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Billet de blog 18 septembre 2010

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M.-P. Daubresse: Face à leur ministre, des jeunes dans le doute...

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Après une visite au président du conseil général de Côte-d'Or, François Sauvadet, lundi 13 septembre en début d'après-midi à Dijon, Marc-Philippe Daubresse, ministre de la Jeunesse et des Solidarités actives, a continué son parcours le long de la côte viticole pour rencontrer une assemblée de cinquante jeunes à Beaune. L'objectif ? Rassurer. La méthode ? Une série de questions-réponses, qui ont abordé des sujets variés. La surprise ? Un invité inattendu dans la bouche des lycéens et étudiants présents : le service civique. Bilan : l'intervention ne semble pas avoir fait l'unanimité auprès des jeunes...

Le service civique s'invite au cœur du débat

Une brève présentation de la Mission locale, des remerciements officiels, une remise de médaille : seuls quelques à-côtés ont ponctué la visite de Marc-Philippe Daubresse, ministre de la Jeunesse et des Solidarités actives, à Beaune lundi 13 septembre 2010. Dix minutes seulement après son arrivée, le débat s'engage en effet avec une première question de Régis, 24 ans, étudiant en droit : "Le service civique est-il compatible avec la poursuite normale des cours à la faculté?". Ce dispositif, qui induit que le jeune s'implique pendant six mois dans la vie d'une association, peut sembler en effet difficile à concilier avec un emploi du temps d'étudiant : 24 heures doivent y être consacrées chaque semaine. "La préfecture est en train de travailler à rendre ces deux aspects compatibles dans le parcours d'un jeune. Par ailleurs, je planche actuellement sur la mise en place d'un livret de compétences qui serait distribué dès le collège et permettrait d'intégrer ce type d'expérience dans le curriculum vitae scolaire des élèves. En ce sens, les deux voies seront certainement bientôt complémentaires et parfaitement conciliables", répond Marc-Philippe Daubresse.

Quant à elle, Fatima estime que ce dispositif "donne aux jeunes la possibilité d'évoluer en autonomie" : "Pourquoi le service civique n'est-il pas pris en compte comme un travail, ce qui permettrait d'ouvrir l'accès à certaines aides?". Réponse du ministre: "Lors du vote de la loi par l'Assemblée nationale le 10 mars 2010 (Lire le détail de la loi ici), il était alors entendu que cet engagement était bénévole, même si une indemnité de 450 euros par mois est tout de même versée au jeune". Et de préciser :"Aujourd'hui, je ne désespère pas de voir cet acte volontaire reconnu comme une activité. C'est l'un des combats que je mène au quotidien".

Pour Axelle, étudiante en BTS Tourisme à Beaune, la réponse est peu claire... Saisie d'un doute au sujet du droit à toucher l'allocation-chômage pendant le service civique, elle fait part de son questionnement au ministre, qui enchaîne: "L'allocation n'est pas suspendue"... Avant de se reprendre : "Je ne pense pas. Enfin... Je vais vais vérifier"...

RSA: "Suis-je éligible ou pas?"

Seul Jamel, 24 ans, évoque directement l'objet de la venue du ministre : l'extension du Revenu de solidarité active (RSA), aux jeunes de moins de 25 ans. "J'ai terminé mes études en économie-gestion et j'ai réalisé beaucoup de stages. Par contre, je n'ai pas beaucoup travaillé : ai-je droit au RSA?". Le ministre des Solidarités actives détaille alors la mesure : "Pour bénéficier de ce droit, il faut que le jeune ait travaillé au moins deux ans pendant les trois dernières années précédant sa demande. Cette mesure, dirigée vers les jeunes actifs, n'est donc effectivement pas extensible à ceux qui n'ont pas pu travailler, même à cause de leurs études. Nous ne voulions pas créer un dispositif d'assistanat mais plutôt une aide à l'autonomie." (En savoir plus ici et ici).

Élodie, elle, est forte d'une expérience de sept ans dans le secteur du commerce. Après un accident du travail au début de l'année 2010, elle a dû arrêter son activité et penser à sa reconversion. "J'aimerais me réorienter sans forcément reprendre des études : un dispositif existe-t-il?", demande-t-elle à Marc-Philippe Daubresse. "Je n'ai pas de réponse directe à vous transmettre aujourd'hui". Et de préciser, comme en guise de consolation : "Mais vous êtes éligible au RSA jeunes!".

Hormis ces deux remarques, le RSA n'a pas fait grand débat lundi à Beaune.

Culture, soutien aux projets des jeunes, situations particulières: des questions tous azimuts

D'autres sujets ont été évoqués à l'initiative de l'assemblée. Marie, étudiante en BTS Tourisme : "Pourquoi le dispositif Envie d'agir, qui permet de débloquer des fonds étatiques pour soutenir le projet d'un jeune, est amené à disparaître à l'horizon 2011?". "Je vois parfaitement de quelle source vous tirez cette information", note Marc-Philippe Daubresse, en référence à la page Facebook intitulée "Sauvons Envie d'agir". "Il n'est pas question de supprimer ce dispositif mais simplement de lui donner une autre forme, à laquelle nous sommes en train de réfléchir".

Émeric, étudiant en droit de 21 ans, suggère pour sa part au ministre la création d'un Prix de la jeunesse au festival du film policier de Beaune, à l'image de celui qu'il a présenté en 2010 au Festival de Cannes (Lire ici). De son côté, Hervé, étudiant en DUT et fondateur d'une SARL, interpelle Marc-Philippe Daubresse sur la difficulté de concilier études et création d'entreprise. "Ce cas est atypique et ne correspond en effet à aucun statut aujourd'hui : avec mon homologue Hervé Novelli, secrétaire d'État aux petites et moyennes entreprises, nous pourrions peut-être l'intégrer à notre réflexion sur le statut du jeune auto-entrepreneur..."

"Allez-vous sur le terrain? Avez-vous des jeunes dans vos équipes?"

Seul un jeune tient véritablement tête pendant plusieurs minutes à Marc-Philippe Daubresse. "Y-a-t-il des jeunes dans votre équipe, qui vous font remonter nos préoccupations?". Réponse de l'intéressé : "Des personnes âgées de 25 à 30 ans garnissent les rangs de mes conseillers". Joris renchérit : "Des jeunes de bonne famille, oui! Mais connaissez-vous la réalité du terrain, la vie dans les quartiers difficiles?". "Oui, j'ai déjà visité beaucoup de ces quartiers. Je serai bien évidemment ouvert pour recueillir les propositions des jeunes mais cela nécessite une organisation en collectifs, avec deux ou trois représentants qui viendraient me rendre ensuite des comptes. Sans cela, je ne pourrais rien faire", conclut le ministre.

Neuf jeunes ont donc pu poser leur question à Marc-Philippe Daubresse. Et les quarante autres dans tout ça? "Je n'aurais pas su quoi lui demander", avoue Alexis, 21 ans, à la sortie du débat. "D'ailleurs, je ne savais même pas qu'il y avait une différence entre RSA et RMI! Je n'ai toujours pas compris...". Pour Juliette, "le ministre, avec ses phrases rassurantes, ne m'a pas rassurée : quelles réponses concrètes a-t-il données à part "Nous y travaillons" ou "Je vais y réfléchir"? Aucune!".

"Proposer un parcours d'orientation, favoriser l'emploi et l'insertion, éduquer à la citoyenneté : trois axes qui guident l'action de mon ministère en direction des jeunes": voilà les mots de Marc-Philippe Daubresse, en introduction de cette rencontre. Le message est-il vraiment passé?...

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