
Une ombre menaçante plane sur la liberté de la presse à Dijon ! Les cas de journalistes victimes de menaces et d'intimidations sortent aujourd'hui du domaine de l'exception pour s'inviter sur le terrain des habitudes anti-démocratiques... Une situation dont Reporters sans frontières se fait l'écho dans un communiqué daté du lundi 17 janvier 2011, qui s'alarme d'une "série d'actes inacceptables survenus au cours des derniers mois à Dijon". Jérémie Demay, journaliste pour La Gazette de Côte-d'Or et les Dossiers du Canard Enchaîné, témoigne pour dijOnscOpe des pressions dont il est aujourd'hui l'objet...
Tentative de manipulation contre La Gazette de Côte-d'Or
"Je n'évoquerai que les faits pour lesquels les preuves sont irréfutables", précise d'emblée Jérémie Demay, collaborateur de La Gazette de Côte-d'Or et des Dossiers du Canard Enchaîné. Pour ce journaliste dijonnais, le quotidien a pris un triste tournant depuis la parution d'un article du journal en ligne Rue89.com, dévoilant les dessous du fonctionnement de la chaîne de télévision locale Voo Tv (Lire ici l'article de Rue89, là le nôtre)...
L'enquête, signée d'Augustin Scalbert et Jacques Thomas, s'interroge notamment sur les nominations du président et du directeur général de la chaîne par le sénateur-maire PS de la ville, François Rebsamen, ainsi que sur les intérêts économiques et politiques que partageraient les trois hommes. "Comme je préparais une enquête sur le même sujet pour les Dossiers du Canard Enchaîné, Patrice Tapie, président de la CGPME et président de Voo Tv, tout comme Jean-Louis Pierre, directeur général de la chaîne, ont conclu que j'étais en réalité le second signataire de l'article, ce qui est totalement faux !", raconte Jérémie Demay.
Si l'affaire s'en était tenue là, elle aurait relevé de la mésentente et n'aurait pas franchi la frontière du raisonnable. Pourtant, quelques jours après la parution de l'article, les deux principaux intéressés "ont interpellé publiquement Thomas Barbier, directeur de la Gazette de Côte-d'Or, pour lui demander de me licencier", témoigne-t-il. Et d'ajouter : "On ne voit pas ça en France, normalement ! Heureusement, Thomas Barbier leur a demandé de rester polis et a opposé une fin de non-recevoir à leur demande".
"Éradiquer le journalisme de caniveau"
Comme le fait remarquer le communiqué de Reporters sans frontières (RSF), daté du lundi 17 janvier 2011, le "climat délétère" qui règne dans la capitale des ducs de Bourgogne a connu un nouvel épisode lors de la cérémonie des vœux de la CGPME, lundi 10 janvier 2011 à la mairie de Dijon (Lire ici notre article)...
"Dans une série de vœux enregistrés en vidéo apparaît Jean-Louis Pierre, directeur de la chaîne de télévision locale Voo Tv. Celui-ci a été nommé à ce poste en juillet dernier par François Rebsamen, sénateur-maire de Dijon (PS). Dans la vidéo, Jean-Louis Pierre tient des propos pour le moins étonnants : "Un vœu que j’adresse à François Rebsamen : j’aimerais qu’il fasse passer plus souvent la balayeuse municipale pour éradiquer, une fois pour toutes, le journalisme de caniveau", rapporte l'organisation qui milite pour la liberté de la presse (Voir ici la vidéo).
Menaces contre le groupe Forum Eco
Et de rappeler que des faits similaires étaient survenus lors de la même cérémonie des vœux, en janvier 2009... "Patrice Tapie, président de la CGPME et actuel président de la chaîne Voo Tv, avait demandé aux dirigeants du groupe Forum Eco, groupe propriétaire du Journal du Palais à Dijon, de "faire le ménage dans leur journal", ciblant ouvertement le rédacteur en chef de l’hebdomadaire (ndlr : Patrice Bouillot) dont il avait également demandé la mise à pied", ajoute le communiqué.
Au regard de ces événements, RSF demande ainsi "aux élus, garants des bonnes pratiques démocratiques, de veiller à empêcher toute forme de censure et de pression sur les professionnels des médias locaux". "En tant que premier magistrat de la ville, François Rebsamen doit au plus vite mettre fin publiquement à de tels procédés", conclut le document.