
Septième partie de nos rendez-vous pour les élections régionales des 14 et 21 mars prochain avec François Patriat et François Sauvadet. L'un est tête de liste de "La Bourgogne pour tous" (PS et divers gauche), l'autre de "La Bourgogne dynamique" (UMP et Nouveau Centre). Petit jeu des questions/réponses...
* François Patriat, tête de liste de La Bourgogne pour tous (PS/PRG/PC)
Alors, après six ans de mandature, François Patriat, êtes-vous un président heureux ?
"Pour juger, je vous invite à regarder L'Expansion d'aujourd'hui [ndlr : Le numéro du magazine l'Expansion sorti le mercredi 24 février 2010], qui considère que la Bourgogne est la région la mieux gérée de France... J'étais au courant depuis quelques jours mais je ne voudrais pas revenir là-dessus. J'étais ce matin avec les "Business Angels", 85 personnes qui croient en l'innovation. En 2004, il n'y avait pas OSEO, pas Prémices, l'incubateur européen avec ses 50 projets d'avenir...
Le bilan de ce mandat, c'est donc d'abord l'ensemble des engagements tenus : nous voulions une Bourgogne innovante, entreprenante et solidaire. Nous avons défendu le point d'achat, la gratuité des livres, la bourse pour les apprentis pour en faire une région solidaire. Notre schéma régional de développement de l'économie de l'entreprenariat avec son espace dédié collaboratif en font une région entreprenante. Nous sommes placés dans les trois premiers pour les énergies renouvelables et pour les bâtiments basses énergies.
Et enfin, pour l'innovation, nous avons mis en réseau toutes les structures de l'innovation qui vont se retrouver demain sur l'espace régional de l'innovation à côté du CHU. Voilà en quelques exemples la preuve que la Bourgogne, qui est une petite région (1,6 millions d'habitants) et qui a connu des coups industriels terribles (Kodak, Dim, Amora, Hoover, Thomson), peut ressortir sur le plan national et aller de l'avant.
Mercredi 24 février 2010 est donc tombé le classement de L'Expansion : la Bourgogne passe de la 18ème à la 1ère place en matière de gestion. Un adversaire, François Sauvadet pour ne pas le citer, dénonce une gestion "pépère de la région". Qu'en dites-vous ?
C'est assez simple, je demande à l'arbitre de donner son jugement. Dans ce cas, l'arbitre c'est L'Expansion. Nous avons d'autres classements, comme celui de Capital, qui nous était moins favorable. Mais ce classement, était basé sur des critères qui n'incombaient pas forcément à la région : le taux d'azote dans la terre, les incinérations, et les parcs nationaux... Dans le cas présent, il s'agit de la gestion financière. Nous avons beaucoup été attaqué sur les dépenses, sur l'investissement, sur l'emprunt, sur les impôts et finalement, on finit premier. De mauvais élèves, on devient premiers. Je prends ce classement pour ce qu'il est et je pense que les Bourguignons ne s'y tromperont pas.
Par exemple, vous avez en face de vous un président qui n'a jamais voyagé : je ne me déplace pas mais j'invite le monde entier à ma table, à la table de la Bourgogne. Alors, je le demande : a-t-on trop dépensé dans le domaine de la santé ? Des lycées ? Des trains ? De l'environnement ? Si l'on n'a pas trop dépensé, peut-être a-t-on trop imposé ? Et là, la meilleure analyse est encore celle de L'Expansion : nous partions de très loin, la région s'était auto-affaiblie. Je peux ainsi dire que par la faute de nos prédécesseurs, la région perd 40 millions d'euros par an de recettes.
Dans votre programme, une éco compétence apparait comme transversale. Philippe Hervieu, tête de liste Europe Écologie Bourgogne, nous déclarait que le parti socialiste rejoindrait les Verts avec, comme d'habitude, cinq ou dix années de retard. Cette mandature sera-t-elle celle de la consensualité écologique ?
