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Billet de blog 18 septembre 2011

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Primaire socialiste: Des hauts et débats en Bourgogne...

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À quelques jours du premier tour de la primaire socialiste, qui aura lieu dimanche 09 octobre 2011, les six candidats passaient leur premier grand oral sur France 2, jeudi 15 septembre 2011. Un round d'observation qui a conquis le public, comme l'ont prouvé les chiffres-records de la soirée en termes d'audience. À Dijon, la section locale du Parti socialiste avait décidé de retransmettre ce débat en direct, tout en accueillant des militants et des personnalités du PS. Regards croisés sur cette soirée dans notre zoOm pOlitique* de la semaine...

Trois heures de débats...

Jeudi 15 septembre 2011, 20h35... Les yeux sont rivés sur l'écran géant installé salle Camille Claudel, à Dijon. Une centaine de personnes ont d'ailleurs fait le déplacement, l'occasion pour elles de vérifier l'unité - apparente ou sincère ? - affichée par les candidats débatteurs de la soirée sur France 2 : François Hollande - député-maire de Tulle, en Corrèze -, Martine Aubry - maire de Lille et ex-première secrétaire du PS -, Ségolène Royal - présidente du conseil régional de Poitou-Charentes -, Manuel Valls - maire d'Évry et député de l'Essonne -, Arnaud Montebourg, député et président du conseil général de Saône-et-Loire et Jean-Michel Baylet - président du conseil général du Tarn-et-Garonne, également président-directeur général du groupe de presse La Dépêche (Revoir le débat ici).

De fait, la cohésion semblait être le mot d'ordre de la soirée... Jusqu'aux dernières minutes de l'émission, où l'unité a commencé à se fissurer. En bonne calculatrice, Martine Aubry choisit de s'en prendre au favori des sondages - François Hollande - à travers sa proposition de "contrat de génération" [ndlr : Le contrat prévoit d’exonérer de charges patronales un employeur qui garde un senior pour former un jeune embauché en CDI] ou encore sur la réduction ou la sortie du nucléaire. Qu'à cela ne tienne, le principal intéressé mord à l'hameçon et souligne le caractère substitutif de la candidature de Martine Aubry : "Si Dominique Strauss-Kahn avait été candidat à la primaire, il aurait été là, je l’aurais été aussi". Des propos que déplore Thierry Falconet, adjoint au maire de Chenôve (Grand Dijon) : "L'affaire de New-York est derrière nous et a permis de rabattre toute les cartes. Les candidats avaient conclu un accord avant et aujourd'hui, cela relève du privé" (Lire notre article ici).

... entre humour et colère maitrisée !

Devant cette question abordée en toute fin d'émission, la foule présente à Dijon s'émeut : un "Ahhhhhhh" collectif résonne dans la salle. À l'image des commentaires qui auront globalement accompagné l'ensemble des débats partout en France. Car, face à ce véritable marathon télévisuel - près de trois heures de direct -, les militants n'auront certainement pas manqué de relever les interventions diverses des candidats - ricanements comme applaudissements. Après la minute de présentation, chaque candidat a donc passé le "grand oral" devant David Pujadas et Fabien Namias, journalistes de France 2, et Françoise Fressoz, du journal Le Monde. Au tirage au sort, Arnaud Montebourg décroche la première place. Adepte de la démondialisation, il affirme "proposer une rupture, une transformation en profondeur", en souhaitant notamment mettre les banques sous tutelle et taxer les transactions financières. Jean-Michel Baylet, seul non-socialiste de la soirée - il est président du Parti radical de gauche (PRG) -, fustige d'entrée le programme du PS, qu'il récuse, et se démarque des autres candidats sur les questions de société. "La dépénalisation du cannabis ne règle rien, mais la légalisation va plus loin", lance-t-il avant d'aborder la question de l'euthanasie, citant le cas de la Côte-d'Orienne Chantal Sébire, habitante de Plombières-les-Dijon : "il s'agit du droit de donner la mort à partir du moment où la maladie a été reconnue comme incurable".

Vient alors le tour de Ségolène Royal... La touche "humour" pour les militants dijonnais, force est de le constater. Lorsque David Pujadas lui demande si elle a changé depuis 2007, elle répond simplement : "Je suis plus en avant". De quoi provoquer quelques rires dans la salles, qui se répètent lorsqu'elle affirme plus tard : "Si Nicolas Sarkozy se rallie à mes bonnes idées, ça prouve que nous avons perdu cinq ans". Sans surprise, le moment que la majorité des militants présents attendaient survient ensuite : la prise de parole de François Hollande. Favori de cette primaire, celui qui a fait de la Côte-d'Or une des bases arrières de sa campagne (Lire notre article ici) reprend même le présentateur en lui donnant une leçon de mathématiques quant au nombre de postes qui seront créés dans l'Éducation nationale : "Vous avez remarqué que 5x12 font 60. Si nous avons suivi le même socle commun de connaissance... Mais il y a quelquefois des lacunes !". Son premier acte s'il est élu président de la République en 2012 ? Une réforme fiscale pour redresser les comptes publics : "Il a fallu attendre le quinquennat de Nicolas Sarkozy pour que les riches disent : "S'il vous plait, taxez nous !"... De légers applaudissements résonnent même dans la salle à la fin de son intervention.

Martine Aubry et Fidel Castro : même combat ?

