
Sur fond de départ en retraite massif de la population française, la Caisse Régionale d'Assurance Maladie (CRAM), attaque l'année 2010 des projets plein la tête, des dossiers plein les placards. Pour sa traditionnelle conférence de rentrée, les sujets ne manquaient pas, avec en ligne de mire le grand chantier de l'année : la réforme des retraites. Tentons d'y voir plus clair...
Vers une nouvelle identité?...
2010 : année charnière pour la CRAM de l'avis même de son président, Christophe Madika. Concrètement, entre le 1er avril et le 1er juillet, le jour même de la création des Agences Régionales de Santé (ARS), les Caisses d'assurance retraite et de la santé au travail (CARSAT), se substitueront aux anciennes CRAM, amputées d'une partie de leur personnel. La CRAM de Bourgogne-Franche-Comté ne fera pas exception. Amputée d'une partie de son personnel par la création des ARS, elle reconnait la nécessité de réformer la carte médicale : pour une population quasi égale, la Bourgogne compte 104 structures de soins, une quarantaine en Franche-Comté !
Un changement donc pour un double objectif, au premier rang desquels la redéfinition globale des missions : l'alimentation du compte retraite des assurés du régime général, l'information et le calcul des retraites, le conseil des entreprises et le financement des actions de prévention des risques professionnels. L'opération vise également à dépoussiérer l'image de l'institution pour la rendre, si ce n'est plus sexy, du moins plus attrayante et vivante. Une nouvelle identité visuelle, qui s'accompagne aussi de plusieurs projets comme l'organisation du premier grand salon consacré à la santé, au travail, à l'emploi et à la formation dans les métiers d'aide aux soins. Il devrait se tenir les 26 et 27 janvier 2011 et promet d'avoir une envergure nationale.
Une politique de proximité
Cette réforme, la CRAM s'y prépare depuis plusieurs années. Ainsi, 2009 fut l'année de la réorganisation territoriale. Dans les régions Bourgogne-Franche-Comté, la CRAM vient de fêter le versement de la 600.000ème pension pour 750.000 actifs. Un chiffre en hausse de 20% par rapport à 2005 et qui ne devrait se stabiliser qu'en 2012. Pour faire face à l'afflux, le réseau d'agence a été "renforcé". Exit celle de la rue Jeannin à Dijon, trop vétuste, et celle de Saint-Apollinaire, peu accessible par les transports publics. Sur les 17 agences à travers le territoire, 3 prennent place dans le Grand Dijon : boulevard Carnot, avenue Jean-Jaurès et complexe du Golf de Quétigny.
Pour cette occasion, "nous avons musclé les effectifs, explique Christophe Madika : 44 personnes supplémentaires ont été affectées à ces espaces, parmi lesquels 32 individus nouvellement embauchés. "Une véritable politique de proximité", selon le directeur de la CRAM, qui rappelle que les agents suivent une formation pour être habilités à répondre à toutes formes de sollicitation, pourvu qu'elles concernent les retraites ou les cotisations !
Une réforme pour fin juillet
Mais le plus gros chantier est bien celui de la réforme des retraites. Une réforme qui devrait être bouclée avant juillet selon le président de la République et qui, d'ores et déjà, ne remet pas en cause la retraite par répartition*. Le Conseil d'Orientation des Retraites (COR) privilégie différentes pistes. Ainsi, la réforme pourrait conduire vers une prise en charge plus individualisée de la pénibilité du travail, qui réduit l’espérance de vie de certains salariés. Elle pourrait également s'orienter vers le passage d'un régime en annuités à un régime à points. Ce serait donc le mode de calcul des pensions qui serait revue, même si cette refonte seule ne suffirait pas à endiguer les fruits du désormais "papy boom" et du nombre croissant de départ en retraite des prochaines années.
La retraite à (bons) points
Le régime en annuité est aujourd'hui le régime de base de l'ensemble des salariés du secteur privé en France. La pension est alors calculée selon le salaire de base des 25 meilleures années de carrière, qui est ensuite majoré ou minoré. A l'inverse, un régime par points est calculé sur l'intégralité de la carrière : les points obtenus au cours de l'année sont multiplié par leurs valeurs. Autre piste envisagée : le régime en comptes notionnels, système utilisé en Suède, où l'assuré se forme un capital virtuel avec les cotisations qu'il verse. Des options parmi tant d'autres proposées par le rapport, qui ont pour but, selon Christophe Madika, "d'inciter les gens à partir plus tard".
"Simple exécutant", comme l'explique Christophe Madika, la CRAM pourrait bien avoir d'autres ambitions. Au lendemain des régionales, le 25 mars, elle organise ainsi un débat à Micropolis Besancon : "Quelle retraite pour demain ?" Souvent considérée comme apolitique, l'organisation souhaite désormais prendre sa place dans la réforme en ouvrant ce débat à tous. Un pari sur l'avenir pour la structure, qui devrait se retrouver au sein d'un process original dans les semaines à venir...
* La retraite par répartition est un système de retraite où les salariés payent des cotisations qui sont réparties entre les retraités. Cette répartition a pour résultat un transfert du pouvoir d'achat entre générations. Elle s'oppose à la retraite par capitalisation (source : Wikipédia).