Moi je pense qu'avec Les Verts, nous avons un bilan qu'ils ne contestent pas. D'ailleurs, ils s'approprient les côtés positifs et rejettent ce qui leur convient moins. Nous avons multiplié par six le budget de l'environnement et par dix celui des énergies renouvelables. Trouvez-moi une autre région qui représente à elle seule 40 % des appels à projets basse énergie, qui compte sur son territoire 18 bâtiments énergie positive, 111 bâtiments énergie passive, 142 en basse énergie. Nous sommes les premiers.
Nous n'avons pas attendu le Grenelle de l'environnement pour mettre en place le prêt à taux 0 pour l'isolation des logements. Dans le domaine du solaire, nous avons développé plusieurs milliers de projets photovoltaïques pour les particuliers. J'ajouterais seulement que nous sommes la deuxième région en terme de chaufferie bois, troisième pour le solaire. Nous avons aujourd'hui la volonté de créer des emplois vert, c'est-à-dire de créer des "clusters", des groupements d'entreprises autour des énergies renouvelables. Je n'ai pas attendu 20 ans pour avoir une région durable et non pas jetable.
Aujourd'hui, concrètement, allez-vous revoir votre engagement sur le dossier du Pôle Nucléaire Bourgogne par exemple ?
Nous avons eu avec les Verts des débats, des affrontements, des divergences parfois lourdes. Ce fut vrai avec Magny-Cours, c'est encore vrai avec le pôle nucléaire, qu'ils n'ont pas réellement remis en cause car seule sa finalité les dérange. Mais, où la région intervient-elle ? Sur la formation, sur les métiers de la métallurgie lourde, de la chaudronnerie lourde. Lors de la dernière session du Conseil régional, nous avons encore apporté notre soutien à des entreprises qui travaillent pour Areva à Chalon, à Mâcon. Les Verts se sont abstenus ; on en prend acte mais je continuerai à soutenir l'industrie en Bourgogne.
Que ce soit chez Valinox à Montbard ou bien Areva au Creusot, nous continuerons d'apporter notre soutien. Aujourd'hui, les experts climatiques affirment que tant qu'on ne sait pas comment stocker le carbone, il faut avoir de la ressource d'électricité sûre et non polluante. Cette ressource peut par exemple passer par l'éolien. Aujourd'hui, je ne comprends pas que l'on puisse retoquer des parcs éoliens. La Côte-d'Or donne l'exemple avec 26 éoliennes à Saint-Seine L'Abbaye, 6 éoliennes à Pouilly-en-Auxois et il en faudrait 400 dans le département.
L'économie comme principal domaine d'intervention donc. Mais là aussi, une économie "verte" ?
Il faudra développer toutes les filières qui touchent au bois, à la biomasse (à partir du bois mais aussi du lisier, des déchets verts), au solaire ou à l'éolien. Pour tout ce qui est formation, nous serons toujours présents. Pour ce qui est des aides économiques, quand la filière sera rentable,, nous prendrons de la distance. Ce n'est pas notre but d'accompagner indéfiniment par exemple du photovoltaïque alors qu'aujourd'hui le pli est pris. Nous avons formé et l'on forme encore aujourd'hui les prescripteurs à l'éco-environnement grâce au pôle bâtiment de demain.
Aujourd'hui, c'est un scoop, vous êtes les premiers à savoir : la Bourgogne investit 1,8 millions d'euros pour que des entreprises puissent s'installer à Dijon. Cet effort est indispensable mais les crédits ne sont pas extensibles. 1,8 millions pour Teletech, 5 millions pour reprendre Fulmen à Auxerre, 3 millions pour sauver Ceric à Nolay ... J'ai bouffé 20 % de mon budget en une semaine, sans que l'Etat ne mette la main à la poche ! Notre poids sur l'économie est plutôt sur les conditions d'accueil de l'entreprise, sur les coûts de participation dans les entreprises très innovante
Jeudi 25 février 2010, vous vous déplacez à l'université. L'occasion de présenter le pass contraception, qui a fait polémique en Poitou-Charentes notamment, mais aussi le pack étudiant. Que comprend ce pack ?
