
Voilà un mois et demi que la gauche a obtenu une large victoire aux élections régionales face à une droite qui est apparue en bien mauvais état. Toutefois, pour avoir connu un scénario similaire en 2004, les socialistes savent que la victoire à la présidentielle est loin d’être acquise. Alors comment vaincre le signe indien de l’hyper-domination sur le plan local… avant de trébucher dans la conquête de l’Elysée ? Regards croisés de deux secrétaires de section du PS en Côte-d’or : Laurent Grandguillaume à Dijon et Sylvain Comparot à Châtillon-sur-Seine...
La bouffée d’oxygène électorale
Il suffit de parler à un militant socialiste pour le comprendre, le résultat des dernières régionales a redonné l’espoir : "Sarkozy peut être battu", entend-on déjà dans les conversations militantes. Et il semblerait que, vis-à-vis de l’extérieur, le Parti socialiste retrouve sensiblement de l’attractivité. "Nous venons de lancer une campagne d’adhésion qui démarre plutôt bien", explique Laurent Grandguillaume, responsable du PS dijonnais. "En seulement trois semaines, déjà vingt personnes ont rejoint la section de Dijon qui compte environ 700 adhérents." Un contexte favorable, qui se vérifie également dans le nord Côte-d’or puisque la section de Châtillon-sur-Seine, recréée il y a moins d’un an et demi, a accueilli quant à elle dix nouveaux militants au cours du mois d’avril 2010, portant son effectif à plus de quatre-vingt.
Par ailleurs, l’unité semble être, au moins temporairement, revenue : "Le PS n’étale plus ses divisions internes sur la place publique. C’est un soulagement pour tous les militants de pouvoir faire de la politique sur le terrain sans qu’on les interpelle sans arrêt là-dessus", se félicite Sylvain Comparot, qui attribue également la bonne santé de son parti au travail réalisé tout au long de l’année. Le prochain événement programmé à Châtillon : un café-débat thématique, "sans doute sur le thème de la réforme des collectivités". Dans la même logique de promotion de la réflexion politique, la section de Dijon organise, cette fois-ci en interne, une conférence-débat sur le thème des retraites en présence de Denis Clerc, fondateur du magazine Alternatives Économiques.
Un travail de fond à accomplir
Malgré ce léger mieux, comme le précise Laurent Grandguillaume, "l’heure n’est pas au triomphalisme". Car sans projet innovant ni candidat crédible en face de lui, l’actuel président UMP, Nicolas Sarkozy, pourra bien continuer à explorer les abysses de la popularité ; il restera celui qui garde les chances les plus sérieuses de l’emporter en 2012. Mais, nos deux témoins l’affirment, les socialistes se sont remis au travail. Plusieurs groupes accueillant toutes les tendances du parti, ont en effet été chargés par Martine Aubry d’élaborer un socle programmatique pour le pays. Le premier d’entre eux, placé sous la houlette de Pierre Moscovici, vient de rendre sa copie qui doit maintenant être débattue, amendée et votée par les militants le 20 mai. Son thème : le nouveau modèle économique, social et écologique.
Selon Sylvain Comparot, ce texte marque un tournant pour le PS : "On se pose davantage la question de la production de richesse, de la vision industrielle. Et c’est à partir de là qu’est développée notre conception solidaire de la distribution de cette richesse." Le texte est effectivement largement tourné vers le monde de l’entreprise dans tous ses aspects : pôle public d’investissement industriel, recherche et innovation, conditions de travail, encadrement des rémunérations, participation accrue des salariés dans les entreprises... Par ailleurs, une "révolution fiscale" est préconisée pour simplifier l’impôt (fusion de la CSG dans un impôt sur le revenu à la progressivité accrue et prélevé à la source) et le rendre plus efficace et rentable (création d’un nouvel impôt sur le patrimoine à la place de l’impôt sur la fortune, incluant la question des droits de succession, lutte contre les niches fiscales). Des propositions qui séduisent également Laurent Grandguillaume : "Le texte sera encore travaillé mais il est d’ores et déjà intéressant. Il constituera une bonne base de travail pour le candidat qui sera désigné par les militants."
Un calendrier chargé jusqu’en 2012
Le PS se veut donc conquérant en abordant les mois qui viennent, avec en ligne de mire pour commencer, les élections cantonales du printemps 2011. "Il nous suffit de gagner un canton de plus pour faire basculer le département à gauche", rappelle Laurent Grandguillaume, également conseiller général du canton Dijon V. "Et l’analyse des résultats nous permet d’avoir des espoirs sur plusieurs d’entre eux." A commencer par le canton Dijon VI, actuellement tenu par... François-Xavier Dugourd, le leader de l'opposition à Dijon. "Mais je peux citer également les cantons de Fontaine-lès-Dijon, de Pontailler, de Mirebeau..."
Alors que le travail national de refondation de ses idées se prolongera tout au long de l’année 2010, le PS s’apprête donc à mener une nouvelle bataille locale, dont la première étape est programmée pour cet automne avec la désignation de ses candidats aux cantonales pour une élection en avril 2011. Une fois cette échéance passée, débutera alors le grand chantier des primaires devant déboucher sur la désignation à l’automne 2011, par les militants et sympathisants socialistes, de leur candidat à l’élection présidentielle. Un programme chargé pour les socialistes qui, ils le promettent la main sur le cœur, arriveront plus que jamais armés pour l’emporter en 2012...
