Si les Bourguignons tels Pierre Larousse - créateur du dictionnaire du même nom - ou encore Gustave Eiffel - à qui l'on doit une vieille dame surplombant Paris - ne sont plus à présenter, les Bourguignonnes elles parcourent plus discrètement l'histoire de la région. Certes, rappelons l'histoire d'amour de la Marquise de Sévigné pour le château d'Époisses, en Côte-d'Or, ou encore les sentiments moins tendres de Jeanne-d'Arc pour les Bourguignons, qui la vendirent aux Anglais pour la somme de 10.000 livres… Néanmoins, d'autres femmes du cru, plus ou moins célèbres, ont bel et bien marqué l'histoire du pays…

- Herminie Cadolle, la libératrice !
Lors de l'Exposition universelle de 1889 - pour laquelle la tour Eiffel est construite -, l'Icaunaise Herminie Cadolle présente sa nouvelle invention : le premier soutien-gorge ! Mata Hari, la duchesse de Windsor ou encore Coco Chanel ont été les ambassadrices de cette innovation qui, si elle n'a pas révolutionné le monde (des hommes) - quoique ! -, a du moins libéré bien des femmes de l'oppression du corset... Née en 1845 dans le village de Saint-Fargeau, dans l'Yonne, Herminie Cadolle est la première femme à avoir l'idée de couper en deux le traditionnel corset féminin. Le brevet qu'elle dépose porte alors le nom de "corselet gorge". Peu de temps après, elle convainc les filateurs de Troyes (Aube), de mettre du caoutchouc dans les fils des tissus pour les métiers circulaires : ce fil élastique - appelé "fil de gomme" - allait détrôner les baleines et les lacets. L'entreprise Cadolle existe désormais depuis six générations et s'est installé au 24 de la chaussée d'Antin, à Paris. À l'époque, le quartier était résolument celui de la mode avec les Galeries Lafayette à deux pas de la boutique. Près de deux cents ouvrières travaillent alors pour répondre à la demande, qui se fait d'une façon originale pour l'époque. En effet, Herminie Cadolle s'inspire des pratiques en vogue aux États-Unis et propose une vente par catalogue et donc par correspondance...
Pour en savoir plus : Au bon marché 1869-1920 : Le consommateur apprivoisé de Michael Miller (1987).
- La Mère Poulard, elle en fait tout un plat !
Avant d'attirer les touristes avec une omelette devenue l'emblème gastronomique de la cité touristique du Mont-Saint-Michel (Manche), la Mère Poulard fut Bourguignonne ! Pour les fins palais, la recette de cette omelette est connue mais pour la plupart, elle reste une spécialité légendaire que seul le restaurant du Mont-Saint-Michel peut proposer... Pourtant, le 16 avril 1851, quand Anne Boutiaut - que sa famille surnomme volontairement "Annette" - voit le jour à Nevers, dans la Nièvre, rien ne la prédestine à conquérir une renommée internationale. Dans son ouvrage La Mère Poulard, Émilie Couillard explique qu'elle fut d'abord femme de chambre au service d'Édouard Corroyer, architecte en chef des monuments historiques. Elle le suit quand ce dernier se voit confier par le gouvernement la restauration de l'abbaye qui surplombe la commune du Mont-Saint-Michel, alors composée de... quarante-deux habitants. Elle se marie en 1873 avec le fils du boulanger, Victor Poulard ; tous deux prennent la direction de l'hostellerie de la Tête d'Or. Là, pour faire patienter ses clients, Annette offre une omelette, un concept qu'elle dupliquera en observant le rythme de la cité. En effet, à l'époque, les touristes étaient dépendants des marées car la grande digue n'existait pas ; ils arrivaient donc par vague à toutes heures. L'omelette était donc un moyen rapide de proposer un plat chaud. Si en 1900, le repas ne coûtait que 2,50 francs, force est de constater que les prix ont quelque peu flambé aujourd'hui...
Pour en savoir plus : La Mère Poulard d'Émilie Couillard, édition La découvrance Eds (1997).
