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Dijon / Bourgogne

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Billet de blog 17 août 2010

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Policiers/habitants des quartiers: "Les jeunes flics jouent aux cow-boys!"

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Dans notre édition du mardi 10 août 2010, Janine, 72 ans, résidente à Chenôve, en Côte-d'Or, et témoin privilégié du rapport de force entre la police et les jeunes du quartier, nous confiait son sentiment d'abandon et d'insécurité (Voir la vidéo ici). Pour en savoir plus, dijOnscOpe est parti à la rencontre de Clément*, policier à Chenôve, et de Codie*, 22 ans, habitant des quartiers de la ville. Les points de vue se confrontent...

Clément, agent du poste de police de Chenôve (21):


"Je viens de Paris, j'ai travaillé dans les cités les plus chaudes. Je considère qu'à Dijon, c'est assez calme, c'est la province. Sur le dialogue entre la police et les jeunes, je dirais qu'il fonctionne. Il existe, on discute et au bout d'un moment, ça se calme toujours. Je ne suis pas forcément d'accord avec le constat établi par l'habitante que vous avez rencontrée, à propos du manque d'effectifs de la police ici. Si les jeunes sont dix, nous y allons à dix !


Après, il est vrai que nous n'avons pas le temps de dialoguer avec la population. Cette dernière ne comprend pas toujours que nous avons des priorités dans le cadre de nos interventions ; il y a une hiérarchie dans la gravité des cas. C'est le même principe que dans les hôpitaux... Je vous cite l'exemple d'une dame qui est venue nous voir car sa voiture a été brûlée le week-end dernier. Il faut bien savoir que des voitures brûlées, il y en a en moyenne trois ou quatre tous les week-ends. L'enquête dure plusieurs mois, l'auteur des faits est la plupart du temps retrouvé mais nous avons souvent à faire à des mineurs qui n'iront pas en prison !"

Codie, 22 ans, un habitant des quartiers de Chenôve (21):


"J'habite Chenôve depuis douze ans maintenant. Je reconnais avoir fait un certain nombre de bêtises. Par conséquent, je connais la police. Elle me manque de respect. Ils se comportent avec moi comme avec un gamin de douze ans. Ils ne considèrent pas que j'ai grandi. Je n'ai jamais senti d'évolution dans leur approche vis-à-vis de moi. C'est simple, je respecte la police alors pourquoi me manque-t-elle de respect à moi ? Et puis, lorsqu'ils font des fouilles au corps, ils ne se gênent pas ! En moyenne, je me fais contrôler mes papiers d'identité une à deux fois par semaine. Le pire, ce sont les jeunes flics ; ils se prennent vraiment pour des cow-boys !


La police en sous-effectif ? En général, ils se déplacent en voiture, ils ne sont jamais plus de trois ou quatre. Lorsque je suis avec mes amis, nous sommes parfois dix ou quinze en même temps. Il est rare que la police se confronte à nous avec le même effectif. Ils peuvent appeler une voiture en renfort mais le temps qu'elle arrive... Pour ma part, si je me retrouvais en danger quelque part, je n'aurais absolument pas confiance en la police. Elle ne peut rien faire, elle a juste le pouvoir de surveiller, c'est tout ! Concernant les mesures sécuritaires de Nicolas Sarkozy, en particulier à propos de la déchéance de la nationalité, c'est débile et ça ne sert à rien ! Il y a tout autant de Français qui font n'importe quoi ; qu'est-ce qu'on fait aussi avec eux, on les vire ?"


* Dans un souci d'anonymat, les prénoms du policier et du jeune homme interviewés ont été modifiés.

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