
Haro sur les PCB, PCT et autres pyralènes ! Ces produits synthétiques chlorés sont capables de polluer pendant plusieurs décennies les sols et les rivières. Utilisés comme liquides isolants dans les transformateurs et les condensateurs mais aussi dans certains radiateurs ou autres équipements électriques du fait de leur résistance à la chaleur, les PCB ont aussi la caractéristique d'être nocifs à la santé humaine et parfois même cancérigènes. La loi de 1996 prévoit la réalisation d’un plan d’élimination des PCB pour les appareils les plus contaminés et les détenteurs de gros appareils contenant du PCB avaient jusqu'au 31 décembre 2010 pour se mettre en règle. En 2011, les PCB n'ont pas fini de faire parler d'eux...
Les PCB aiment les tissus gras...
"Les pays européens ont tous été de gros utilisateurs de polychlorobiphényles (PCB) et de polychloroterphényles (PCT), et la France a été une grosse productrice", explique Jacky Bonnemains, président de l'association de défense de l'environnement Robin des Bois. "Depuis trois ans, nous avons dressé un inventaire des sites terrestres pollués. Vous trouvez d'importantes quantités de PCB sur des sites d'usines désaffectées, comme des anciennes papeteries et corderies, et à côté d'anciens transformateurs pillés par des voleurs pour en extraire le cuivre" (En savoir plus ici sur LeMoniteur.fr).
En cas d'incendies, "la combustion des PCB peut se traduire par le dégagement de composés à forte toxicité [...], qui sont surtout connus pour leurs effets cancérigènes", précise le site internet du ministère de l'Écologie et du développement durable. A ce risque de propagations de matières toxiques, auxquelles sont particulièrement exposés les pompiers, s'ajoute "un réel problème sanitaire", estime Jacky Bonnemains, car les PCB sont des substances bioaccumulatives qui ont la faculté de se loger dans les tissus gras des êtres vivants.
"A la pêche aux PCB, je ne veux plus y aller Maman... "
Autre danger des PCB : leur caractère bioamplifiable - ou biomagnifiant, qui fait par exemple qu'un humain consommant un poisson contaminé aux PCB a des chances d'être encore plus atteint par la substance toxique que ne l'était le poisson. Des interdictions de pêches surviennent ponctuellement et la Bourgogne se trouve concernée par l'arrêté du 18 novembre 2009 portant interdiction de consommer et de commercialiser les poissons pêchés sur la partie de l'Ouche depuis l'aval du barrage du lac Kir jusqu'à sa confluence avec la Saône (En savoir plus ici).
Suite à d'importantes teneurs en PCB constatées dans le bassin Rhône Méditerranée – dont fait partie la Bourgogne – un programme d'action 2008-2010 a été mis en place pour analyser les pollutions aux PCB à l'échelle de l'ensemble du bassin (En savoir plus ici). "Pour éviter les déversements sauvages de PCB dans l'environnement, nous menons un gros travail de sensibilisation auprès des détenteurs de gros matériel contenant ces substances. Cette année, la lutte contre les pollutions aux PCB est une priorité au ministère", explique Claude Putavy, de la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) Rhône-Alpes.
NKM contre PCB !
L'affaire des pollutions aux PCB n'est pas nouvelle et le décret du 18 janvier 2001 transpose en droit français la directive européenne du 16 septembre 1996 relative à l’élimination des PCB et des PCT, qui prévoit notamment la réalisation d’un plan d’élimination pour les appareils les plus contaminés. De leur côté, les industriels, artisans, agriculteurs ou particuliers avaient jusqu'au 31 décembre 2010 pour se mettre en règle. Pour l'heure, les résultats du bilan d'élimination des PCB ne sont pas connus. Dès le 23 décembre 2010, Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement, avait affirmé que "de nombreux détenteurs pourraient être en retard dans la mise aux normes de leurs équipements".
"Cette échéance n'a pas été respectée car ce programme d'élimination est en cours depuis 2001. Il s'agit d'un plan trop long car plus il s'étale sur la durée, plus les gens sont tentés de le retarder. De plus, une famille a été oubliée : celle des petits transformateurs, que vous voyez en haut des poteaux électriques", déplore Jacky Bonnemais. Pour le président de l'association Robin des Bois, "Grosso modo, nous pouvons dire que les industriels sont dans les clous car ils ont été régulièrement contrôlés ; le problème, c'est l'État ! Je pense aux mairies, cliniques et aux lycées, dont les responsables ne sont pas nécessairement formés à pratiquer ce genre de vérifications".