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Dijon / Bourgogne

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Billet de blog 22 juillet 2010

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Quel été pour les sans-abri à Dijon?

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L'été est la période de l'année pendant laquelle Dijon enregistre un pic de fréquentation des sans-abri, en raison notamment d'une proportion plus importante de "passagers", qui restent quelques jours seulement dans la commune. En parallèle, la saison estivale est réputée difficile à vivre pour ces personnes, qui subissent au quotidien chaleur et déshydratation. Pour faire face à ces besoins, la Société dijonnaise d'assistance par le travail (Sdat), renforce ses effectifs et propose un accueil de jour jusqu'au 30 septembre 2010, dans le cadre du dispositif d'écoute et d'accompagnement "Acor centre-ville". Rencontre avec Françoise Truchot, directrice pédagogique à la Sdat, Isabelle et Julien, deux techniciens socio-éducatifs qui évoquent leur quotidien aux côtés des SDF...

La rue, lieu du premier contact


A l'origine du projet, dans les années 1980, le dispositif "Acor centre-ville" de la Société dijonnaise d'assistance par le travail (Sdat), donnait pour mission aux travailleurs sociaux d'aller à la rencontre des personnes présentes dans les rues de Dijon. Le but ? Nouer un premier contact humain, avant d'envisager un autre objectif à long terme : le rétablissement du lien entre le sans-abri et les services sociaux et, d'une manière générale, entre l'individu et la société.


"A cause de cassures avec leur famille par exemple, ces personnes ont été poussées à vivre dans la rue. D'autres ont un logement mais ne supportent pas de vivre dans la solitude... Dans les deux cas, le trottoir est le seul moyen pour eux de rester en contact avec le monde, d'interagir avec lui. En aucune manière, les personnes que nous rencontrons ont choisi de vivre dans cette situation ; le "clochard philosophe" est une image d'Epinal!", note Françoise Truchot, directrice pédagogique à la Sdat.


"Notre objectif est donc d'aller à la rencontre des gens de la rue afin d'établir avec eux une relation humaine, en parlant de tout et de rien et surtout, en leur proposant une aide concrète... Mais sûrement pas en leur évoquant directement les services sociaux ou la question de leurs droits!", explique Julien, intégré au dispositif "Acor centre-ville" depuis deux ans. Et l'été justement, ces services sont multiples.

Pour boire, manger, se rencontrer : un accueil de jour pour l'été


Depuis deux ans, la ville de Dijon soutient l'opération (en savoir plus ici), et met à disposition de la Sdat un local pour l'été, sur le quai Gauthey, le long du canal de Bourgogne. "Ici, les sans-abris peuvent se reposer de la rue, très fatigante. Ici, ils peuvent se nourrir, s'hydrater, se laver, laver leur linge, obtenir un vestiaire pour leurs bagages ou tout simplement être au calme", détaille Isabelle, actrice du dispositif de la Sdat.


Du 01 juin au 30 septembre 2010, le mercredi matin et du mardi au samedi, de 13h à 17h30, l'accueil de jour offre à ceux qui en ont besoin les services et les rencontres qui ne sont pas légion le reste de l'année. "Grâce à ce local - lieu de rendez-vous désormais incontournable pour son barbecue du samedi, nous permettons aux sans-abri de renouer avec une forme de sociabilité et de retrouver confiance en l'aide qui peut leur être apportée", ajoute Françoise Truchot. Et de préciser : "Une fois la relation établie, ce premier contact nous permet ensuite d'aller plus loin dans l'accompagnement que nous pouvons leur proposer".

Des actions à long terme facilitées


Après le contact dans la rue et les moments de partage au quai Gauthey, l'équipe d'Isabelle et Julien, renforcée de quatre autres travailleurs sociaux pour l'été, tente d'évaluer les besoins de chaque individu. L'aide peut alors passer par l'octroi de chambres ou de logements temporaires, l'accompagnement dans les démarches d'acquisition des droits, l'orientation vers des médecins ou des psychiatres, etc.


"Cela n'est pas évident pour tout le monde. Les gens qui arrivent des pays de l'Est sont par exemple soumis à une législation européenne qui indique qu'en théorie, ils ne peuvent être accueillis sur le territoire qu'à condition d'être autonomes... Nous rencontrons donc parfois des obstacles", soulève Françoise Truchot. Malgré tout, elle estime que l'accueil comme il se déroule à Dijon est déjà "très efficace", et que la seule pierre qui manque à l'édifice serait de "faire perdurer ce dispositif sur l'année entière".


Et Julien de conclure : "Au moins, cette exception estivale nous permet de déployer des moyens plus importants pour regagner la confiance des sans-abri et les réintégrer au système d'aides auxquelles ils ont droit". Un premier pas qui n'attend que des moyens financiers pérennes pour porter ses fruits...

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