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Billet de blog 12 septembre 2010

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Rentrée scolaire: la fédération des parents d'élèves en ordre de bataille!

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"Je voudrais vous remercier d’accueillir nos 12 millions d’élèves à partir du jeudi 02 septembre 2010 et je vous souhaite tout simplement une très bonne rentrée". Ainsi s'est adressé le ministre de l'éducation, Luc Chatel, aux personnels de l'Éducation nationale le 31 août 2010. Et ces derniers le lui rendent bien avec deux jours de grève les 06 et 07 septembre 2010. En effet, syndicats et ministre s'affrontent notamment sur les suppressions de postes et sur la formation des enseignants. Ajoutez à ces deux points de divergence l'absentéisme des professeurs, et vous obtenez les trois grands axes prioritaires de l'action menée, pour l'année scolaire 2010/2011, par la Fédération des conseils de parents d'élèves des écoles publiques (FCPE) en Côte-d'Or. Son président, François Riotte, détaille pour dijOnscOpe les engagements de l'association en cette rentrée scolaire, la FCPE 21 n'excluant pas une action en justice cette année pour dénoncer les cours non-assurés dans le département...

Trop d'élèves et pas assez de profs?


A la rentrée 2011, avec le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant en retraite, près de 16.000 postes devront être supprimés dans l'éducation nationale (En savoir plus ici) . "L'effectif était déjà énorme dans certaines classes ; ce n'est pas en augmentant le nombre d'élèves par classe et en diminuant le nombre d'enseignants que l'on améliorera la qualité de l'enseignement !", assure François Riotte.


Même s'il est encore trop tôt pour attester de cette tendance, le président de la FCPE 21 s'attend pour cette rentrée 2010 à un "manque criant" de personnels enseignants. "En 2009, dans un établissement de Côte-d'Or, au moment des vacances de février, des élèves de première n'ont eu en tout et pour tout que six semaines de cours sur vingt au total pour une matière consacrée à une langue vivante. A la fin de cette même année scolaire, cette matière était prévue comme épreuve au Baccalauréat !".

Les "Rased" en difficulté?


L'annonce contestée de la sédentarisation de 3.000 postes dans les réseaux d'aides spécialisées aux enfants en difficulté (Rased) préoccupe également la FCPE (En savoir plus ici). A l'origine, la mission de ces Rased était de contribuer, sur le temps scolaire, à la prise en charge des enfants en difficulté dans les écoles maternelles et élémentaires. "C'est la seule structure arrivant à remettre à flot des enfants qui décrochent du système scolaire. Quand les Rased ont les moyens, ils sont efficaces !", clame François Riotte, observant une "diminution croissante de moyens", alloués à ces centres.


"Des enfants en ont clairement besoin dans certaines classes. Soit ils dorment, soit ils perturbent mais dans tous les cas, ce sont des enfants risquant d'être en échec scolaire avant leur arrivée au collège", soutient-t-il. Selon lui, avec les Rased, "on aurait clairement pu les raccrocher aux wagons, c'est fort dommage !".

"Ouyapacours ?"


La FCPE invite notamment les parents dont les enfants auraient des cours non-assurés, à la contacter. Puis la fédération fait une relance auprès de l'inspection académique ou du rectorat afin d'exiger sans délai la nomination d'un enseignant remplaçant pour reprendre en main la classe du professeur absent (Lire ici notre article sur l'absentéisme). Depuis septembre 2009, "Ouyapacours", nouvelle page web de la FCPE, permet de recenser tous les enseignants absents non remplacés par l'éducation nationale. N’importe quel parent ou élève peut ainsi déclarer l’absence d’un professeur à telle heure, pour telle durée, dans une classe de tel établissement pour telle section : une "liste des carences" en somme.


"Le motif de l'absence ne nous intéresse pas", note-t-il. Pourtant, selon le président de la FCPE 21, les absences d'enseignants seraient principalement imputables à des stages ou à des réunions pédagogiques, organisés en pleine année scolaire et se déroulant sur deux journées consécutives pour tous les enseignants d'une même matière. "Un même établissement aura, par exemple, tous ses enseignants de français absents en même temps deux jours de suite !", explique François Riotte, estimant que "l'Éducation nationale doit trouver une solution pour que nos enfants suivent leurs cours et les enseignants suivent leurs stages". Et d'ajouter : "Cette solution, ce n'est pas à la FCPE de la trouver !".

Des cours non-assurés en Côte-d'Or?


"Selon les remontées que nous aurons par les parents d'élèves durant l'année scolaire à venir, une action en justice en Côte-d'Or n'est pas exclue !" met-il en garde. La FCPE compte bien exercer ce moyen de pression mais précise toutefois que personne ne sera pris au dépourvu : "Quoi qu'il arrive, nous avertirons avant l'inspection académique et le rectorat de l'absence non remplacée. Nous ne ferons rien dans leur dos bien évidemment".


Avec le soutien juridique de la FCPE 93, des parents d’élèves du département de la Seine Saint-Denis en région parisienne ont intenté une action en justice contre l'État au motif d'absences non-remplacées de certains enseignants (En savoir plus ici). "Si nous généralisons ces recours, cela coûtera plus cher à l'État d'indemniser les parents que de trouver des enseignants à mettre devant les élèves !", ironise-t-il. D'après François Riotte, "il est arrivé que l'inspection académique et le rectorat contactent Pôle emploi pour recruter un enseignant sans toutefois s'assurer que la personne ait déjà enseigné !".

Non aux "enseignants sans formation"!


Autre nouveauté de la rentrée scolaire 2010 : l'entrée en application de la réforme de la formation des enseignants, engagée en 2008 par Xavier Darcos, alors ministre de l'éducation (En savoir plus ici et ici). Des "enseignants sans formation" dans les classes à la rentrée 2010 ? "Désastreux", d'après la FCPE (Lire ici). "Comment un enseignant qui n'aura à son actif que le savoir pourra travailler efficacement avec un groupe d'enfants sans posséder les outils nécessaires pour leur transmettre ce savoir ?", s'interroge François Riotte.


Selon la FCPE, "l’envoi dans les classes de jeunes sortis de l’université sans aucune formation professionnelle, c’est-à-dire pédagogique", n'est clairement pas la bonne formule. Tandis que l'Éducation nationale y voit "une meilleure qualité de la formation des futurs enseignants, une meilleure qualité de l’enseignement délivré à nos élèves et une meilleure utilisation du potentiel de formation des universités" , la FCPE, quant à elle, regrette que des "jeunes enseignants non formés", sortes de cobayes de cette réforme, soient mis d'office au contact des élèves.


Enfin, la FCPE en appelle à l'attention et à la vigilance des parents concernant l'élection des délégués de parents d'élèves*, "d'une importance capitale" selon François Riotte. Ces élections scolaires ont lieu au début de chaque année pour élire les parents qui siègeront au conseil d’école et au conseil d’administration. "Les parents s'en désintéressent et ne mesurent pas ce que peut représenter leur présence dans les instances de l'Éducation nationale", déplore-t-il. En effet, en l'absence de parents au conseil d'administration, ce sont, en toute logique, les enseignants, la direction et les collectivités locales qui décident. "Faisons entendre notre voix en tant que parents !", encourage François Riotte.


* Les élections des représentants des parents d'élèves au conseil d'école et au conseil d'administration des établissements du second degré auront lieu le vendredi 15 ou le samedi 16 octobre 2010. Lire ici la note de service numéro 2010-086 du 04 juin 2010 (Bulletin officiel numéro 25 du 24 juin 2010).

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