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Dijon / Bourgogne

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Billet de blog 21 janvier 2011

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Menace sur les urgences : "Un hôpital n'est pas une banque !"

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"Les hôpitaux ne sont pas des banques !", "Le gouvernement a menti au sujet de leur financement", "La loi Bachelot est une mauvaise loi" : en visite au Centre hospitalier universitaire de Dijon (CHU), mardi 18 janvier 2011, Patrick Pelloux, président de l'association des médecins urgentistes de France, n'a pas mâché ses mots ! Retour sur cette rencontre-éclair au cœur du nouveau service des urgences au CHU du Bocage...

"Indignons-nous !"

Vingt minutes chrono, discours millimétré, verve bien rodée : Patrick Pelloux, président de l'association des médecins urgentistes de France, n'a pas outrepassé les limites du protocole. Dans le cadre de son tour de France des hôpitaux, il rencontre chaque semaine directeurs d'établissements, personnels et journalistes pour un échange rapide. Mardi 18 janvier 2011, lors de son escale au Centre hospitalier universitaire de Dijon (CHU), il commence par esquisser un tableau optimiste : "En cette période où la désespérance est si facile, je suis ravi de voir qu'à Dijon, le service public a réussi à financer des urgences grandes et propres comme celles-ci".

Très vite, le ton de Patrick Pelloux change... "Mis à part ce constat positif, je m'associe à Stéphane Hessel pour exprimer mon indignation" (ndlr : référence au dernier ouvrage de l'auteur : Indignez-vous !). Et de préciser : "Le gouvernement nous a menti au sujet du financement des missions d'intérêt général. En 2010, le chef de l'Etat, qui souhaite que les hôpitaux soient bénéficiaires, a gelé 20% de l'enveloppe promise !". Une coupe dans les budgets, qui représente selon lui près de dix millions d'euros à l'échelle du CHU Dijon.

"Un hôpital n'est pas une banque ! Il ne s'agit pas de faire du chiffre mais bien de servir l'intérêt général. Clairement, le gouvernement est en train de nous amputer de moyens de secours et d'entraide", continue Patrick Pelloux.

La montée en puissance du secteur privé

Pourquoi de telles coupes dans les budgets ? "Les personnels font leur maximum mais j'ai l'impression que l'objectif de certains hommes politiques est bien de casser coûte que coûte cette envie au profit du secteur privé", analyse-t-il. "Comme par hasard, à l'heure où des millions d'euros sont retirés du CHU, la Générale de santé va installer une antenne à Dijon !".

Pour le président de l'association des médecins urgentistes, cet exemple est applicable à l'ensemble du territoire français. "Il suffit d'observer la gestion de crise lorsque la neige a paniqué Paris, en décembre 2010 (Lire ici LeJdd.fr). Les urgences ont dû gérer un nombre incalculable de bris de chevilles et de poignets : comme les moyens manquent, les hôpitaux ont été contraints de déléguer certaines missions aux cliniques [...]. Finalement, ces dernières ont fait leur job et pas les hôpitaux... Pour un gouvernement, il est ensuite facile de dire que le service public n'a pas rempli sa mission !".

Les urgences, un problème d'image ?

Selon Patrick Pelloux, les urgences souffrent également d'un problème d'image : "La culture interne aux hôpitaux ne les aide pas ! Souvent, les services font la distinction entre "beaux malades" et "vilains malades" - ceux qui viennent des urgences. Sur quoi basent-ils ce préjugé ? Ils estiment que, pour beaucoup, les patients traités par ce service relèvent de la bobologie". Et de poursuivre : "Il est très facile de dire cela... Pour ma part, je peux vous garantir qu'aucun des patients que nous recevons aux urgences ne vient là pour le plaisir !".

La loi relative à la dépendance que prépare actuellement Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale ? "Elle a fait une très mauvaise loi pour les hôpitaux ; elle ne risque pas d'en écrire une bonne pour la dépendance !", tempête Patrick Pelloux (Lire notre article ici). Le président des médecins urgentistes de France estime qu'elle sera même "épouvantable", au regard de la manière dont elle est préparée : "Sans négociations mais seulement par une consultation d'experts, en qui l'on peut difficilement avoir confiance si l'on étudie un peu la récente affaire Médiator (Lire ici Libération.fr et MédiaPart.fr)".

Tout irait donc au plus mal du côté des urgences ? "Vous avez quand même un beau service", conclut Patrick Pelloux en direction des personnels urgentistes présents. Avant d'aller dédicacer son livre Histoire d'urgences - Tome 2, à la librairie Grangier de Dijon...

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