- Marguerite Guérin, la passion du shopping
Comment une gardienne d'oie illettrée peut-elle devenir l'une des plus grandes fortunes de France ? Loin d'être un conte de fées, l'histoire de cette jeune fille, Marguerite Guérin, est tout de même atypique. Née le 03 janvier 1816 dans la commune de Verjux, en Saône-et-Loire, elle monte à Paris à la mort de sa mère et trouve un emploi chez une blanchisseuse avant d'acheter un petit restaurant que fréquentera son futur époux, Aristide Boucicaut. En 1848, Marguerite et Aristide rencontrent Paul Videau, avec qui ils feront l'acquisition du Bon marché en 1852 (En savoir plus ici), situé sur la rive gauche. Ils le rachètent en totalité en 1863, avant de se lancer dans une vaste opération de transformation. Le 09 septembre 1869, la première pierre du futur magasin est posée : l'architecte Louis-Charles Boileau et l'ingénieur dijonnais Gustave Eiffel, alors pionniers de l'utilisation du fer et du verre dans les bâtiments, ont la tâche de gérer les travaux de ce qui sera le tout premier grand magasin de Paris. Avec cinq étages et deux sous-sols, l'édifice sera le cœur de l'intrigue du roman d'Émile Zola, Au Bonheur des dames. L'auteur le décrit alors comme "une cathédrale de commerce pour un peuple de clients". Quand il décède en 1877, Aristide Boucicaut laisse à sa veuve une entreprise de 1.788 employés - contre 12 en 1852 - et réalisant un chiffre d'affaires de 72 millions de francs par an ! Cette dernière fondera en 1910 le seul palace de la rive gauche, le Lutetia.
Pour en savoir plus : Au bon marché 1869-1920 : Le consommateur apprivoisé de Michael Miller (1987).
- Colette, l'extravagante écrivaine
Auteure de cinquante livres, Gabrielle Sidonie Colette - plus connue sous le nom de Colette - a fait ses premiers pas à Saint-Sauveur-en-Puisaye, dans l'Yonne, le 28 janvier 1873. Issue d'une famille peu aisée, elle tient de son père - général à l'armée - la passion de la littérature. Dès l'âge de 20 ans, elle se marie avec Henry Gauthier-Villars, surnommé Willy, un auteur de romans populaires, qui l'encourage à écrire ses mémoires - la série des Claudine - qu'il publie sans aucune vergogne sous son propre nom ! Après son divorce en 1906, Colette signera ses ouvrages et débute une carrière de music-hall. Là, elle partage la vie d'une autre femme, Mathilde de Morny : un scandale pour l'époque. En 1928, elle est promue officier de la Légion d'honneur et entre à l'Académie Goncourt en 1945. Lors de son décès le 03 août 1954, l'Église refuse de célébrer ses obsèques au motif qu'elle avait divorcé à deux reprises, selon la version officielle. Un musée lui est désormais consacré dans sa commune d'origine tandis que chapeauté par la Direction des affaires culturelles du conseil général de l'Yonne, le Centre d'études Colette propose aujourd'hui de rendre la documentation sur l'auteure accessible au public. Ainsi, à travers différents ouvrages et plusieurs expositions, le centre revient sur la biographie de cette Bourguignonne d'exception...
Pour en savoir plus : Musée Colette
89 520 - Saint-Sauveur-en-Puisaye
Tél : 03 86 45 61 95 / Fax : 03 86 45 55 84
Ouvert tous les jours du 1er avril au 31 octobre de 10h à 18h ; fermé le mardi.
Tarifs : 5€ (adultes), 4€ (groupes < 20 personnes), 2€ (étudiants et groupes scolaires), gratuit (enfant de moins de 10 ans).
- Claudie Haigneré, la tête dans les étoiles...
Bachelière à 15 ans, en cinquième année de faculté de médecine à 20 ans, Claudie Haigneré affiche un parcours exceptionnel ! Son curriculum vitae est tout aussi impressionnant puisqu'elle est déjà ex-médecin, rhumatologue, chercheuse, spationaute et ministre ! Celle qu'on appelle encore à l'époque Claudie André-Deshays nait le 13 mai 1957 au Creusot, en Saône-et-Loire, où elle passe enfance et adolescence. Elle suit des études de médecine aux universités de Dijon et de Paris - Cochin-Port Royal et Paris V-René Descartes - avant de débuter sa carrière scientifique en 1985. Elle est alors chercheuse au laboratoire de physiologie neurosensorielle du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Du 17 août au 02 septembre 1996, elle participe au vol de la station orbitale franco-suisse Mir. Elle tient un journal de bord, constituant la dernière partie de l'ouvrage de Yolaine de la Bigne, Une Française dans l'espace. La journaliste narre la vie de celle qui est habilitée à commander un vaisseau Soyouz. Trois ans plus tard, Claudie intègre l'Agence spatiale européenne (ESA) et participe en 2001 à la mission Andromède à bord de la Station spatiale internationale (ISS). Après deux vols (Voir le résumé des vols ici) et l'obtention du statut de première spationaute française de l'histoire, elle tire sa révérence et se lance dans la politique avant de présider Universcience, un établissement public issu du rapprochement entre le Palais de la découverte et la Cité des sciences et de l'industrie.
Pour en savoir plus : Une Française dans l'espace de Yolaine de La Bigue, édition Plon (2001).