Dans notre programme, le pack Avenir jeune consiste à regrouper ce que l'on faisait avant pour que l'offre soit plus lisible. Il sera attribué en fonction des ressources. Aujourd'hui, les étudiants ont déjà besoin d'une université. Je veux pour la Bourgogne un pôle d'études et d'apprentissage qui soit exemplaire et qui puisse montrer aux jeunes que leur avenir est ici. Ensuite, ils ont besoin de se déplacer, avec une carte pour le train, une aide pour le permis de conduire. Viennent ensuite les questions du logement ou encore de la santé, où l'on aidera les jeunes à se payer une mutuelle.
Autre point de votre programme : un abonnement domicile-travail inférieur à 1€ par trajet. Cette mesure pourra être déclinée sur l'ensemble du territoire, qui connait par ailleurs des disparités au niveau du développement du réseau de transport.
Le 1€, non. On a mis en place des tarifs de façon à ce que les gens puissent aller travailler à Paris avec un tarif à 50 ou 25 %. On va essayer de faire un tarif à moins de 2€, 1€ quand cela est possible pour les gens qui ne travaillent pas à 100 km. La convention avec la SNCF est passée de 104 millions à 150 millions d'euros. À partir d'un moment, on ne peut pas faire plus. L'idée, c'est d'arriver à 1€ par jour pour ceux qui sont à moins de 25 km ; à 2€ par jour pour les autres. Mais ceci ne sera pas intégralement pris en compte par la région car nous y intégrerons la part patronale transport.
Quant à la question du grand canal, j'ai tout d'abord cru qu'il s'agissait du canal Saône-Moselle, le maillon manquant qui n'est pas totalement inintelligent. Il ne verra pas le jour avant 2035... Ensuite vient le canal Rhin-Rhône qui est une hérésie écologique, une bêtise économique. Cette histoire de grand canal, c'est tout simplement pour faire oublier aux Bourguignons que le département a refusé de gérer avec la région les canaux déjà existants. 80 % des Bourguignons habitent à moins de 20 km d'un canal, avec l'activité portuaire qui en découle et que nous continuerons à soutenir, notamment sur le versant Saône.
Enfin, sur la question de la LGV (Ligne Grand Vitesse), les collectivités ont donné 670 millions. Qu'on finisse la branche Mulhouse-Genlis, que l'on mette à 220 km/h le tronçon Dijon-Lyon. S'il faut financer la branche sud, que l'on me dise avec quelles ressources ! Quant à la branche Ouest, c'est un peu comme le canal, je ne la verrai jamais ! Même si je suis favorable, bien que je n'aie pas 4 milliards à injecter pour gagner seulement quatre ou six minutes. En revanche, dès le prochain mandat, nous engagerons les études pour électrifier la VFCEA (Voie Ferrée Centre Europe Atlantique) et réaliser la ligne Nevers-Montchanin. Par contre, il faudra que l'État vienne un peu avec nous.
Avant de conclure, un petit mot sur la Bourgogne de demain. Quelle sera sa force, son image selon vous ?
La Bourgogne de demain, elle est confrontée à un problème démographique majeur parce que c'est une région centrifuge. C'est un espace de qualité et de proximité, que les moyens modernes de communication doivent permettre de dynamiser. La Bourgogne restera avant tout une mosaïque de pays très attractive, avec un patrimoine fabuleux, des produits identifiés. Je peux vous assurer que Vosne-romanée Conty est plus connu que tous les présidents de la république française. Mais je veux aussi que la Bourgogne soit reconnue pour son industrie : l'automobile, l'image, les matériaux. Je parie et je veux une Bourgogne industrielle avec une agriculture relocalisée autour de ses centres urbains.
Enfin, parlons affaires et stratégie pour le second tour. Quelles sont les alliances possibles ou les couples improbables ?
