
François Sauvadet, tête de liste régionale de "La Bourgogne dynamique" (liste de la majorité présidentielle), a adressé un communiqué de presse aux médias vendredi 5 février 2010 afin de rappeler à tous que les débats avant le premier tour d'une élection devaient présenter le pluralisme de la vie politique française... Le candidat Nouveau centre se pose ainsi en défenseur du temps de parole, notamment pour les listes dites minoritaires. Que pensent ces dernières de leur nouveau porte-drapeau ? Réactions de quatre candidats issus de partis bien souvent mis à l'écart dans les médias...
"Vous reprendrez bien un peu de temps de parole ?"
"L’expression de toutes les sensibilités doit être garantie et je souhaite qu’avant le 1er tour, le débat ait lieu avec l’ensemble des candidats"... La phrase n'est pas celle d'un candidat d'une liste dite minoritaire, qui aurait peur d'être oublié par les médias, loin de là. Elle provient du communiqué de presse de François Sauvadet, candidat représentant la liste de la majorité présidentielle, à savoir l'UMP et le Nouveau centre... Bref, une liste pas franchement concernée par le sujet : il serait en effet étonnant que ce candidat à la présidence de la région ne fasse pas la Une des journaux ou qu'il ne soit pas invité à un débat télévisé. Mais ce qui semble évident pour lui ne l'est pas pour tous : pour certains, il faut en effet se battre ou en tout cas, surveiller sans cesse que les journalistes aient pensé à annoncer leurs listes, leur programme, etc...
Mode de scrutin : premier vecteur d'égalité des chances ?
Aussi, ceux-là avancent volontiers que François Sauvadet n'est pas le mieux placé pour parler en leur nom, même s'ils reconnaissent que l'intention est bonne. "Il devrait aller dire tout ça au chef de sa majorité, lance Julien Gonzales, tête de liste régionale de l'Alliance écologiste indépendante. Ce discours n'est en effet pas cohérent avec la réforme des collectivités territoriales prévue pour 2014, où le mode de scrutin à un tour se fera au prix du pluralisme et où il est évident que la manœuvre favorisera l'UMP". L'argument du mode de scrutin est repris par Christian Launay, tête de liste Front national en Saône-et-Loire : "Le terme de proportionnelle n'est pas employé par François Sauvadet alors que les régionales, c'est quand même une usine à gaz : la proportionnelle est tronquée dans la mesure où il s'agit d'un scrutin majoritaire, qui ne dit pas son nom : 25 % des sièges sont attribués à la liste qui arrive en tête, qui obtient de cette façon la majorité quoi qu'il arrive. Seul le reste est distribué selon la proportionnelle, or le véritable équilibre démocratique, c'est la proportionnelle".
Menu du jour : "Petits partis à la sauce aigre-douce"
Bien entendu, ces deux candidats élargissent particulièrement la problématique posée par François Sauvadet, qui souhaiterait seulement une égalité de traitement des candidats par les médias. Dans cet ordre d'idées, François Benredjem, tête de la liste Bourgogne centristes en Côte d'Or, reconnaît lui avoir déjà évoqué le sujet il y a quelques années : "C'est vrai que François Sauvadet avait déjà défendu ces idées-là en 2008, dans le cadre de la révision de la constitution de la Vème République, à l'occasion d'un débat sur le pluralisme. Mais en se rangeant du côté de Nicolas Sarkozy, monsieur "Sarkovadet" est tout de même mal placé pour en parler. On assiste en effet à un écrasement des groupes dits minoritaires et l'UMP y participe activement : ils ont particulièrement ratissé large en intégrant dans certaines régions des membres du parti de De Villiers dans leurs listes. Mais que ce soit par le PS ou l'UMP, les "petits" partis sont dilués : qui entend encore parler du parti radical de gauche ou de droite ? Les grandes forces les ont engloutis".
Les minorités visibles dans les médias...
Sur leur représentation dans les médias locaux pour ces régionales 2010, certains ne s'en plaignent guère. "Les médias se sont déplacés lors de la présentation de notre liste, affirme Allain Graux, porte-parole du Parti de gauche et co-listier de l'Autre gauche en Bourgogne. Notre tête de liste est d'ailleurs passée assez longuement sur France 3... Pour le moment, tout se passe bien alors j'espère que cela continuera". Même constat pour Christian Launay : "Au niveau national, c'est un désastre : le Front national a en effet comptabilisé 0,68 % du temps d'antenne politique ! Mais dans les médias locaux, malgré une inclination majoritaire à gauche, je trouve qu'il y a eu un effort à notre égard, surtout depuis l'élection de Jean-Marie Le Pen au second tour en 2002. J'imagine que les journalistes ont quand même dû se dire que le traitement du FN était indigne et injuste".
Radar pour temps de parole : en panne !
Beaucoup moins enthousiaste, Julien Gonzalez revient sur ce qu'il considère comme des injustices : "Faire une Une en annonçant l'affiche alléchante de François Patriat et François Sauvadet pour ces élections, sans que les autres candidats ne soient cités, ça craint... Je trouve les relations avec les médias assez difficiles : le Bien Public n'a pas publié la tribune libre (un quart de page) qu'il m'avait proposé de faire au prétexte que je critiquais mes concurrents (à savoir le bilan de François Patriat). Et puis France 3 a annoncé, un peu gêné, qu'il y aurait deux débats télévisés alors qu'il y en avait eu un seul pour les Régionales de 2004 ! Autrement dit, il y aura un débat avec les petits partis et un autre avec les grands."
Les "petits" et les "grands" partis... Au vu de leur traitement par les médias, deux groupes semblent en effet se dessiner : "Il est évident que nous n'avons pas le même écho dans les journaux et dans les radios que le PS, l'UMP, le Modem et même Europe Écologie. Nous, nos communiqués sont coupés et sont rangés dans un coin du journal...", se désole François Benredjem. Et d'ajouter : "En plus, ces candidats ont tous un mandat politique donc c'est facile de faire campagne en même temps que l'on visite la BA102*".
*François Sauvadet accompagnait en effet le ministre de la Défense, Hervé Morin, durant la visite de la BA 102 à Dijon-Logvic lundi 8 février 2010.
