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Billet de blog 19 février 2010

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Le recteur de Dijon porte plainte...contre un militant des droits humains

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Entre Bernard Marchois, militant des droits de l'homme, et le recteur de l'académie de Dijon, Florence Legros, ce n'est pas vraiment le courrier des cœurs... Notre article "Une prof rabrouée pour un excès de zèle" publié sur dijOnscOpe.com le jeudi 22 octobre 2009, dans lequel nous exposions une scène pour le moins brutale entre le recteur et une professeur d'Allemand au lycée des Marcs d'Or à Dijon, a en effet suscité une réaction écrite chez le militant. La missive semble avoir déplue au recteur, qui a porté plainte !... Retour sur une polémique en pleine renaissance.

Décidément...


Bernard Marchois n'en est pas à son premier coup d'essai... Déjà, dans l'un de nos tous premiers articles publié le mardi 1er septembre 2009, "Marchois, je te vois", ce militant des droits de l'homme revenait sur son audition par la gendarmerie après qu'un Officier de Police Judiciaire de Marseille ait porté plainte : il lui avait en effet envoyé une lettre dans laquelle il lui disait son indignation sur l'affaire du professeur de philosophie ayant crié : "Sarkozy je te vois !" en pleine gare Saint Charles, dont l'OPJ était l'instigateur de la poursuite au pénal. "J'ai une démarche tous azimuts : quand je crois déceler une injustice ou un comportement scandaleux, tout d'abord je vérifie les faits et ensuite j'écris à la personne concernée", explique Bernard Marchois.

50 témoins


Aussi, quand il tombe sur notre article "Une prof rabrouée pour un excès de zèle", le militant est scandalisé. Dans ce papier, nous relations une scène en date du 21 octobre 2009 au lycée des Marcs d'Or de Dijon qui, ce matin-là, inaugurait une campagne de promotion de l'Allemand en formation professionnelle. Alors qu'un film (amateur) sur le sujet se terminait, présenté par un professeur d'allemand, le recteur de l'Académie de Dijon explosait devant la cinquantaine de personnes présentes dans l'assemblée qui en restaient bouche bée... Constatant l'absence du logo de l'académie, Florence Legros intervenait en effet brusquement : "Il n'y a pas le logo de l'Académie !". A quoi le professeur avait répondu, liquéfié : "Mais, mais c'est un travail personnel, madame". Le recteur lui avait alors froidement lancé : "Qui est-ce qui vous paye ?"...

Un style bien trempé


Un manque de tact que Bernard Marchois comptait bien relever... Le 2 décembre 2009, il s'empare de sa plume et écrit au recteur un courrier, comme un réflexe. Puis il passe à d'autres choses, écrit d'autres courriers comme il en a l'habitude. C'est alors que deux mois et demi plus tard, il reçoit une convocation à la gendarmerie d'Arc-sur-Tille. Et le mardi 16 février 2010, il est auditionné par cette dernière afin de donner des explications sur le sens de sa lettre écrite au recteur qui a porté plainte... Il faut bien reconnaître que le militant n'y a pas été de main morte dans ce fameux courrier. Extrait : "Devant des comportements aussi caricaturalement scandaleux, je ne puis que vous conseiller, soit d'envisager une thérapie zen, soit, en cas d'échec, de prendre la présidence d'une structure dans laquelle on puisse donner libre cours à son inhumanité". Et le militant d'achever sa missive : "Pourquoi pas France Télécom ?"...

7.500 euros d'amende et six mois de prison


Pas vraiment des mots d'amour donc mais selon le militant, seul un ton soutenu éveille l'intérêt de ses interlocuteurs : "Les lettres d'une courtoisie du 18e siècle, ça ne sert à rien. Il faut parfois forcer un peu le trait. Aussi, je ne conteste pas que ma lettre est un peu vive et d'ailleurs, je ne le regrette pas. Elle n'a pas été écrite sans réflexion préalable. Alors oui, j'encours des risques ; mais au fond, il y a une réaction !". Dans son audition par la gendarmerie, Bernard Marchois se défend d'avoir eu l'intention d'insulter le recteur mais explique qu'il s'agissait simplement d'un rappel à un haut fonctionnaire à son devoir d'exemplarité. Pour ce "rappel", il encourt jusqu'à 7500 euros d'amende et six mois de prison pour outrage à agent de la fonction publique. "Ce sera au procureur, Éric Lallement, d'en décider" : soit le Parquet requiert, soit il classe sans suite...


* Joint par téléphone, le service communication de l'Académie de Dijon a assuré que le recteur ne souhaitait pas communiquer sur cette affaire.

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