D'abord, on attend les résultats. Pour ce qui est des Verts, ils ont pris la décision de partir seuls alors que je leur avais proposé plus de place que s'ils avaient fait 15 %. Ils sont 6 sortants, ils pourront très bien être à nouveau six en fonction des résultats. La gauche de la gauche : je ne pense pas qu'elle puisse faire plus de 5 %. Ensuite, il y a le MoDem. Dans la Nièvre comme en Saône-et-Loire, il est clairement à droite. En Côte-d'Or, il est gauche. S'il s'engage clairement à être anti UMP, alors on verra. Ce n'est pas une chasse à François Sauvadet car il est giscardo-chiraco-baladuro-bayrou-sarkosiste. C'est un enfant gâté de la politique, on lui a toujours tout donné ; on verra cette fois-ci ce qu'il va faire dans un vraie combat droite-gauche."
* François Sauvadet, tête de liste de la Bourgogne dynamique (UMP et Nouveau Centre)
Quel bilan tracez-vous de la mandature de François Patriat ?
"J'ai été assez critique sur le bilan de François Patriat. J'ai vu qu'un hebdomadaire avait distingué la Bourgogne comme étant la première région française pour sa gestion ; je trouve que franchement, la région a perdu des places au cours des six dernières années. Nous sommes parmi les dernières régions en termes d'investissements et nous avons le plus fort nombre de jeunes formés qui ne trouvent pas d'emploi mais aussi de très nombreux jeunes non formés. La région n'est donc pas première comme l'écrit l'Expansion, mais deuxième pour ce qui est de l'augmentation des impôts, seconde quant à l'augmentation des frais de fonctionnement et je le répète, parmi les toutes dernières concernant le taux d'investissement (33 % du budget).
François Patriat a envoyé une lettre aux lycées expliquant qu'il ne pourrait plus financer les travaux engagés à cause de la réforme ... Mettre la région en opposition systématique à tous les efforts concédés par le gouvernement n'est pas bénéfique. Nous avons perdu du temps, nous sommes une des dernières régions en termes de formation car le choix a été fait d'abaisser les fonds qui lui sont consacrées. Il y a eu beaucoup de saupoudrage et il ne faut pas continuer sur cette voie-là.
J'ai parlé de gestion "péperre", ce n'est pas pour être désagréable mais pour dénoncer une réalité. On ne peut pas tout faire avec 800 millions d'euros mais il faut que les compétences de la région sur le développement économique, sur la formation, sur l'apprentissage, sur la solidarité territoriale soient respectées et que l'argent soit orienté vers l'emploi et la solidarité.
Sur cette question de l'emploi et de l'apprentissage, dans votre tribune libre publiée dans dijOnscOpe, vous annoncez vouloir "améliorer l’orientation de nos jeunes vers des filières qui leur conviennent et qui offrent des débouchés régionaux." Ces débouchés régionaux, quels sont-ils ?
L'essentiel pour moi, c'est de former des jeunes vers l'emploi. Sur 1,6 millions de Bourguignons, environs 227.000 vont partir en retraite dans les 10 ans qui viennent : 47% d'agriculteurs ou 30% des leaders des PME/TPE. La formation doit conduire vers l'emploi secteur par secteur. Il faut, dans un premier temps, orienter vers les métiers de l'industrie : nous avons 18% des emplois dans l'industrie, dont le pôle nucléaire bourguignon ou Vitagora, dont j'assume devant vous le soutien. La Bourgogne sera demain un grand pôle nucléaire international.
Quant à l'idée de Vitagora, c'est de mettre autour des entreprises de la recherche et de l'intelligence pour faire en sorte que les métiers industriels bénéficient des avancées technologiques. Le second pilier, sera celui des TPE/PME avec un objectif de transmission. Je voudrais que l'on aide les jeunes à rechercher le talent qu'ils ont en eux. Pour les aider, je serai un ardent défenseur des classes de pré-apprentissage.
Ces classes de pré-apprentissages, comment fonctionnent-elles et a quoi servent-elles ?
