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Dijon / Bourgogne

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Billet de blog 22 août 2011

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Dépendance (Partie 1/3): Quand la maison de retraite devient l'unique solution…

Bientôt une nouvelle politique de prévention de la dépendance des personnes âgées... Si le chantier est semé d'embûches et le calendrier très glissant, la réforme de la dépendance initiée en 2007 devrait passer un nouveau cap en septembre 2011.

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Bientôt une nouvelle politique de prévention de la dépendance des personnes âgées... Si le chantier est semé d'embûches et le calendrier très glissant, la réforme de la dépendance initiée en 2007 devrait passer un nouveau cap en septembre 2011. En effet, le président de la république, Nicolas sarkozy, devra rendre ses arbitrages sur la question. Il faut dire que la part des personnes de plus de 85 ans devrait progresser de 20% d'ici à 2013 ; la région Bourgogne compterait plus de 208.000 personnes âgées de 80 ans et plus en 2040. Quand la dépendance et le handicap deviennent trop lourds, le placement en institution spécialisée reste souvent la seule solution. Une mesure qui peut parfois s'avérer coûteuse...

Dépendance : une nouvelle vie débute...

Dans le hall d'entrée, c'est l'ambiance des grands jours. Le chassé-croisé de l'après-midi entre la sieste individuelle et les jeux collectifs se poursuit dans la salle commune. Sur le mur, à côté du bureau des admissions, les photos de tous les locataires sont affichées. Car ici on ne parle pas de chambres, mais bien d'appartements, le tout réparti sur trois étages. Les couleurs sont chaudes et des stickers ornent les murs, loin de l'ambiance froide d'un hôpital. Dans son appartement de 25m², Christiane est une des deux seules locataires à disposer d'un ordinateur, une entrée minime dans le monde de la nouvelle technologie. Le wifi n'est pas disponible pour les résidents mais des solutions techniques existent. Voilà deux mois que Christiane réside dans l'Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) du Cromois, à Quétigny (Grand Dijon), après un passage par la clinique Bénigne Joly suite au décès de son époux en avril 2011.

Atteinte de la maladie de Parkinson, la Dijonnaise ne pouvait plus s'assumer toute seule. Sa neurologue a donc décidé de lui faire quitter son appartement du quartier de la fontaine d'Ouche, à Dijon. Aujourd'hui, elle ne regrette pas son choix : "J'ai visité la maison de retraite du port du canal, à Dijon et une autre rue Saumaise mais elles étaient trop tristes, une autre à la Toison d'or qui appartenait aussi à la mutualité, et une dernière à Chenôve, beaucoup trop chère". Son dossier a finalement été accepté à l'Ehpad du Cromois, à Quétigny (21). "J'ai été reçu par la directrice adjointe et un médecin pour évaluer mes besoins et mon degré de dépendance", poursuit-elle. "C'est un peu l'avancement à la mort", image sa nièce venue lui rendre visite au même moment.

La Bourgogne, une région qui vieillit plus vite que les autres

Pour 2.200 euros par mois, Christiane dispose d'une grande pièce agrémentée d'un coin cuisine et d'une salle de bain. Après, libre à elle d'aménager le reste de la pièce à sa convenance. Sur la table qui lui sert aussi de bureau, un CD de Jean Ferrat et les paroles imprimées de "Tu aurais pu vivre"... "J'écoute beaucoup de musique ; je me suis même inscrite sur Deezer ! (ndlr : site d'écoute en ligne)", affirme-t-elle en pointant du doigt sa tour CD où cohabitent Jacques Brel, Yves Jamait, Abd al Malik et Bénabar. "Dès la première journée, j'ai décidé de participer à toutes les activités afin de connaitre des gens. Depuis, je joue aux dominos et aux cartes avec les autres locataires. Elles sont assez critiques et rembarrent souvent les personnes qui perdent un peu la tête... Un manque de tolérance qui m'énerve un peu." Pourtant, Christiane est bien consciente de sa chance. Face à son degré de dépendance, son dossier a été très rapidement accepté, ce qui n'est pas le cas de tout le monde en France, où l'on comptabilise de nombreuses personnes âgées. En 2050, les plus de 85 ans seront près de 5 millions...

Selon les dernières études de l'Institut national des statistiques et études économiques (Insee), on compte aujourd'hui plus de 1,1 million de personnes âgées dépendantes, chiffre qui est amené à croître de 1 à 2% par an d'ici 2040. Sur le département de la Côte-d'Or, l'Insee recense 67.198 personnes âgées de plus de 60 ans et 9.554 de plus de 85 ans. Légèrement supérieur à la moyenne nationale, le taux d'équipement de la région Bourgogne en structures d'hébergement pour aînés est de 137,87 pour mille personnes âgées de 75 ans et plus. 6.797 places sont disponibles sur le département réparti au sein de 95 établissements. En 2010, la société d'audit KPMG estimait même que le coût total d'un résident s'établissait à 31.860 euros par mois - avec une différence de +/- 6563 euros selon les établissements.

Public-privé : des disparités polémiques

Rappelons que le terme de "maison de retraite" regroupe deux réalités : le secteur privé - où les établissements peuvent prendre la forme d'une société commerciale ou d'une association - et le secteur public - où les établissements relèvent du secteur hospitalier ou de la commune par le biais de son Centre d'action sociale (CCAS) ou encore de l'assistance publique. Dès lors, le prix de la journée est fixé par le conseil général de chaque département, qui consacre 70 millions d'euros à la dépendance. En Côte-d'Or, une maison de l'autonomie a été mise en place à titre expérimental. Inaugurée le 09 décembre 2010, elle un lieu unique pour accompagner les personnes âgées et les personnes handicapées dans leurs démarches administratives. L'expérimentation sera clôturée en mai 2012 tandis qu'un bilan à mi-parcours a été dressé devant la secrétaire d’État aux solidarités et à la cohésion sociale, Marie-Anne Montchamp (Lire notre article ici). Tout comme la Côte-d'Or, la Corrèze et le Cantal suivent cette expérimentation.

Retour en Côte-d'or, à Athée, situé à quelques kilomètres d'Auxonne. Les logis du parc Moussier accueillent 97 résidents ; tous les ans, la secrétaire voit passer environ 150 dossiers : "Il n'y a pas réellement de liste d'attente", considère Emmanuelle Beau. "Le dossier médical du patient passe en commission d'admission et là, on valide son inscription ou non selon plusieurs critères. Par exemple, nous n'avons pas d'infirmière de nuit donc nous refusons d'office les patients qui en ont besoin. Sinon, nous regardons le degré de dépendance pour savoir si l'on va pouvoir subvenir à ses besoins." Membre de l'association Santé et bien-être, la structure ne peut pas retirer de bénéfices et les réinvestit donc chaque année dans les frais de fonctionnement, tout comme l'Ehpad Saint-Vincent, à Beaune, la deuxième structure du groupe sur le département. "Nous avons 97 places et une trentaine se libèrent chaque année. 80% des patients viennent directement de l'hôpital et sont ensuite suivis au sein de l'établissement." Avec un tarif de 52,87 euros par jour, la pension s'élève à 1.600 euros par mois environ avec des petits plus comme la présence de cuisiniers pour préparer directement les plats, "histoire de ne pas oublier certains petits plaisirs de la vie pour bien vieillir"...

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