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Dijon / Bourgogne

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Billet de blog 16 octobre 2009

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Faire la fin des marchés pour manger à sa faim

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Le glanage alimentaire, la « récupération » de produits alimentaires à la fin des marchés, dans les poubelles des commerçants ou dans les containers des supermarchés semble être devenu une réalité pour un certain pan de la population. Certains Dijonnais sont touchés par le phénomène. Reportage dans les rues de la capitale des Ducs de Bourgogne...


Scène habituelle sur le marché dijonnais


Comme tous les mardis, le marché de Dijon a pris ses aises place des halles. A 12h30, Les vendeurs commencent à ranger leurs étalages. Cageots entassés puis empilés dans les camions, produits abimés relégués aux bennes, tous s’affairent à quitter le centre ville dijonnais. C’est alors que discrètement, surgissent les glaneurs. Ils sont une dizaine, l’œil aux aguets mais déterminés à tenter de récupérer quelques produits laissés de côté par les marchands. Un commerçant houspille une vieille dame qui pioche des légumes dans des cageots empilés: « ne dérangez pas mes piles Madame, après c’est moi qui me fais engueuler !»


Des glaneurs plus nombreux


Les glaneurs, les vendeurs les connaissent bien, « ce sont toujours les mêmes » reconnait un boucher des halles. Toujours les mêmes peut-être, mais beaucoup de commerçants ont le sentiment que leur nombre est plus important que les autres années. Mourad, vendeur de fruits et légumes en est convaincu : « Cette année, j’ai remarqué que les glaneurs étaient plus nombreux. En général il s’agit surtout de jeunes et d’étrangers. » C’est également l’opinion de son collègue Jamel : « depuis le début de l’année les « ramasseurs » sont nombreux. Je leur mets des fruits abimés de côté. Ils récupèrent aussi ce que l’on jette. ». Gilles, partage l’avis de ses collègues « j’ai remarqué qu’il y a plus de glaneurs que les autres années. C’est surtout sur le marché de Longvic que j’ai fait ce constat. Je n’en voyais jamais, or, ils sont maintenant nombreux à venir « recueillir les restes » ». Certains marchands n’ont pas remarqué de hausse significative du nombre de glaneurs. En revanche, beaucoup s’accordent à dire que depuis la crise, les clients se font plus rares : « avec la crise, il est clair que les clients sont de façon générale moins nombreux. » affirme une poissonnière.


Tous les profils


Alors qui sont ces glaneurs qui viennent en catimini « récupérer les restes » ? Une étude sur le glanage alimentaire dans trois villes françaises dont Dijon a eu lieu en 2008 ( Plus de 40 entretiens ont été réalisés à l’automne 2008 par le CERPHI en Ile-de-France et en province. Répartis sur 19 sites ces entretiens ont été menés sur les fins de marchés ou dans les poubelles des rues commerçantes en centre-ville.)
Rendue publique au début de cette année, elle révèle que tous auraient des difficultés économiques mais que leurs profils sont variés. Les vendeurs de Dijon constatent en effet, croiser toute sorte d’individus. Ils constatent que les étrangerssont généralement les plus nombreux. Effectivement, nous apercevons sous les halles trois jeunes d’origine roumaine faisant le tour des stands, sacs en plastiques à la main. Mais ce ne sont pas les seuls. Plusieurs petites mamies, parfois gênées remplissent à la hâte des paniers. Interrogée, l’une d’entre elles, le regard fuyant, avoue avoir des difficultés financières : « on est restreints de plus en plus avec la crise économique. On hésite à acheter. Ma retraite n’est pas suffisante ». Interrogée sur le glanage, la vieille dame n’osera avouer qu’elle le pratique. Pourtant, à plusieurs reprises, nous la retrouverons occupée à cette tâche. Les glaneurs, ce sont aussi ces jeunes et ces chômeurs qui ont n’ont d’autre solution pour remplir leur frigo. Pascal avoue avoir eu honte la première fois qu’il s’est adonné au glanage mais estime ne pas avoir le choix : « Il est vrai que j’ai hésité avant de glaner mais je suis au chômage depuis trois mois. Mon salaire a diminué de moitié. J’en suis réduis à faire des restrictions et à ramasser les légumes. »


« Mon épicerie solidaire subit une hausse de fréquentation de 100% »


Les Français seraient donc de plus en plus nombreux à se débrouiller pour manger à leur faim. Interrogées sur le sujet, les associations alimentaires dressent un bilant accablant. Alain Medge de l’épicerie solidaire "Epi'Sourire, affirme que la fréquentation de son épicerie a augmenté de 100% en un an. Il constate notamment une hausse significative des personnes âgées (+10%). Jean-Pierre Chaillot directeur du "Resto du Coeur" de Venarey-les-Laumes n’est guère plus optimiste : «nous accueillons bien plus de monde que l’an dernier. Il y a notamment de plus en plus de personnes âgées, de retraités qui n’arrivent pas à boucler les fins de moins».

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