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Billet de blog 9 février 2011

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Prix du carburant à la hausse : Bientôt un record ?

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Avec un prix au litre compris entre 1,27€ et 1,38€ pour le gazole, et entre 1,40 et 1,45 pour le sans-plomb 95, le prix du carburant prend des proportions inquiétantes depuis ces trois dernières semaines. Pourtant, les raisons de cette flambée des prix restent obscures. Quelles sont les règles du juste prix ? Hausse de la demande ou crise mondiale : qui fixe les règles ? Éléments de réponse auprès de transporteurs routiers, pompistes ou encore consommateurs, qui n’ont d’autre choix que de subir, sans mot dire, le coût de la vie…

Une consommation pétrolière mondiale en hausse

En juillet 2010, Patrick Artus - directeur de la recherche et des études Natixis-, Antoine d’Autume - professeur à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne -, Philippe Chalmin et Jean-Marie Chevalier - professeurs à l’Université de Paris-Dauphine, chercheurs spécialistes de l’économétrie -, ont tiré la sonnette d’alarme dans un rapport intitulé Les effets d’un prix du pétrole élevé et volatil, et présenté par Christine Lagarde, alors ministre de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi (Lire ici le rapport).

Jean-Louis Schilansky, président de l’Union française des industries pétrolières (Ufip), a, quant à lui, fait le constat d’une hausse de la demande mondiale de 3% en 2010 par rapport à 2009, lors de la publication du rapport de l'Ufip le 1er février 2011. Une constatation que font également Patrick Artus, Antoine d’Autume, Philippe Chalmin et Jean-Marie Chevalier, qui penchent plutôt pour une baisse de la consommation pétrolière dans quelques années : "Il y a peu d’incertitude en ce qui concerne l’évolution générale de la demande. Depuis le premier choc pétrolier de 1973, les pays développés ont su réduire l’intensité énergétique et pétrolière de leur production. En France, il faut aujourd’hui un tiers de baril de pétrole pour produire 1.000 euros de PIB, alors qu’il en fallait trois fois plus en 1973 pour produire la même valeur réelle".

Tous s'entendent pourtant sur une chose : la demande n’est pas à mettre en cause en ce qui concerne le prix du baril de pétrole puisque la France ne suit pas la tendance mondiale. Le résultat de cette hausse du carburant à la pompe à essence est pourtant inquiétant, et le prix du baril commence à se faire sentir dans les porte-monnaies des consommateurs : "C’est clair que le prix du carburant est cher en ce moment ! De plus, la hausse des prix est régulière depuis un certain temps. Quand est-ce que ça va s’arrêter ? Personne n’en sait rien. Ce qui est sûr, c’est que la hausse des prix est valable partout et pas uniquement sur le prix du carburant. Maintenant, tout est cher !", s’insurge Serge, consommateur de gazole, qui accepte pour l’instant ces prix à la hausse, sous réserve qu’ils ne dépassent pas un certain seuil.

Des règles économiques implacables

Du côté des entreprises, les transporteurs pâtissent également de cette poussée du coût du carburant : "Nos prix de prestations sont calqués sur le prix du carburant", explique Thierry Leduc, chargé de communication à Norbert Dentressangle, entreprise de transporteur routier basée à Chalon-sur-Saône, en Saône-et-Loire : "Si le carburant augmente, nous sommes obligés d’effectuer une indexation à la hausse du prix de nos transports". Une fièvre pétrolière que les clients payent donc eux-aussi. "C’est effectivement très pénalisant puisqu'à un moment donné, les prix se répercutent sur ceux des produits que nous consommons au quotidien". Sur ce point, Thierry Leduc paraît résigné : "Chacun constate malheureusement qu’il n’y a rien à faire...".

Le prix du carburant répond cependant à une logique économique : la rareté du produit le rend d’autant plus précieux. "L’intégration croissante des marchés financiers contribue à faire du pétrole, comme des autres matières premières, un actif d’autant plus attrayant que son prix risque de s’élever et qu’un ensemble de marchés à terme permet de se couvrir, mais aussi de spéculer sur l’évolution de son prix. Les premiers spéculateurs peuvent d’ailleurs être les producteurs eux-mêmes, qui devraient en principe freiner l’extraction et conserver leurs actifs dans le sol quand ils anticipent une forte hausse du prix", explique le rapport Les effets d’un prix du pétrole élevé et volatil.

La valeur de l’euro mise en cause ?

A l'inverse en 1998, le baril de pétrole a atteint un record de baisse du prix. Les 9 dollars du baril sont bien loin des presque 100 dollars actuels ! Cependant, la hausse du prix à la pompe n’en est pas le résultat direct. Le dollar a effectivement déprécié l’euro ces dernières semaines. Bien que l’euro reste plus fort que le dollar, il se replie à une vitesse alarmante : le mercredi 02 février 2011, l'euro valait 1,3808 dollar contre 1,3630 dollar deux jours plus tard. Une constante puisque l'euro a également apprécié une baisse face au yen, à 111,23 yens, contre 112,62 yens deux jours plus tôt.

La situation en Égypte ne serait pas étrangère au évolutions du prix du carburant constaté en France (Lire l'article du Figaro.fr ici). C’est en tout cas l’avis de Cédric, pompiste chez un grand distributeur français : "Cela me paraît logique : la plupart des gisements pétroliers se trouvent au Moyen-Orient et il est clair que la situation là-bas n’est pas au beau fixe en ce moment. Il est donc normal que nous payons les répercutions économiques au niveau national et international".

Depuis sa boutique, Cédric a pu observer de près l’évolution du prix du carburant à la pompe. Il en fait une constatation bien amère : "Le pouvoir d’achat n’est plus le même ; les clients se plaignent de plus en plus. J’essaye de les rassurer en leur disant que le prix va baisser... Mais pour l’instant, ce n’est pas le cas ! Même si personne ne dit rien, je vous assure que les prix actuels sont bien au-dessus des prix de 2008. Un record !", explique-t-il. Selon lui, le prix du carburant s’avèrera correct lorsqu’il se stabilisera à 1 euro le litre. Ce que tous espèrent rapidement...

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