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Billet de blog 16 juin 2011

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«L'État fait des économies sur le dos des handicapés!»

Accessibilité des lieux publics, emploi, scolarisation... La loi du 11 février 2005 sur le handicap a-t-elle fait bouger les lignes ? Le 08 juin 2011, le président de la République Nicolas Sarkozy participait à la deuxième conférence nationale du handicap, trois ans après première édition en 2008.

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Accessibilité des lieux publics, emploi, scolarisation... La loi du 11 février 2005 sur le handicap a-t-elle fait bouger les lignes ? Le 08 juin 2011, le président de la République Nicolas Sarkozy participait à la deuxième conférence nationale du handicap, trois ans après première édition en 2008.

Si le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures destinées à améliorer le sort des personnes handicapées, pour le Comité pour le droit au travail des handicapés et l'égalité des droits (CDTHED), le compte n'y est pas. "Assez de mensonges ! Satisfaction de nos revendications !", clament les membres du CDTHED. Au lendemain de la conférence nationale sur le handicap, dijOnscOpe a rencontré Roland Cordier, vice-président du comité et responsable de la section côte-d'orienne...

Fiche d'identité

- Nom : Comité pour le droit au travail des handicapés et l'égalité des droits (CDTHED).
- Nombre d'adhérents : 180 membres.
- Responsables : président : Henry Garby ; responsable de la section Côte-d'Or : Roland Cordier.
- Adhésion : 15 euros/an ; "Pour garder notre indépendance, nous ne demandons aucune subvention".

- Historique :
L'association est née dans le département de l'Isère en 1985. Des handicapés estimaient que leurs intérêts étaient mal défendus par les grandes associations, qu'il s'agisse de leur droit au travail, de l'obtention de leur carte d'invalidité, etc. Le comité s'est étendu à l'ensemble de la région Rhône-Alpes puis dans toute la France ; l'antenne locale nait en 2000.
- Objectifs de l'association :
"Défendre le droit des personnes handicapées – quel que soit le handicap - et malades, dont le droit au travail qui permet de ne pas vivre uniquement d'aides mais aussi de son activité professionnelle."
- Actions :
"Nous aidons les personnes handicapés dont le dossier passe devant la commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées (CDAPH) [ndlr : cette commission remplace la Commission technique d'orientation et de reclassement professionnel (Cotorep) depuis la loi handicap du 11 février 2005."
- Succès sur le terrain :
"Notre plus belle victoire remonte à 2005, lorsque le Comité a défendu les personnes adhérentes des établissement et services d'aide par le travail (Esat) et en accueil de jour qui percevaient une allocation compensatrice pour tierce personne (ACTP) face au Conseil général du Rhône qui ne voulait plus leur verser l'intégralité de leur allocation. Bien que nous ne soyons qu'une petite association, nous avons eu gain de cause et le Conseil général a du leur rembourser l'intégralité des sommes non versées..."
dijOnscOpe : Roland Cordier, bonjour. Quel bilan tirez-vous de la deuxième conférence nationale du handicap qui s'est tenu le 08 juin 2011 ?
Roland Cordier : "Je ne peux pas dire que je suis déçu car je ne me faisais aucune illusion sur l'issue de cette conférence. Concrètement, les allocataires handicapés et les petits pensionnés sont maintenus en dessous du seuil de pauvreté. Par exemple, que voulez vous faire avec une allocation adulte handicapé (AAH) d'un montant de 727 euros par moi ? Le Gouvernement évoque une revalorisation mais nous serons bien loin du compte... Nous demandons par ailleurs la suppression des revenus du conjoint dans le calcul de l'AAH et des autres allocations et pensions car celles-ci sont destinées au handicapé et aux personnes à sa charge...
De même, vous réclamez le retrait de certaines mesures gouvernementales, qui, d'après vous, affecteraient le budget des handicapés ?
Nous estimons que les franchises médicales, le forfait hospitalier et surtout l'imposition des indemnités aux accidentés du travail plombent littéralement des budgets déjà serrés. Les personnes handicapées, quelle que soit la nature de leur handicap, ne le sont pas par leur faute, dès lors, pourquoi leur appliquer une sorte de "double peine" ? Avec cette dernière mesure, en un sens, l'État réalise des économie sur le dos des personnes handicapées !
Parmi les mesures annoncées, des auxiliaires de scolarisation qualifiés devraient être recrutés pour la rentrée 2011 afin de faciliter la scolarisation des enfants handicapés ; qu'attendez-vous de cette mesure ?
Je suis plutôt favorable à l'idée de permettre aux enfants handicapés d'intégrer le milieu scolaire "normal" mais le problème est que les moyens financiers mis en œuvre ne sont pas suffisants pour permettre une scolarité satisfaisante de ces enfants. Les enseignants ne sont pas formés ni habitués ; quant aux auxiliaires de vie scolaire, nous pensons qu'ils doivent dépendre de l'éducation nationale pour que leur aide soit vraiment efficace. Parallèlement, les écoles spécialisés sont peu à peu supprimées. Pour ma part, j'étais content d'intégrer une structure de ce type où j'ai notamment pu apprendre l'écriture braille et suivre une scolarité adaptée. Au final, les enfants handicapés risquent de ne pas avoir la la formation qu'ils sont en droit d'avoir.
La politique gouvernementale sur le handicap entend aussi se polariser sur l'insertion professionnelle et la question de l'accessibilité des lieux publics...
Pour parler de façon un peu abrupte, je voudrais rappeler que la plupart des handicapés sont employables mais pour ça, il faut qu'il y ait des emplois. De surcroit, en période de crise, un patron préférera toujours employer une personne valide. Bien que les choses commencent à évoluer, les préjugés à notre encontre sont tenaces, un handicapé est une personne humaine avant tout ! Quant à la question de l'accessibilité des lieux publics, la loi de 2005 de les rendre accessibles au public à partir du 1er janvier 2015. Mais actuellement, certains parlementaires essayent de faire voter des dérogations à la loi. Pourtant, voyez par exemple les ascenseurs en gare de Dijon, ils rendent service à tous. Concernant l'accessibilité des transports en commun à Dijon, nous avons régulièrement des discussions avec Divia mais ce n'est pas toujours facile !".

  • infOs pratiques

Comité pour le droit au travail des handicapés et l'égalité des droits (CDTHED)
Antenne Côte-d'Or
27 avenue Édouard Belin
21000 Dijon
03 80 41 84 89
antenne21@cdthed.fr

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