Y a t-il une identité "infra-nationale" ? Le Préfet de Corse a préféré, lors de l'ouverture du débat sur l'identité nationale, poser une problématique spécifique à l'Île de Beauté, celle de l'"identité nationale en Corse". La Bourgogne, moins connue pour ses velléités indépendantistes, présente néanmoins quelques spécificités et caractères propres. François Sauvadet, candidat à la présidence de la région, a lui-même placé l'identité bourguignonne parmi ses thèmes de campagne. Alors, quels seraient les symboles de cette identité régionale ? Plusieurs responsables politiques régionaux nous répondent...
François Deseille, 9ème vice président du Grand Dijon, adjoint MoDem au maire de Dijon : "Je n'aime pas ce terme d'identité bourguignonne et préfère parler de richesse ou de patrimoine. Ayant vécu 21 ans dans le Nord puis 20 ans en Bourgogne, j'ai pu constater les spécificités de la région : la première chose qui m'a sauté aux yeux, c'est le patrimoine, les maisons et châteaux que l'on ne voit pas dans le Nord. C'est également la vigne, les vins de qualité, la gastronomie et plus généralement, une certaine vision épicurienne : l'art de vivre, profiter de la vie et des bonnes choses. Le premier événement marquant auquel j'ai assisté en Bourgogne est la Saint Vincent tournante à Vosneée, en janvier 1992".
Claude Pinon, conseiller régional PCF : "Oui, il y a une identité bourguignonne mais elle n'est pas extrêmement marquée comme en Auvergne ou en Bretagne. La Bourgogne administrative a été rassemblée de façon un peu artificielle. Pour moi, les symboles de la Bourgogne sont la diversité des paysages, la tradition culinaire et viticole, et l'accent bourguignon qui fait le lien entre le monde agricole et la culture ouvrière. Je me souviens de mes premières visites à Montbard et Sainte Colombe sur Seine : les métallos avaient cet accent typique de la région et roulaient les "r". Ce double terroir, fait de cultivateurs et d'ouvriers, est encore plus marqué en Saône et Loire et dans la Nièvre".
François-Xavier Dugourd, conseiller général UMP, conseiller municipal Initiatives Dijon : "Oui, il y a une véritable identité bourguignonne, grâce à notre riche histoire, notre gastronomie, nos paysages et un certain nombre d'infrastructures. Cette identité se construit progressivement, mais je regrette qu'elle ne soit pas toujours accrochée à des éléments contemporains, ce qui favoriserait une meilleure adhésion des jeunes. Ce qui me frappe, c'est que la Bourgogne est connue dans une grande partie de l'Europe, comme par exemple en Flandre. Dans le film "La Folie des grandeurs", Louis De Funès porte le collier de la Toison d'Or autour du cou ! Enfin, les bourguignons ont parfois des caractéristiques communes : ce sont des gens solides, sérieux, conviviaux sans être exubérants. Des chefs d'entreprises dirigeant plusieurs sites en France reconnaissent que les Bourguignons sont sérieux, que l'on peut compter sur eux"...
Laurent Grandguillaume, conseiller général PS, 10ème vice président du Grand Dijon et adjoint au maire de Dijon : "Oui, il y a bien une identité bourguignonne à travers l’histoire commune, notamment ouvrière, mais aussi les spécificités gastronomiques : vin, kir, etc. Certaines personnalités incarnent également cette identité tel Jean Bouhey, de par son engagement politique et humaniste".
Edouard Ferrand, conseiller régional Front National : "Si la France est la terre patrie, la Bourgogne est la province qui l'anime. Je me définis comme un esprit français dans un cœur bourguignon. La Bourgogne n'est pas une fabrication artificielle contrairement à la région Centre par exemple. Elle s'est forgée au fil des siècles, c'est une terre chargée d'histoire, où l'on trouve le plus de monuments historiques. Grâce au vin, la Bourgogne a gagné sa renommée internationale. L'identité bourguignonne a été magnifiquement louée par Henri Vincenot, notre Pagnol bourguignon. Cette identité appartient à tout le monde ; il y a ceux qui veulent l'utiliser et aussi ceux qui voudraient s'en défaire parce qu'ils sont européistes et mondialistes".
Catherine Vandriesse, conseillère municipale UMP Initiatives Dijon : "Je ne pense pas que l'on puisse parler d'identité bourguignonne : il y a une identité nationale faite de valeurs républicaines mais au niveau régional, on devrait plus parler de culture ou de richesse. On ne va pas ajouter au palier national un nouveau nouvel échelon régional, à moins de vouloir rendre impossible l'intégration d'immigrés de 2ème ou 3ème génération ! Pour moi, les symboles de la région sont le patrimoine architectural et la gastronomie autour du vin. On peut parfois ressentir la présence de la Bourgogne en étant loin d'ici : quand on arrive à Bruges, en Belgique, tous les commerces s'appellent "Charles le Téméraire" !
Isabelle De Almeida, conseillère régionale PCF : "Pour moi, il n'y a pas d'identité bourguignonne à faire valoir ; cette terminologie d'identité me pose problème en tant que communiste. L'ensemble des territoires doivent coopérer ensemble mais pas être en concurrence ; la Bourgogne, comme les autres régions, essaie de vivre et de faire vivre ses habitants. L'essentiel et de développer de nouveaux droits pour les salariés et les citoyens, pas seulement au niveau régional, mais à l'échelle de la France, de l'Europe et du monde".
Danièle Juban, suppléante UMP du député Bernard Depierre, en charge de la communication de l'UMP 21 : "La Bourgogne a une forte identité par son terroir, sa culture et son histoire. Mais la Bourgogne, c'est aussi "le" Bourgogne : le vin. C'est également la qualité de vie dans son ensemble : santé, nutrition, recherche agronomique, agroalimentaire, industrie pharmaceutique... A mon sens, l'idée d'une grande réunion Bourgogne + Franche-Comté serait un bien : nous avons beaucoup de choses en commun avec la Franche-Comté et il serait intéressant de regrouper nos forces, mutualiser pour économiser. Nos régions françaises ne sont pas assez grandes à côté des länder allemands".