Selon François Patriat, les classes de pré-apprentissage ne sont pas la compétence de la région. Faux ! C'est une compétence que l'on peut partager entre la région Bourgogne et l'éducation nationale. Soutenir un jeune de 15 ans, qui est déjà un pré-adulte, à découvrir un talent ou une compétence qu'il a en lui, c'est l'aider ! Je ne veux pas qu'ils passent leur vie à faire des petits boulots d'intérimaires ; je veux leur donner de l'espérance. Je serai à fond pour le pré-apprentissage.
Cette compétence, je pourrais la confier entre autre, au Conseil régional des jeunes, que je veux créer. J'ai envie que les jeunes parlent aux jeunes pour prouver que travailler dans un métier ce n'est pas une voie d'échec mais une voie d'épanouissement personnel. Il faut permettre à chacun de découvrir son talent. Franchement, nous sommes face à une situation paradoxale : il y a des jeunes qui ne trouvent pas de boulot et des entreprises qui cherchent encore des jeunes formés pour accéder à ces boulots : il faut changer de méthode et de braquet.
Pour moi, le pré-apprentissage, ce n'est pas livrer les jeunes au marché du travail mais plutôt leur permettre de se découvrir. Les mots des jeunes parleront plus aux jeunes que les mots des adultes.
Toujours sur cette question de l'emploi, vous prévoyez dans votre programme la création de 5.000 emplois dits "verts". L'écologie a fini par vous conquérir ?
Aujourd'hui, toutes les boîtes, parce qu'elles ont des contraintes administratives ou financières, cherchent à limiter leurs impacts sur l'environnement. Je voudrais que la Bourgogne, qui est un symbole de qualité de vie en France, soit un exemple de formation pour ces nouveaux métiers liés aux économies d'énergie : ingénieurs, techniciens, bureaux d'études,... De plus, nous avons 35 % de nos jeunes qui sont dans les métiers du bâtiment.
C'est un métier qui va complètement changer et je pense aussi que l'on peut être en flèche en matière d'éco-formation. Dans les métiers du chanvre, du bois, il y a des cartes à jouer, c'est fantastique. Il ne s'agit pas de tout repeindre en vert, c'est fêlé comme truc mais plutôt de prendre une longueur d'avance. Si j'y vais, c'est que j'ai envie que les choses changent ; sinon, je serais resté assis à mon bureau en train de supporter la campagne d'autrui. Mais un jour, nos enfants se retourneront contre nous. Il faut faire bouger la Bourgogne.
Pour faire bouger la Bourgogne justement, vous soutenez l'idée de la construction d'un canal à grand gabarit. N'est-ce pas paradoxal de proposer une telle mesure alors que vous avez, à l'échelle de la côte d'Or, refusé de cogérer les canaux avec justement le conseil régional ?
J'ai toujours dit que l'on a perdu un temps fou depuis la suppression de ce maillon manquant entre le Rhin et le Rhône. Ce sont 200 km qui nous font aujourd'hui défaut. Je ne suis pas partisan de telle ou telle solution technique mais je dis simplement que ce projet doit être porté. Je suis donc un partisan, un fervent partisan, d'une liaison mer du Nord-Méditerranée. François Patriat a parlé de rêve. Oui, il faut rêver mais il faut aussi agir maintenant pour rêver demain. Si on n'agit pas maintenant, les bateaux passeront par la façade Adriatique et là, c'est la France même qui ne sera plus une plate-forme multimodale pour tout l'ensemble de la Méditerranée à la mer du Nord.
Si je suis président de région, ce sera un de mes premiers engagements car je veux faire de la Bourgogne une plate-forme multimodale ; c'est l'avenir. Je veux ajouter que François Patriat n'a repris qu'une partie des canaux et qu'ils ont une vertu touristique, ce qui est totalement différent de la stratégie du grand canal. Pour ma part, j'aurais privilégié l'enjeu économique qui s'avère majeur. Le conseil régional a toujours dit qu'il s'occupait du développement touristique le long des berges du canal et en collaboration avec VNF (Voies navigables de France). Chacun son job: la région assume son choix et je ne vais pas financer les berges et les fonds des canaux sur un choix régional que je ne jugeais pas prioritaire.
