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Dijon / Bourgogne

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Billet de blog 20 octobre 2009

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Le plan de relance... et après ?

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"Quand le bâtiment va, tout va…". C’est sûrement parce que l’adage est juste que le gouvernement a mis l’accent de son plan de relance sur le secteur du Bâtiment et des Travaux Publiques (BTP). En Bourgogne, cela représente pour les deux années à venir une contribution supplémentaire de 60 millions d’euros de l’État au profit de plus de 70 chantiers. Un coup de pouce jugé positif par certains professionnels, mais pas suffisant pour les rassurer quant à leur avenir...


60 millions d'euros pour faire des heureux


Au 31 décembre 2010, l'ensemble des programmes du plan de relance devra être exécuté. Après, il sera trop tard... En clair, une course contre la montre est engagée pour dépenser l'argent de la relance. Et notamment, en Bourgogne, les 60 millions d'euros alloués à la réalisation de 70 chantiers. "C'est une ardente obligation que cet argent soit dépensé", assure Olivier Marliere, chargé des finances au Secrétariat Général pour les Affaires Régionales (Sgar). Pour le moment, les chiffres annoncés sont plutôt positifs puisque le taux d'engagement du programme atteint 68,50 % au 15 octobre 2009, avec un taux de paiement des entreprises de 46,87 % : "Cela représente respectivement les crédits engagés par un contrat et les paiements versés au fur et à mesure des travaux", explique le fonctionnaire. En considérant ces chiffres, il apparaît donc que presque trente millions d'euros ont d'ores et déjà été distribués dans la région. En période de crise, l'aide n'est pas négligeable. "Le plan de relance nous a aidé. Sans cela, ça aurait été la crise générale !", assure le chef d'une entreprise de maçonnerie. Et même si une petite SARL comme la sienne n'a pu qu'en ramasser les miettes, "les grosses entreprises étant les seules à pouvoir avancer le coût des travaux et donc répondre aux appels d'offres", elle a au moins profité indirectement de l'argent de la relance grâce à la sous-traitance des grands groupes.

L'argent est arrivé, sans se presser...


Pour certains, l'image de l'État comme bienfaiteur du BTP est un peu exagérée. En Bourgogne, les projets figurant au programme du plan de relance ne viennent pas d'être inventés. Ils étaient en effet déjà prévus, mais auraient dû être réalisés dans un, deux ou trois ans. Ou inversement... "En 2008, dans le secteur du patrimoine, un grand nombre de chantiers ont été arrêtés en raison de la baisse des crédits, explique Philippe Julien, président de Hory Marçais, spécialisé dans la restauration des monuments historiques. Cette année-là, j'ai perdu cinq chantiers pour un montant de 700 000 euros. Avec ce plan de relance, ils ont relancé ces mêmes projets un an plus tard. Au final, ils ont donc économisé un an de crédits quand pour nous c'était la misère".

La guerre des prix


Quoiqu'il en soit, ce coup de pouce de l'État n'a pas empêché pour autant la crise du secteur. Les appels d'offres se raréfient, au moins autant que les devis : "Nous n'avons aucune visibilité sur le carnet de commandes au delà de deux ou trois mois", affirme Olivier Louge, directeur opérationnel de Leader Interim. L'entreprise, directement liée au secteur, a vu son activité dégringoler de 35 % au premier semestre 2009 par rapport à la même période en 2008. De même, le patron de la maçonnerie reconnait un été catastrophique. Quant à Philippe Julien, il tient le même discours peu enthousiaste : "C'est le premier jour depuis un moment où il n'y a aucune activité sur le dépôt d'entreprise". L'inverse n'est en effet pas bon signe : avoir une activité de dépôt, cela signifie entre autres qu'il n'y a pas de travail. Plus ou moins au chômage technique, les salariés traitent de tâches peu rentables pour l'entreprise... Et justement, plutôt que de se tourner les pouces, certaines entreprises préfèrent casser les prix pour faire travailler coûte que coûte leurs employés et avoir ainsi un minimum de rentrée d'argent. Du fait de la concurrence, les prix auraient ainsi chuté de 15 à 25 %.

Après, qui vivra verra...


Depuis le mois de septembre, tous s'accordent à dire que le secteur connaît un "léger frémissement". Mais pour combien de temps ? Le plan de relance et ses 60 millions d'euros arrivera d'ici un an et demi à son terme. Sans compter que plus de la moitié des crédits sont d'ores et déjà engagés. Une fois que la totalité de l'argent de l'État sera dépensée, certains se demandent si "le marché privé prendra le relais du marché public". Pour d'autres, l'année 2010 pourra être décisive selon le résultat des élections régionales : " Cela a un réel impact. Selon la présidence en place, des devis peuvent être mis de côté. Il y a des chantiers qui peuvent être retardés aussi... Bref, cela contribue à l'incertitude générale. Et dans le secteur, on se dit toujours que les choses peuvent être pires qu'elles ne le sont déjà". Faute de reprise, il sera toujours temps d'imaginer un Plan de relance II...

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