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Dijon / Bourgogne

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Billet de blog 13 janvier 2010

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Rencontre avec de jeunes nationalistes catholiques - Partie 2 : Eléonore, 19 ans : "Je crois en la valeur sacrée du mariage"

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Le cliché est facile : famille bourgeoise dijonnaise, baptême catholique, éducation nationaliste... Or il n’en est rien pour la plupart des jeunes gens nationalistes et catholiques que nous avons rencontrés, et qui ont bien souvent construit leur nouvel idéal de vie loin des déterminismes sociaux de leur famille. Parfois, ils ont même dû faire un choix de quasi rupture, en butte à l’incompréhension de leurs proches. Témoignages de Thibaut et François, bientôt rejoint par Nicolas et Éléonore…

Thibaut, 23 ans. Enseignant.


"J’ai grandi dans un milieu de classe moyenne, non politisé. Si j’ai été baptisé, ma famille n’était pas pratiquante. Vers mes 15 ans, j’ai ressenti très fortement le décalage entre la réalité des populations et celle de l’Etat, nos dirigeants. J’ai commencé à m’intéresser à des auteurs controversés, certains nihilistes (Dostoïevski, Nietzsche, Jünger, Evola), d’autres nationalistes (Maurras, Chauprade). J’en avais assez de cette impression que le système actuel cherche à nous appauvrir, à nous uniformiser, comme s’il fallait s’oublier.


J’ai alors eu la volonté de militer et pour ce faire, j’ai intégré le milieu libertarien. J’ai connu une période de radicalisation, pas toujours très intelligente d’ailleurs. Je suis passé par toutes les tendances, du libertarianisme au Front national puis à des mouvements plus violents, plus extrêmes. Mais cela n’a pas duré car si la violence peut être compréhensible chez l’adolescent, elle ne l’est plus venant de l’homme.


Mon parcours religieux est tout aussi chaotique. J’ai appris l’ordre dans un monastère et j’ai alors compris combien il est fondamental. Désormais, mes parents me trouvent trop dur, trop sévère, trop austère. Tout cela parce que je désire une famille fondée sur des valeurs plus importantes que la mort elle-même. Ils ne partagent pas mon besoin de radicalité et pensent que mes exigences d’absolu sont une lubie, tout comme les parents de mon épouse. Aujourd’hui, j’enseigne à Lyon dans un système éducatif privé, parallèle à l'Education nationale."

François, 27 ans. Militant.


"J’ai grandi dans la bonne société catholique dijonnaise, envahi par un sentiment profond d’abnégation. C’est ce qui motive chacune de mes actions sachant que si je sers mon pays sous l’angle nationaliste, je sers ma foi sous l’angle catholique. Voilà ce que je dis aux jeunes que je rencontre : il faut savoir se mettre au service de quelque chose qui nous dépasse. Sur Dijon, je chapeaute ainsi diverses actions orientées vers la jeunesse : catéchisme, soutien scolaire, groupes de formation, voyages organisés, conférences, etc. D’ailleurs, j’ai rencontré Thibaut via des actions associatives convergentes mais cela aurait pu être à la messe ou chez les scouts.


Ainsi le militantisme est au cœur de ma famille, qui m’a transmis cette vérité : militer, c’est être. Il est nécessaire de voir au-delà des courtes perspectives, comprendre notre passé pour mieux appréhender notre futur sur le long terme. Dès mon enfance, j’ai accompagné mon père, qui collait des affiches pour le Renouveau Français*. J’ai choisi d’agir pour promouvoir mon attachement à la France : collage d’affiches, tractage, participation à des soupes caritatives, etc. Sur le plan national et politique, j’adhère au parti mais je me refuse à sombrer dans une démarche sectaire, entièrement dictée par le prosélytisme**.


Il est important pour moi de dépasser le modèle individualiste de consommation. Tendre la main est donc essentiel. Ici, en France, mais aussi là-bas, dans les pays en difficulté. Depuis 2 ans, nous autres Dijonnais soutenons des enclaves serbes du Kosovo en collectant de l’argent qui leur permet de s’acheter du bois. Cette année, via un voyage organisé, nous irons au Liban pour aider des populations en difficulté. Grâce à un réseau catholique assez bien établi à Dijon et en France, nous pouvons accomplir ce genre d’actions."

Nicolas, 20 ans – Éléonore, 19 ans. Étudiants.


"Je suis étudiant à l’Université de Bourgogne, à Dijon, et j’ai le sentiment d’être confronté chaque jour à la haine et aux tendances moralisatrices de certains "anti-tout". Ces derniers crient "Au fascisme !" à tord et à travers, sans même chercher à dialoguer ou échanger. Ainsi, un étudiant m’a dit un jour que si mon dieu est mort sur la croix, lui aurait préféré que la vierge Marie avorte. Voilà le niveau de médiocrité sans nom des étudiants d’extrême gauche notamment. Dans les amphis, je vois émerger des individualités politiques fortes, qui m’inquiètent particulièrement car elles seront sur le devant de la scène demain.


Si je suis sympathisant du Renouveau Français, j’avoue que je ne milite pas, préférant le développement personnel. En effet, si mes parents ont consenti à me baptiser enfant, mon éducation religieuse n’a pas été au-delà. J’ai vraiment manqué de développement spirituel et religieux, que je tente de compenser aujourd’hui par mes lectures et mes rencontres avec d’autres jeunes partageant mes valeurs."


Tout comme Nicolas, Éléonore a ressenti très tôt un fort besoin d’épanouissement spirituel. "Lyonnaise d’origine, j’ai fait la connaissance de mes camarades grâce à mon cousin, qui est l’un de leurs amis. Sans être militante comme on peut l’entendre, je viens de temps à autre aux réunions. Si ma famille est catholique, elle est non pratiquante, contrairement à moi. Même très jeune, j’ai toujours cru en des valeurs absolues telles le sacrement du mariage."


* Le Renouveau français (RF) est un mouvement politique d'extrême droite se définissant "politiquement comme nationaliste et contre-révolutionnaire (c'est-à-dire hostile aux dogmes et faux principes de 89), et d'inspiration catholique." (Source : Renouveau Français). Le mouvement affirme vouloir participer à l'instauration d'un État nationaliste, chrétien et social ; il axe sa stratégie sur la formation, surtout en direction de la jeunesse, et souhaite former une nouvelle génération de cadres et militants politiques au moyen de conférences, sessions de formation et université d'été (Source : Wikipédia).


**Le prosélytisme désigne le zèle dont font preuve certains, en vue de rallier des personnes à une cause.

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