Pianotant sur son téléphone portable, le sénateur-maire de Dijon, François Rebsamen, y va même de ses petits commentaires sur Twitter : "Introduction très crédible de François", "Nous développerons de nouvelles sources d'énergie"... La plupart des élus socialistes locaux ont d'ailleurs répondu présents sur la toile, tel Laurent Grandguillaume, adjoint au maire de Dijon, qui se réjouit de "l'affluence de la retransmission", l'estimant même à 150 personnes ! Vice-présidente du conseil régional de Bourgogne, Safia Otokoré commente l'ensemble de la transmission : "La prestation de Ségolène Royal est bien meilleure que celle d'Arnaud Montebourg ou Jean-Michel Baylet", "Segolène Royal excellente, François Hollande, l'espérance", "François Hollande est pour l'instant le seul à être dans la fonction". Rappelons qu'elle occupe le poste de chargé des relations presse au sein de l'équipe de... François Hollande.

David Pujadas accueille ensuite Manuel Valls qui, en bon comptable, ne veut pas débourser un euro de plus et croit même en la TVA sociale, qui se traduit par une hausse de la TVA au profit de la protection sociale. Puis de jeter un froid sur le plateau et sur l'ensemble des militants : "Il faut fermer la France", croit-on entendre alors qu'il évoque l'immigration organisée et planifié. "Il faut faire aimer la France", corrigera rapidement le présentateur... "Fidel Castro, sors de ce corps", twitte ensuite Safia Otokoré, au moment où Martine Aubry s'approche de la tribune. De quoi réveiller Christian Paul, député de la Nièvre, en Bourgogne : "Aubry en 2012, c'est la justice, l'imagination, l'autorité, une vision globale, des solutions concrètes". Sur le plateau, elle doit d'abord défendre son projet socialiste tout en déclinant ses priorités : "Désendettement, suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires et création de 300.000 emplois jeunes".

Le regard des représentants locaux

Bref, une première mi-temps globalement calme, suivie d'une heure de débats à peine moins plats. Quoique... Premier tacle : celui de François Hollande, qui anticipe les reproches de ses adversaires sur sa supposée inexpérience : "Lionel Jospin [ndlr : candidat socialiste aux Présidentielles de 1995 et 2002] m'a associé pendant les cinq ans où il a été Premier ministre [ndlr : de 1997 à 2002] à toutes les décisions [...] Mais, je vous le confesse : je n'ai pas l'expérience présidentielle". Le débat s'oriente ensuite sur les possibles alliances. Manuel Valls voit large en rassemblant au-delà du PS, tout comme Ségolène Royal qui, d'une façon globale, veut transposer ce qui marche dans sa région Poitou-Charentes pour faire de la France, par exemple, "une référence écologique européenne". "Elle a montré qu'elle avait travaillé et s'était enrichie intellectuellement", considère Antoine Hoareau, animateur fédéral des jeunes socialistes de Côte-d'Or. "Elle est plus que jamais capable de défendre les convictions et les valeurs de la gauche. Elle a usé un peu rapidement son temps de parole mais a été la seule à parler de la valeur travail, une des valeurs de la gauche que Nicolas Sarkozy nous avait volée en 2007".

A l'image du débat lors du second tour de la présidentielle de 2007, les échanges ont largement tourné autour du nucléaire : Jean-Michel Baylet dont le représentant local, Patrick Molinoz - maire de Venarey-Les Laumes (21) -, était absent de Dijon mais présent sur le plateau de France 2, défend la centrale, celle-là même qu'il voit par sa fenêtre (sic). François Hollande et Martine Aubry vont eux s'affronter - en se tutoyant - sur l'avenir des centrales, notamment celle de Flamanville, dans la Manche. Pour Arnaud Montebourg, l'homme fort du département de Saône-et-Loire, "cette industrie pose de graves problèmes". "Peace and love", commente Safia Otokoré sur son compte... "Les divergences sur le cannabis sont assez mineures mais sur le nucléaire, le débat est très intéressant et il faudra le poursuivre", précise Michel Neugnot, secrétaire fédéral de Côte-d'Or du PS. "François Hollande a soumis des propositions très précises et les candidats seront amenés à se positionner pour voir ce que chacun s'engage à faire durant un ou deux quinquennats, et non pas sur cinquante ans".

"Ce débat a prouvé la richesse du parti socialiste", conclut François Rebsamen, sénateur-maire de Dijon. "Je crois que la qualité des intervenants de ce soir a prouvé que la gauche était prête. Je salue les candidats mais je soutiens toujours François Hollande, car je crois qu'il est le mieux placé pour battre Nicolas Sarkozy. La participation des militants le jour de la primaire sera, j'en suis sûr, très forte. Ils donneront à notre candidat la force nécessaire pour aller changer cette politique injuste pour notre pays." Un sentiment partagé par son adjoint Laurent Grandguillaume, qui prend à son compte le slogan électoral de François Mitterrand : "François Hollande est une force tranquille qui allie à la fois courage, détermination et réalisme. Il en faudra face à la triple crise, économique, sociale et écologique, qui nous attend". Pour la touche "glamour", il aura fallu attendre le générique de fin : oui, François Hollande et Martine Aubry se sont bien fait la bise tandis que seule une poignée de main a clos le débat entre le favori des sondages et Ségolène Royal, son ex-épouse...

* Pour cette rentrée 2011, dijOnscOpe vous propose un nouveau rendez-vous politique hebdomadaire : le zoOm pOlitique. Publiée chaque samedi en Une de notre journal en ligne, cette interview de personnages politiques locaux ou régionaux permet de mettre en exergue leurs actions et les valeurs de leur parti à travers une série de questions en lien avec l'actualité.

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