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Billet de blog 10 décembre 2009

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Qui veut la peau de Bernard Thibault ?

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Médias, syndiqués... Tous sont unanimes : Bernard Thibault devrait être réélu à la tête du premier syndicat de France vendredi 11 décembre. Néanmoins, alors que le 49e congrès de la Confédération générale du travail a débuté ce lundi 7 décembre 2009 à Nantes, les contestataires de l'organisation syndicale se font entendre. A commencer par le blog "Où va la CGT ?", qui lance un appel de soutien à la candidature (symbolique) de Jean-Pierre Delannoy au poste de secrétaire général, en soulignant qu'il faut "choisir de quel côté de la barricade on se situe"... Un adhérent local au syndicat explique les raisons de leur colère.

Allô, pompiers ?


"La contestation est de plus en plus bruyante : des opposants à la direction actuelle de la CGT, il y en a un peu partout en France. En fait, nous trouvons que le syndicat se "CFDTise" de plus en plus : il a une tendance à être consensuel aujourd'hui, à ne pas laisser durcir les conflits mais au contraire à les désamorcer très vite. Nous avons déjà entendu Bernard Thibault dire que si le président de la République maintenait ses engagements, on pourrait cesser une grève alors que celle-ci n'avait pas même commencé !


Pour le conflit avec la SNCM (Société Nationale Maritime Corse Méditerranée) il y a quelques années, les grévistes se sont rendus compte que Thibault négociait avec Paris sans les consulter. La direction est pourtant censée ne pas décider seule, la base doit donner son avis. Et quand toute la France était contre le traité européen en 2005, le noyau centrale de la CGT luttait pour. Ou encore l'épisode de la privatisation d'EDF, qui nous est resté en travers de la gorge : le comité central de l'entreprise, tenu par la CGT, était accusé de malversations financières. Il y a eu des menaces de poursuites et subitement, le syndicat a été d'accord pour la privatisation partielle d'EDF. Et la question du nucléaire, défendue d'une seule voix par la CGT avec le lobby du nucléaire... De plus, aujourd'hui, il s'agit davantage de traiter les indemnités de départ que de maintenir les emplois. Cela laisse une impression d'être des pompiers du social alors que ce n'est pas le travail d'un syndicat.

La black list...


Des exemples de mollesse, il en existe beaucoup. La lutte des classes, c'est pourtant le moteur de la CGT. Mais quand on entend dire Mourad Rabhi, l'un des bras droit de Bernard Thibault, "qu'il n'y aura pas de grève générale, que le "grand soir" n'existe que dans les livres" (Canard Enchaîné, 2009), cela donne l'état d'esprit actuel de la direction de la CGT. D'où les voix contestataires... Surtout celles de la fédération du Nord, qui a d'ailleurs essayé d'envoyer l'un des "siens" (=opposant) au Congrès, ce qui lui a été refusé. Cette fédération, très puissante, est considérée comme presque dissidente aujourd'hui.


De même pour ceux qui sont un peu trop proches de certains partis politiques... S'il était bien vu, il y a 20 ans, d'adhérer au Parti communiste quand on était à la CGT, c'est l'inverse aujourd'hui : le syndicat n'admet pas que ses adhérents soient affiliés à un parti car cela signifie avoir des vues différentes. C'est un peu comme quand Nicolas Sarkozy dit à ses troupes que ceux qui ne sont pas avec lui sont contre lui...

Cervantès est syndiqué !


En tout cas, il faut reconnaître que nous ne sommes pas majoritaires : les voix discordantes ne font pas le poids contre les personnes présentes au congrès. Alors oui, Bernard Thibault sera sans doute réélu, même si ça me choque d'entendre cela comme si c'était joué d'avance. Dans mon bureau, nous sommes 2 contre 10 à critiquer l'actuelle direction. Souvent, on nous répond : "Ce sont des choses qui nous dépassent", "Il vaut mieux ça que rien"... C'est le discours de la droite !


Les représentants départementaux et régionaux acquiescent à ce fatalisme ambiant. C'est parce qu'à la CGT, nombreux sont ceux qui se contentent de suivre le train. Tandis que Bernard Thibault sait parfaitement ce qu'il fait, d'autres ne s'en rendent pas compte. La majorité d'entre nous sont des ouvriers : il nous manque des formations et des connaissances générales pour participer au débat. Mais en attendant, moi je me bats. Je suis comme Don Quichotte contre les moulins..."

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