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Billet de blog 18 septembre 2010

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M-P. Daubresse à Dijon: "La génération sacrifiée n'existe pas!"

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Venu vanter l'exemplarité des dispositifs d'insertion mis en place en faveur des jeunes par le conseil général de Côte-d'Or (CG 21), Marc-Philippe Daubresse, ministre de la Jeunesse et des Solidarités actives, a défendu sa politique à l'occasion d'un entretien ouvert à la presse avec le président du conseil général, François Sauvadet, lundi 13 septembre 2010 à Dijon.

Il faut noter que deux jours plus tôt, une lettre ouverte lui était adressée par Laurent Grandguillaume, adjoint au maire de Dijon délégué à la Jeunesse, à la vie associative et à la démocratie locale, et conseiller général PS de Côte d’Or, par l'intermédiaire de son blog : "Monsieur le Ministre, votre politique est injuste, inefficace, archaïque et imprévoyante. C’est un renoncement à investir dans l’avenir et donc dans la jeunesse" (Lire ici)... La missive, pointant notamment du doigt le rSa Jeunes lancé en août 2010 (En savoir plus ici), n'est pas passée inaperçue auprès du ministre : "Vous savez, moi je suis au courant de tout. Mon père était directeur des renseignements généraux et je connais tout sur tout", a-t-il commenté, sourire en coin.

En plus de faire remarquer qu'ils n'avaient pas été conviés à la rencontre, les 21 élus du groupe des Forces de Progrès (PS) du conseil général de Côte-d'Or s'interrogeaient dans un communiqué sur les "scrupules" et le "devoir" du ministre de répondre publiquement à la lettre ouverte de Laurent Grandguillaume (Lire le communiqué ci-joint). Ces derniers pourront constater que Marc-Philippe Daubresse n'a pas manqué d'y faire allusion: "Je vois fleurir des blogs ici et là... Mais attention à ne pas dire n'importe quoi! La Côte-d'Or compte 75.000 jeunes de 15 à 24 ans. Au 31 juillet 2010, il y avait 5.554 jeunes demandeurs d'emploi. Donc on ne peut pas parler de 23% de taux de chômage des jeunes". Comment expliquer cet écart ? En considérant que le taux de chômage des jeunes doit prendre en compte les seuls actifs ou en recherche d'emploi, le plus grand nombre de jeunes étant encore en formation...

Et le ministre de continuer : "Nous ciblons les personnes les plus en difficulté. Et au vu du nombre de dispositifs mis en œuvre en Côte-d'Or, nous aidons un jeune sur deux des 5.554 demandeurs d'emploi. Quant aux autres jeunes, il faut les accompagner, d'où l'importance du rSa Jeunes. Là, on me fait le coup du verre à moitié vide et à moitié plein! On me dit que la mesure est très restrictive (ndlr : Le rSa Jeunes s'adresse seulement aux moins de 25 ans ayant cumulé deux années de travail). Mais nous n'allons pas faire un RMI Jeunes ! Il ne s'agit pas de créer un assistanat pour les jeunes. Notre ambition est de leur donner les moyens de leur autonomie. Il faut donc mettre le paquet sur l'insertion, comme ici en Côte-d'Or ; je ferai d'ailleurs une convention nationale sur le sujet en décembre prochain. Certains parlent d'une société de la charité mais je préfère l'espérance à la charité".

Génération perdue... Où ça?

Par ailleurs, Marc-Philippe Daubresse a évoqué - sans le nommer, le rapport de l'Organisation internationale du travail (OIT) publié le 12 août 2010, dont dijOnscOpe se faisait l'écho dans son édition du 10 septembre 2010 (Lire ici notre article) : ce dernier fait état d'une "génération perdue" au regard du chômage des jeunes qui ne cesse d'augmenter. Pour le ministre, il n'est pas question de le reconnaître : "J'ai des chiffres qui démontrent l'innocuité du discours sur les "générations sacrifiées". Les jeunes ne se considèrent pas comme une génération sacrifiée : ils sont à 80% confiants dans leur propre avenir et ils sont à 75% inquiets pour l'avenir de notre société. Ce n'est donc pas la même chose et nous sommes aux antipodes de ce qu'une majorité d'adultes pensent des jeunes".

Insertion des jeunes: "La France va copier la Côte-d'Or!"

"La Côte-d'Or a été l'un des départements précurseurs pour expérimenter le rSa, a affirmé le ministre. Et c'est l'un des dix départements sur cent en France à être le plus en avance sur ce qu'on appelle les "pactes territoriaux d'insertion". Nos mesures sont inspirées de ce qu'il se fait ici, en Côte-d'Or. Cela veut dire que la France va copier la Côte-d'Or. Je tiens à rendre hommage à cela!".

Quels sont donc ces dispositifs qui font tant l'admiration d'un ministre? "L'insertion est une politique volontariste du conseil général de Côte-d'Or, qui trouve un sens au travers du Pacte territorial d'insertion, signé en présence de Martin Hirsh le 22 janvier 2009. Son objectif est de préserver le lien social. Pour garantir ce dernier, le conseil général proposera au vote le programme départemental d'insertion 2010/2013 à la session du 22 octobre 2010, afin de lever les obstacles sociaux préalables à toute démarche de retour à l'emploi, créer les conditions d'un retour vers l'activité, assurer un retour vers un emploi durable. Ainsi, le conseil général entend poursuivre ses efforts dans certains domaines : soutenir les contrats aidés, utiliser le levier de la commande publique, dresser un ensemble de pistes à même de favoriser un retour durable vers l'emploi, celui-ci passant par un rapprochement avec le monde de l'entreprise".

Quatre exemples des dispositifs d'accompagnement des jeunes mis en place par le conseil général...

  • "150 permis pour réussir" : voté le 05 juillet 2010, ce dispositif permet à 150 jeunes de 18 à 25 ans, sur les années 2010/2011 (75 en 2010 ; 75 en 2011), d'obtenir leur permis de conduire. En retour du financement de leur permis, les jeunes concernés par cette aide s'engagent à s'impliquer bénévolement au sein d'une association pendant 70 heures maximum. Participation du conseil général : 33.390 euros / Participation de l'Etat : 1.000 euros par permis.
  • "Fonds d'aide aux jeunes" : créé en 1989, ce dispositif est destiné aux 18-25 ans pour favoriser leur insertion sociale et professionnelle et, le cas échéant, apporter des secours temporaires de nature à faire face à des besoins urgents. Exemples : assurance véhicule, frais de déplacement, frais d'inscription, loyer résiduel, dépôt de garantie, énergie, eau... Budget annuel : 190.000 euros.
  • "Le contrat Jeune majeur" : l'objectif de ce dispositif est d'aider les jeunes admis au cours de leur minorité au Service d'aide sociale à l'enfance de la Côte-d'Or, à devenir progressivement autonome et à s'insérer socialement et professionnellement. 181 contrats ont été signés en 2009.
  • "L'adosphère" : cette maison pour les adolescents est un lieu d'écoute, de dialogue et d'échanges qui répond aux nombreuses questions de l'adolescence. Depuis son ouverture le 19 mai 2008, 550 jeunes et 220 parents y ont eu recours. Budget annuel : au total, le conseil général a investi près de 276.000 euros.

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