«Avec Sarkozy, c'est la République des riche», titre la Une de L'hebdo des socialistes, faisant ainsi suite au vote par les députés, mardi 14 juin 2011, du projet de loi de finances rectificative qui allège l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et supprime le bouclier fiscal (Lire ici l'article du Parisien.fr sur le sujet). L'illustration est également parlante: une Marianne est affublée de lunettes de soleil «aviateur», chères au président de la République (Consulter ici la Une)...

Ainsi, le parti socialiste part en campagne contre la "République des riches", comme le note une dépêche Reuters : "Le PS a calculé que les "1,8 milliard d'euros d'impôt de solidarité sur la fortune offerts aux plus riches" représentaient 60.000 recrutements de policiers ou 70.000 postes d'infirmières. "On n'a pas autre chose à faire aujourd'hui que donner 700 millions d'euros aux 1.900 familles françaises les plus riches ?", a dénoncé le porte-parole du PS, Benoît Hamon, lors d'une conférence de presse. "C'est un racket sur l'État, un hold-up sur les services publics". Avec ces 700 millions d'euros, l'Etat aurait pu construire ou réhabiliter 41 collèges, construire 5.000 nouveaux logements sociaux ou financer le Revenu de solidarité active (RSA) de 67 personnes, selon les calculs du PS. "Qui va payer quatre fois moins d'impôts entre 2010 et 2012 ? Liliane Bettencourt", ironise aussi le PS à propos de l'héritière de L'Oréal, la femme la plus riche de France" (Lire ici l'article).
Mais suite au lancement de la campagne, le journal en ligne Atlantico.fr s'interroge : "La gauche a-t-elle un problème avec les riches ?" (Lire ici l'article). Pour y répondre, la sociologue spécialiste de l'étude des classes supérieures de la société, Monique Pinçon-Charlot : "L’un des candidats à la primaire socialiste, François Hollande, avait eu cette parole malheureuse, en 2007, lorsqu’il déclara "je n’aime pas les riches". Il avait parlé d’un seuil de 4.000 euros à l’époque. Cela nous avait amusé car il n’y a pas de seuil de richesse qui soit définissable. Vous avez aujourd’hui un seuil de pauvreté fixé à 945 euros, mais pas de seuil de richesse"....
Et d'analyser : "Sociologiquement, la gauche est hétérogène : elle compte en son sein des personnes qui vivent dans une situation très modeste, tout comme de grands bourgeois qui possèdent tous les symboles de la richesse et du pouvoir, avec à la fois l’argent, la culture et les relations... (...) Cela semble lui poser un problème d’associer l’argent à l’art : on n’aime pas mêler le prix d’un livre à la valeur littéraire d’un livre, par exemple. En revanche, du côté de l’oligarchie dominante, (...) on se situe en permanence dans le cumul, dans la multidimensionalité. La richesse économique se cumule ainsi avec la richesse culturelle et la richesse sociale : contrairement à ce que pensent souvent les gens de gauche et les intellectuels, quand on est né dans les beaux quartiers avec une cuillère en or dans la bouche, on n’est pas forcément béotien pour autant".
Pour Les Inrocks.com, il s'agit avant tout pour le PS de surmonter l’affaire DSK en s’opposant à Nicolas Sarkozy : "Plusieurs candidats déclarés ou pressentis à la primaire se placent d’ores et déjà sur le terrain de la morale publique et de l’éthique personnelle. "Le bling-bling DSK et le bling-bling Sarko sont dans un bateau, commence un strauss-kahnien sur le ton de la boutade. Le bling-bling DSK tombe à l’eau. Qu’est-ce qui reste ? Sarko...” Quant au jeu des attaques, il ajoute : “La droite fait une erreur en disant que la gauche est moralement disqualifiée par l’affaire DSK et ses à-côtés” comme la fortune d’Anne Sinclair utilisée pour financer la défense de son époux. “On peut être à gauche même si on a une femme fortunée, répond David Assouline, secrétaire national en charge de la communication au PS. Avoir une femme riche, ce n’est pas un acte d’accusation supplémentaire qui, indépendamment des faits, viendrait accabler quelqu’un". (Lire ici l'article).