Après l'épisode du "Nouvel Espace Progressiste" (NEP, peut-être en hommage à Lénine...), Robert Hue a lancé le 4 novembre son "Mouvement Unitaire Progressiste" (MUP), prêt, selon lui, à "aider la gauche" aux élections régionales. Son objectif : "constituer dès le premier tour des listes de rassemblement sur un programme de gauche". Contrairement à un Front de Gauche nettement plus sélectif, ce rassemblement s'annonce très large, allant du Parti Communiste au MoDem. Avant les "rencontres du rassemblement" organisées à Dijon le 14 novembre avec le PS (François Rebsamen, Vincent Peillon), le MUP (Robert Hue), le MoDem (Marielle de Sarnez, Jean-Luc Bennhamias) et Europe Ecologie (Gabriel Cohn-Bendit), nous avons fait le point sur cette initiative, que tous les communistes de Côte d'Or n'approuvent pas...
Une démarche Il s'agit avant tout de choix individuels, chacun fait comme il l'entend. Rassembler du PS au MoDem n'est pas le choix du PCF". En effet, la position nationale du parti est tranchée : le 25 octobre, 82% des membres du Comité national du PCF ont voté en faveur de la constitution de listes de Front de Gauche (PCF, Parti de Gauche, Gauche Unitaire et peut-être NPA) pour les prochaines élections régionales. Isabelle de Almeida ajoute : "3 communistes en Côte d'Or, ce n'est pas représentatif".
"Reconstruire avec toute la gauche"
André Gervais, adjoint communiste au Maire de Dijon, délégué à l'équipement urbain, à la circulation et aux déplacements, est une "voix" du MUP en Côte d'Or. Selon lui, "il faut reconstruire avec toute la gauche, sans en exclure une partie, alors que le Front de Gauche se résume à un rassemblement qui ne veut pas travailler avec tout le monde. Cette logique de partis est parfois paralysante et le Front de Gauche réunit en Côte d'Or le PCF, le Parti de Gauche (construit contre un autre parti, le PS) et Solidarités 21, qui n'existe que dans notre département. Leur principal objectif est de chercher ce qui ne va pas".
Claude Pinon, conseiller régional communiste, ajoute que pour lui, "l'objet n'est pas les élections régionales mais un mouvement à long terme. Le message communiste est de rassembler". Son constat est sévère : "Même si je les respecte, certains communistes ont des conceptions appartenant au passé. Le poids historique qui pèse sur le PCF le rend inaudible : les gens n'y voient que le Mur de Berlin et le stalinisme. Les partis de gauche ne répondent pas aux attentes des gens qui pensent à gauche". Et de conclure : "Les partis d'aujourd'hui sont morts, y compris le PS".
Le MUP : de l'espoir plus qu'un parti !...
Ainsi l'objectif, selon André Gervais, "n'est pas de construire un nouveau parti, mais de donner de l'espoir. On souhaite que ce mouvement soit composé d'adhérents de partis, d'associatifs, mais pas de leaders. Nous sommes opposés à une logique d'alliances pour ne pas continuer ce système où l'on se détermine en fonction de constructions politiques. L'important est de rassembler des propositions". Quand on fait allusion au "brouillage" du message communiste après le Programme commun, André Gervais est clair : "On ne va pas reconstruire un programme commun" André Gervais s'estime "globalement en phase avec Robert Hue sur l'idée d'un outil transversal de prospection et de réflexion". Pour sa part, Claude Pinon estime que "vue sa situation moribonde, l'intérêt d'une reconstruction de la gauche est évident". Et de citer Marx : "Dans l'histoire comme dans la nature, la décomposition est le laboratoire de la vie".
"Mieux vaut un bon centriste qu'une mauvaise gauche"
Loin de rejeter l'idée d'une collaboration avec le MoDem (à l'instar du Front de Gauche), le MUP souhaite privilégier l'ouverture. André Gervais cite le cas de Dijon : "Nous avons travaillé à un programme municipal, c'est ce qui compte. Pour la région, l'essentiel, c'est l'orientation générale de la politique pour contrer Sarkozy. Mon expérience des municipales me montre qu'on n'est pas isolés. Nous ne sommes pas d'accord avec la stratégie nationale de notre parti mais restons communistes avant tout". Claude Pinon revient lui aussi sur cet exemple dijonnais : "Le MoDem est venu rejoindre un programme de gauche et c'est tant mieux. Pour moi, le MoDem est une nébuleuse, également composée d'électeurs de gauche ou démocrates, qui m'intéressent aussi. On part ensemble sur un programme de gauche, même si des hommes et des femmes ne sont pas étiquetés de gauche ; mieux vaut un bon centriste qu'une mauvaise gauche et c'est un communiste qui vous le dit".
"Nos valeurs sont fondamentales"
André Gervais juge que "devant l'urgence de la situation actuelle, le PCF aurait dû jouer la carte de l'union et ne pas se replier sur lui-même. Je pense que nos valeurs sont fondamentales, plaçant au centre l'humanisme et la paix, face aux ravages du capitalisme. La crise est un terrain privilégié pour les idées d'extrême droite car la montée du chômage dans toute l'Europe conduit à une montée des nationalismes, voire des régionalismes à l'intérieur même des pays. Pourquoi ? A cause de la volonté actuelle de développer des régions et des métropoles concurrentes entre elles". Parmi les propositions avancées par le MUP, André Gervais cite la suppression de l'élection du Président de la République au suffrage universel direct : "Ce système conduit à une présidentialisation exacerbée, une baisse du pouvoir du parlement, ainsi qu'à une succession permanente d'élections". Il plaisante : "On ne doit pas croire en l'homme providentiel, même si c'est Robert Hue !"