Toujours dans cette politique d'aménagement structurel de la région, vous privilégiez la solution fibre optique. Le WiMax ne vous plait pas ?
Non, ça ne plaît pas car cette technique a été développée de façon extrêmement massive et surtout maladroite. Toutes les régions ont abandonné un développement massif de WiMax sauf la Bourgogne. Ce que je regrette, c'est qu'on ait engagé la région pour 10 ans, sur délégation de service public, pour un coût total de 12 millions d'euros alors qu'il existe des avancées technologiques absolument considérables. Le WiMax ne permet pas le triple play (Internet+téléphone+télévision)... Je propose d'éviter de se mettre en opposition au gouvernement, et de mettre à profit les 4 milliards d'euros du grand emprunt consacrés au très haut débit. Je souhaite que la Bourgogne se positionne pour bénéficier des crédits.
Je privilégie le déploiement d'une grande fibre optique pour que, dans les 2-3 ans qui viennent, on arrive à 15 Mb pour les particuliers dans toute la Bourgogne ; c'est réaliste. La seconde phase sera de doter les lieux où l'on souhaite voir des médecins, des lycées, des entreprises, de très haut débit. Cette mise en place, se fera sous le contrôle d'un groupe d'experts, de spécialistes en la matière. Nous ne sommes pas bons en tout ; il faut juste savoir s'entourer de bons et en la matière, nous avons de bonnes ressources en Bourgogne.
Nous allons aborder la question de la marque Bourgogne. Quelle place peut-elle occuper entre Paris et Lyon ou encore Strasbourg ? Quelle image doit-elle véhiculer ?
J'avais lancé un débat, qui n'a pas été compris par certains : celui de l'identité régionale. Sur cette identité-même de la région, il faut arrêter de considérer qu'être situé entre le grand Paris, le Grand Lyon et la zone strasbourgeoise, est un handicap. Je pense qu'il ne faut pas s'enfermer dans un dialogue exclusif avec la région Franche-Comté car si l'on veut s'offrir des débouchés européens, il faut une réelle cohésion. Dans ce sens, la Nièvre est une véritable opportunité car c'est la façade ouest de la Bourgogne et lorsque l'on parle avec Besançon, la Nièvre parle avec Clermont-Ferrand.
C'est pour ces raisons que je me bats en faveur de la RCEA ou de la voie Troyes-Auxerre-Bourges. Je souhaite faire de la Bourgogne une marque fantastique et je pense que les personnes qui souhaitent nouer un dialogue exclusif avec la Franche-Comté se trompent stratégiquement, pas pour aujourd'hui mais pour demain. Nous avons toujours la nostalgie du passé ; moi j'ai envie de renouer avec une Bourgogne rayonnante. C'est pour cela que j'ai souhaité avoir le seul député européen dans ma liste.
Quelle stratégie allez-vous d'ores et déjà établir pour le second tour ?
J'ai souhaité rassembler tous ceux qui espèrent que les choses changent en Bourgogne dès le premier tour. Pour suivre mes engagements, il faut un minimum de cohésion du sein de l'équipe il n'y aura donc pas de tractations au soir du premier tour avec qui que ce soit. Tout ceci n'a pas de sens ; je souhaite un engagement de vérité. Et ce qui n'a pas été si facile pour le premier tour nous facilite le second tour. Je m'en remets aux arbitres : les électeurs, les Bourguignons."
* Têtes-à-têtes : La Rédaction entre dans le cœur des Régionales et organise un face-à-face entre chaque tête de liste régionale et deux journalistes de dijOnscOpe. Objectif ? Les confronter aux questions directes du journal sur les thèmes d’actualité et surtout, aux exemples concrets impliquant l’action du Conseil Régional.
