène Graffin.
La seconde piste : les bénéficiaires. Le Secours catholique et les Restaurants du coeur notamment seront des interlocuteurs. L'Association pour le droit à l'initiative économique (ADIE) et le Club d'investisseurs pour une gestion alternative et locale de l'épargne solidaire (Cigales) sont deux organismes de micro-crédit aux actions similaires, auprès desquels Rita viendra se greffer en offre de complément. "Il n'y a absolument pas de concurrence avec les autres. C'est clairement un service complémentaire. Tellement de personnes en ont besoin, rappelle la Présidente. On ne prêtera pas à tout le monde. Nous devons aussi protéger les personnes contre les mauvaises idées".
Dans cette optique, une commission se réunira régulièrement pour étudier les dossiers. Chacun sera reçu pour exposer son projet et ses motivations. Ensuite, cette personne aura un tuteur affilié, lui-même chef d'entreprise, qui le guidera dans les premiers mois ou les premières années de la mise en place effective du projet. "Dans les cinq ans qui suivent la création d'une entreprise, une sur deux disparaît. Ici, c'est un moyen de pérenniser son projet".
Un micro-crédit jusqu'à 5.000 euros
C'est une première dans la sphère du micro-crédit : Rita propose un prêt à taux zéro, c'est-à-dire sans intérêts et sans frais de gestion. Cette offre sera établie en fonction d'un tableau d'amortissement respectant la législation en vigueur. Le prêt maximum est de 5.000 euros et concerne uniquement les personnes exclues du système. "Le micro-crédit est un moyen de remettre l'homme debout. Ce n'est pas un micro-crédit à la consommation" mais une technique adaptée à des projets de petite taille. Un accompagnement social et un suivi personnalisé seront proposés à ces futurs auto-entrepreneurs. "Ce tutorat est une garantie de réussite", soutient la Présidente.
Le projet Rita est l'initiative du diocèse de Dijon mais ne connaît pas de limites géographiques. Inscrit depuis le 19 mars 2010 au registre de la Préfecture de Côte-d'Or, il est duplicable partout en France. Il va d'ailleurs faire l'objet d'un suivi très précis de la part de l'école supérieure de commerce de Dijon (ESC), qui voit dans ce dispositif un vrai laboratoire. Pour l'instant, l'objectif principal est de réunir des donateurs. Rendez-vous dans six mois pour un premier bilan sur les évolutions du projet...
Du religieux à la société civile
Comme le souligne Monseigneur Minnerath, Archevêque de Dijon, "dans le contexte de crise qui est le nôtre, les précarités se multiplient. Comment mieux exercer ce désir de servir qu'en apportant une aide à ceux qui luttent pour s'en sortir ? Non en se substituant à eux, mais en leur permettant de se remettre debout, de retrouver dignité et autonomie par le travail. Pour cela, nous avons lancé l'initiative d'une fondation qui recueillerait des fonds et qui consentirait des prêts à des auto-entrepreneurs."
Selon l'archevêque : "Rita n'est en rien un projet prosélyte visant à adhérer à la pratique du culte chrétien. Il s'agit d'établir une passerelle avec la vie civile via ce versant non-confessionnel, avec une action alliant le social et la solidarité". Et d'ajouter : "La crise a été un fort élément pour préciser le projet. C'est un engagement au service de la société et des nécessiteux les plus pauvres". Idéologiquement parlant, l'archevêque de Dijon entend défendre et fonder le "vivre-ensemble", la doctrine sociale de l'Eglise : "L'initiative du fonds de dotation Rita se veut une application pratique de l'enseignement de l'Eglise sur les questions sociales, tel que l'a rappelé récemment le pape Benoît XVI dans son encyclique L'Amour dans la vérité".
Enfin, notons que le micro-crédit est une création de Muhammad Yunus, un économiste bangladais connu pour avoir fondé la première institution de microcrédit, la Grameen Bank, ce qui lui valut le prix Nobel de la paix en 2006 : "Le crédit solidaire accordé à ceux qui n'ont jamais pu emprunter révèle l'immense potentiel inexploité que tout être humain porte en lui. Il rend créatif, non pas en contraignant à l'adoption de nouvelles méthodes ou de nouvelles croyances, mais en donnant la possibilité de réaliser ses propres rêves." (Vers un monde sans pauvreté, Muhammad Yunus)
* Rita est une référence à Sainte Rita de Cascia, sainte patronne des causes perdues et des cas désespérés...
Infos pratiques :
Si vous souhaitez faire un don, obtenir plus de renseignements ou si vous êtes porteur d'un projet, contactez la fondation Rita :
03 80 43 25 60
contact@fondation-rita.org
www.fondation-rita.org
