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Dijon / Bourgogne

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Billet de blog 13 janvier 2010

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La Bourgogne perd deux circonscriptions... socialistes

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La question pourrait bientôt faire grand bruit : évolution démographique oblige, la nouvelle carte de France des circonscriptions législatives va modifier l'attribution des 577 sièges de députés à l'Assemblée nationale. Ainsi, sur les 63 départements affectés par ce redécoupage, 27 vont perdre un à trois sièges. Or, selon le Parti Socialiste, dans les deux tiers des cas, ce sont des circonscriptions de gauche qui sont sacrifiées. En Bourgogne, où la Saône et Loire et la Nièvre perdent chacune une circonscription tenue par un député de gauche, certains socialistes qualifient ce redécoupage de "véritable tripatouillage". Après un rejet par l'assemblée dû à une erreur de vote du groupe centriste et un recours déposé par le PS devant le Conseil constitutionnel, le texte de loi sera à nouveau débattu à l'Assemblée nationale mardi 12 janvier...

François Patriat : "Rendre l'alternance plus difficile"


Le Président du Conseil régional, candidat à sa propre succession, l'affirme : "Sur l'ensemble des circonscriptions supprimées, le rapport droite / gauche est de 1 pour 3 : l'objet pour le gouvernement est de rendre l'alternance plus difficile. En Bourgogne, ce sont deux circonscriptions de gauche qui disparaissent. Des analystes indépendants précisent que pour être majoritaire à l'Assemblée nationale, la gauche devra dans ces conditions obtenir 51,5% des voix". Un constat partagé par Christian Paul, député socialiste (dont la circonscription serait amenée à disparaître) de la Nièvre et Conseiller régional de Bourgogne : "Ce découpage est destiné à favoriser la droite. C'est une véritable OPA sur les circonscriptions de gauche".

Agglomération de Nevers : la tentation du "coup de ciseau" ?


Bernard Bardin, ancien député socialiste et ancien président du Conseil général de la Nièvre, revient sur une première circonscription de la Nièvre dont il trouve la géographie pour le moins étonnante (voir notre carte) : "Dans tous les départements, le chef-lieu doit être un pilote, un pôle pour le développement. Or, l'agglomération de Nevers se trouve éclatée dans les deux circonscriptions, ce qui revient à nier l'intérêt politique du développement économique. On décide de fractionner l'agglomération, en retirant de la première circonscription les cantons de Guérigny et Varennes-Vauzelles, qui sont très fortement ancrés à gauche. Ce "tripatouillage" crée la possibilité d'un basculement à droite de la première circonscription, la gauche n'ayant pas le même poids à Nevers ou Cosne".


Selon Christian Paul, "on aurait pu respecter la géographie, en reprenant sur le papier la division entre Val de Loire et Nivernais-Morvan. Seulement, en retirant Guérigny et Varennes-Vauzelles de la circonscription de Nevers, la tentation du "coup de ciseau" est évidente : le gouvernement espère voir la Nièvre passer de 3 à 2 députés de gauche, voire à un seul, si la première circonscription, Nevers-Cosne, passe à droite".

François Patriat : "une suppression des contre-pouvoirs"


Le président du Conseil régional s'insurge : "Nous répugnons à appliquer ce genre de pratiques. Le propre de la gauche est d'être candide. Rocard ou Jospin avaient refusé de faire un redécoupage, alors que Pasqua, Sarkozy ou Hortefeux n'ont pas ces états d'âme". Et à l'approche des élections régionales, pour François Patriat la question de la réforme des collectivités est plus que jamais d'actualité : "On met à mal les collectivités locales, on leur enlève leurs ressources, et maintenant on diminue leur influence : après avoir supprimé les instruments de régulation et mis la main sur les organes de communication, Sarkozy tente maintenant de supprimer les contre-pouvoirs".

Une regression au niveau de la représentativité ?


Selon François Patriat, la suppression de ces circonscriptions aura également un impact sur l'importance politique des territoires concernés : "Moins il y aura de voix pour représenter les territoires ruraux, moins ils pèseront : deux députés au lieu de trois, c'est un soutien de moins aux élus locaux et à la population, une regression au niveau de la représentativité. On perdra des défenseurs des territoires, alors que l'important est l'accès à la santé, à l'éducation et aux services publics. Christian Paul renchérit : "Le député est attaché au dialogue direct avec les habitants, ce qui deviendra très difficile vu la taille de la future circonscription. Il en sera bientôt de même pour les conseillers généraux, avec parfois quatre cantons regroupés ensemble".

Alain Houpert : "Certains s'accrochent à leurs mandats"


Pour le sénateur UMP de Côte d'Or Alain Houpert, l'argument de la taille des circonscriptions est infondé : "Il faut rappeler que les députés ne représentent pas les territoires mais seulement les habitants. Les mêmes règles sont établies pour tous et la droite perd aussi des circonscriptions". Selon lui, seule l'arthmétique a commandé cette réorganisation : "Ce ne sont pas des barbouzes qui instaurent ce redécoupage ; c'est le Conseil constitutionnel, institution indépendante, qui nous l'impose, un député devant désormais représenter 125 000 habitants".


Selon Alain Houpert, l'opposition s'enferme dans un rôle de "protestation systématique" : "Quand François Mitterrand réalisait des redécoupages, la droite ne hurlait pas ! L'opposition, elle, ne fait que protester. Les députés concernés ont été consultés, mais certains élus considèrent leur circonscription comme leur pré carré. En tant que conseiller général, je sais que techniquement, mon canton, qui ne comporte que 1100 habitants, va être remanié dans quatre ans ; seulement les conseillers généraux ne protestent pas et acceptent les règles de la démocratie. Réformer la France est nécessaire, même si certains s'accrochent à leurs mandats et à leurs indemnités"...

Suite au prochain épisode


Précisons que la majorité n'est pas unanime sur cette question : ainsi Marie-Jo Zimmermann, députée UMP de la Moselle, a accusé le gouvernemement d'avoir fourni de "faux chiffres" pour justifier le redécoupage de sa circonscription. Enfin, si le sénateur UMP de Côte d'Or Alain Houpert est ici l'unique porte-parole de la majorité, c'est avant tout parcequ'il est le seul à avoir accepté de nous répondre, malgré nos nombreuses sollicitations auprès des responsables de l'UMP et notamment de François Sauvadet (candidat à la Présidence de la région). Nous ne manquerons pas de vous faire connaître toute réaction éventuelle...

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