dijOnscOpe

Abonné·e de Mediapart

Billet publié dans

Édition

Dijon / Bourgogne

Suivi par 18 abonnés

Billet de blog 22 juin 2011

dijOnscOpe

Abonné·e de Mediapart

Nadine Morano : "Il faut revaloriser l'intelligence de la main !"

dijOnscOpe

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Alors que la proposition de loi UMP portant sur le développement de l'apprentissage est en cours d'étude à l'Assemblée Nationale - son adoption devrait survenir avant le 15 juillet 2011 -, Nadine Morano, ministre chargée de l'apprentissage et de la formation professionnelle, poursuit son tour de France. Elle a ainsi posé ses valises à Dijon lundi 20 juin 2011, l'occasion d'accorder ses violons avec François Patriat, président de la région Bourgogne. En effet, tous deux ont parlé d'une même voix, avant de signer un contrat d'objectifs et de moyens pour soutenir la filière...

Une région plutôt bonne élève

La ministre chargée de l'apprentissage et de la formation était donc en opération séduction. En juin 2011, elle parcourt la France pour valoriser une filière trop souvent décriée : "Quelle erreur de considérer l'apprentissage comme une voie de garage, on ne le dit pas suffisamment !", clame-t-elle tandis que deux jeunes lui expliquent le but de leur formation. À ses côtés, François Patriat, sénateur et président de la région Bourgogne, ne cache pas sa joie : "C'est ce que je répète chaque jour !". De fait, sa région fait office de bon élève en matière d'apprentissage et a même été portée au rang d'exemple lors d'une question posée au Sénat le 10 mars 2011. Elle se situe en effet au troisième rang - derrière les régions Provence alpes Côte-d'Azur et Rhône Alpes - pour ce qui est de l'effet levier du contrat d'objectifs et de moyens, avec 23 millions d'euros d'efforts propres sur la période 2005-2010.

Arrivant à son terme, ce contrat se devait d'être renouvelé et était le but premier de la visite de la ministre. Après la région Languedoc-Roussillon, la Bourgogne constituait donc la seconde signature pour un engagement sur une période allant de 2011 à 2015. Se basant sur les efforts consentis par l'Allemagne qui n'enregistre que 11% de chômage chez les plus jeunes - contre 20% en France - une nouvelle politique est mise en place : "Le 1er mars, le président de la République a eu un discours fondateur en la matière, explique Nadine Morano, une véritable révolution culturelle [...] pour éviter que les jeunes ne se perdent dans les méandres de l'université, nous nous devons de mieux les orienter".

37,5 millions d'euros débloqués

Et pour ce faire, l'apprentissage doit d'abord arrêter de pâtir d'une image dégradante. Depuis 2005 et la signature du premier contrat avec Laurent Hénard, secrétaire d'État à l'insertion professionnelle des jeunes, trois centres de formation et d'apprentissage (CFA) ont été créés, de gros investissements ont été réalisés dans douze centres et 49 formations ont été ouvertes du niveau 5 au niveau 1. Si les efforts consentis par la Bourgogne - un budget de 60 millions d'euros par an - ont été impactés par la crise économique, la région est passée de la 19ème à la 7ème place entre 2004 et 2008 en matière de ressources par apprenti. "Notre région a été douloureusement impactée par la crise, commente François Patriat, puisque nous avons perdu près de 20.000 emplois depuis 2008 et que le taux de chômage a augmenté de plus de 30% en deux ans".

Par cette signature, l'État prend un nouvel engagement financier avec la région Bourgogne : "Nous avons une compétence partagée avec la région s'agissant du développement de l'apprentissage, affirme la ministre. Donc nous avons signé un accord-cadre qui nous engage à hauteur de 37,5 millions d'euros", soit un chiffre en augmentation de près de 32%. En dépassant pour l'occasion les clivages traditionnels entre courants politiques, les deux représentants ont souhaité envoyer un message fort : "Il faut revaloriser l'intelligence de la main", affirme pour sa part la ministre. Dans la région, 13.000 apprentis devraient bénéficier de ce contrat, un chiffre en hausse de 17%, qui sera difficile à atteindre pour le président de région, les projections de population fournis par l'Institut national des statistiques et études économiques (Insee) prévoyant seulement 172.0600 jeunes de 15 à 24 ans en 2015 dans la région, soit un potentiel de 12.600 apprentis.

Objectif : 13.000 apprentis

"L'emploi des jeunes est un défi", explique la ministre, qui précise vouloir sortir du dogmatisme des 80% d'une classe d'âge au baccalauréat, préférant voir 100% de jeunes épanouis. "Je ne suis pas là pour décrier le bac mais faire croire que les seules filières gagnantes ou royales sont le baccalauréat et l'université est une erreur. On a trop souvent dévalorisé l'image de l'apprentissage et aujourd'hui, on en paye fortement le prix car dans beaucoup de secteurs, nous avons du mal à trouver des jeunes. L'apprentissage est un secteur extrêmement porteur car on peut commencer par un CAP, choisir son niveau de formation en allant jusqu'au grade d'ingénieur et on peut aussi être créateur d'entreprise".

Pour valoriser encore plus la filière, un club de l'apprentissage a même été créé : "Franck Provost, qui est ce coiffeur très connu, s'est engagé avec nous à valoriser l'apprentissage, aux côtés de Guy Savoy, restaurateur, Robert Mahler, ancien président d'Alstom France, Michel Roth, chef au Ritz, Alain Baraton, jardinier en chef des jardins de Versailles". Autant de noms pour sortir des idées reçues qui consistent à croire que l'on doit orienter les jeunes par défaut vers l'apprentissage. "L'apprentissage est facteur de réussite sociale et professionnelle, et ce, pour toutes les classes sociales" : En Bourgogne, 216 personnes handicapées ou en difficulté, et 416 personnes issues des Zones urbaines sensibles (ZUS) ou bénéficiant d'un suivi ont été recensées sur les 11.087 apprentis que compte la région au 1er janvier 2011.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.