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Billet de blog 19 février 2011

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Forum social de Dakar : "Un autre monde est possible !"

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Du soleil et l'idéal de meilleurs lendemains... Du 1er au 06 février 2011, 75.000 personnes ont élu résidence à Dakar, au Sénégal, pour y penser un monde sans G8 ni paradis fiscaux. Eclipsés dans les médias par la venue de Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste (PS), les propos tenus lors de ce forum social mondial sont pourtant incontournables : ils déterminent le programme d'actions et les pistes de réflexion de tous les groupes altermondialistes de la planète pour l'année à venir ! Noufissa Mikou, membre d'Attac 21, et Jean Dupraz, représentant de l'antenne régionale d'Oxfam France, racontent pour dijOnscOpe cette joyeuse expérience...

La joie, les révolutions arabes et... Martine Aubry

"Jamais un forum social mondial n'avait connu autant de joie !", commence Noufissa Mikou, membre de l'organisation Attac en Côte-d'Or. C'est peu dire : au Nord du continent africain, pendant que les participants discutaient des affaires du monde, les peuples tunisien et égyptien descendaient dans la rue pour changer le leur... "Ce printemps arabe pour la démocratie, la liberté et la justice sociale a donné une couleur particulière au forum social de Dakar : l'idée qu'un changement est possible, que le monde n'est pas figé dans ses travers, était rendue concrète presque sous nos yeux !", ajoute Jean Dupraz, représentant local d'Oxfam France.

Du côté de l'ambiance, celui-ci rapporte une effervescence inattendue, notamment de la part des étudiants sénégalais. "Le recteur de l'Université de Dakar, arrivé un mois avant le forum social qui se tenait sur son campus, ne voulait pas s'en occuper, probablement pour des raisons politiques. Les étudiants n'étaient donc pas prévenus de l'arrivée massive de militants des quatre coins du monde !", raconte-t-il. Et de préciser : "Après la gigantesque marche inaugurale du forum, ceux-ci ont finalement rejoint les ateliers, grossissant de moitié les rangs des participants. Certains d'entre eux, qui n'avaient pas encore eu la chance de décrocher un accès à l'université, ont même monté une association à cette occasion, scandant des slogans en direction du recteur tels que "La situation d'Egypte n'est pas exclue ici !". Pendant cinq jours, 75.000 personnes ont ainsi réfléchi le monde par le biais de centaines d'ateliers thématiques...

Seule déception pour Jean Dupraz : la faible couverture médiatique de l'événement en France. "Un après-midi sur le forum, j'ai aperçu un énorme attroupement de journalistes. M'approchant de la scène, j'ai compris pourquoi ils étaient présents... Martine Aubry, première secrétaire du PS, avait fait le déplacement jusqu'à Dakar et finalement, les questions n'ont porté que sur la candidature de Dominique Strauss-Kahn à la primaire socialiste. Alors que des centaines d'associations et de caravanes avaient fait le déplacement des quatre coins du monde pour présenter leur travail, tous les projecteurs étaient braqués sur un sujet de politique française : c'en était presque indécent"...

"Un autre monde est possible !"

Pendant cinq jours, les rencontres ont été nombreuses pour les Côte-d'oriens qui ont fait le déplacement. Souvent, celles-ci ont offert un message d'espoir. C'est le cas, par exemple, de l'échange avec le représentant du président brésilien : "Il a rappelé comment, dans son pays, l'ancien président Lula s'était opposé au capitalisme mondial pour le bien de ses citoyens... En partant du principe que chaque Brésilien doit avoir les moyens de satisfaire ses besoins élémentaires, il a mis en place une série d'actions qui contribuent aujourd'hui au mieux-être de la population", raconte Jean Dupraz.

Du côté de l'Equateur, également, les histoires positives ont été nombreuses... "On le sait peu mais l'une des principales ressources de l'Equateur est le pétrole", note Noufissa Mikou. Et de préciser : "Alors que des gisements ont été découverts en pleine forêt tropicale, où vivent des populations nombreuses, le président Rafael Correa a décidé de ne pas exploiter ces ressources tout en demandant une aide mondiale pour pallier le manque-à-gagner économique. Voilà un bel exemple de ce que peut faire un Etat en pensant davantage aux personnes qu'aux richesses à accaparer".

Au regard des actions menées dans les pays d'Amérique latine, Jean Dupraz se réjouit de ces preuves "qu'un autre monde est possible à partir de l'action des dirigeants mais, surtout, de celle des sociétés civiles".

2011, année d'actions internationales

Suite aux nombreux ateliers qui ont rythmé la semaine des militants, des "assemblées de convergence" ont ensuite synthétisé les directions que prendront les luttes altermondialistes à travers la planète en 2011. "Nous avons par exemple reçu un appel à la convergence des résistances contre les futurs G8 et G20, qui se tiendront respectivement en mai à Deauville et en novembre à Cannes", remarque Noufissa Mikou.

"Nous refusons de laisser aux puissants le droit d’imposer leurs solutions à des crises qu’ils ont engendrées", précise le texte de l'appel. Et de continuer : "C’est pourquoi, nous appelons à faire des G8 et G20 en France des moments de convergence de toutes les résistances : luttes contre l’opacité et la dérégulation de la finance, contre la dette illégitime au Nord comme au Sud, contre les politiques d’austérité et pour les services publics, pour des modes de production et de consommation qui préservent la planète, contre les dictatures, la militarisation et le colonialisme et pour les droits démocratiques des peuples". A Dijon, une action est déjà programmée à l'occasion du G8 Education-Recherche qui se tiendra les 05, 06 et 07 mai 2011.

Outre le lancement d'une nouvelle campagne "Stop aux paradis fiscaux", le forum social mondial de Dakar aura également été l'occasion d'un appel contre les accaparements de terres paysannes par les Etats et entreprises privées. "Considérant que les récents accaparements massifs au profits d'intérêts privés ou d'Etats tiers ciblant des dizaines de millions d'hectares portent atteinte aux droits humains en privant les communautés de leurs moyens de production et menacent le droit alimentaire des populations rurales, nous en appelons aux parlements et aux gouvernements nationaux pour que cessent immédiatement tous les accaparements fonciers massifs et que soient restituées les terres spoliées", demande l'appel. Traversé par un élan d'optimisme, le forum social mondial de Dakar aura donc également donné le top départ des nombreuses actions militantes qui rythmeront l'année... "Ce rendez-vous a fourni aux sociétés civiles les clefs pour dénoncer les failles du pouvoir : à elles, désormais, d'enclencher le mouvement !", conclut Jean Dupraz.

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