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Billet de blog 23 décembre 2009

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Echec du sommet de Copenhague : on fait quoi maintenant ?

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Le sommet sur le climat, qui s'est tenu du 7 au 18 décembre 2009, s’est soldé par un échec cuisant, qui ne manque pas de fragiliser un peu plus les institutions internationales. Dans les entreprises ou les collectivités, les projets environnementaux ne s’arrêtent pas pour autant. Ainsi à Dijon, un vaste réseau de chaleur biomasse vient d’être annoncé...

Pour une fois, tout le monde est d'accord


Cela a déjà été dit, écrit et martelé par tous les médias et pour une fois, tout le monde est d’accord, à droite comme à gauche, en Europe comme en Amérique du Sud : la conférence sur le climat de Copenhague est un échec retentissant, "un naufrage révoltant", selon les Amis de la Terre, "un vrai gâchis", pour Jean-Patrick Masson, président de l’agence pour l’environnement Alterre Bourgogne. "Beaucoup de travail et d’espoir, mais aucun engagement et un texte qui n’a même pas été voté", regrette-t-il.


Les chefs d’Etat s’étaient pourtant déplacés en nombre mais ils n'ont pas su dépasser leurs différends. La Chine s’est engagée à diminuer son intensité carbone or elle refuse qu’une autorité de contrôle s’immisce dans ses affaires pour vérifier qu’elle respecte bien ses promesses. Les Américains eux promettent de réduire leurs émissions de CO2 de 4 % d’ici 2020... Quand les scientifiques demandent une diminution de 20 % minimum. Les Européens, quant à eux, ont refusé de prendre à leur compte les négociations pour éviter d’aller au clash.


Enfin, la classe politique toute entière s’est totalement décrédibilisée en montrant que deux ans de négociation peuvent se jouer sur une nuit blanche entre Chefs d’Etat. Ils n’ont finalement même pas réussi à se mettre d’accord sur la traditionnelle déclaration commune de fin de sommet!

Gueule de bois et bois de chauffage


"On va continuer à travailler avec plus de motivation encore et profiter de la dynamique forte indépendamment des grands accords internationaux", explique Bernard Lasnier, chargé de communication à l’Ademe Bourgogne. Méthode Coué* ? Oui et non. "Dans les associations, les gens baissent un peu les bras", estime Jean-Patrick Masson. Mais c’est très provisoire. Sur le fond, le combat ne peut tout simplement pas être abandonné". Et de compléter, un brin cynique : "la politique est finalement le reflet d’une certaine réalité. Tout le monde n’est pas prêt à modifier ses habitudes !"


Changeant de casquette pour enfiler celle de l’élu vert et du vice-président du Grand Dijon qu’il est aussi, il se fait plus incisif : "On ne va pas s’arrêter parce que Copenhague est un échec. Dans l’agglomération, nous allons par exemple profiter des travaux du tramway pour installer un réseau de chaleur biomasse, et diviser par 3,5 la quantité de CO2 rejetée dans l’atmosphère." Avec une puissance de 24 MW, cette installation de chauffage urbain au bois s’annonce comme l’une des plus importantes en France. Elle devrait se raccorder notamment à l’Université, au CHU et au quartier des Grésilles.
Quelques consolations

Au-delà de quelques annonces comme celle-ci, le sommet de Copenhague aura au moins eu le mérite de médiatiser la cause climatique. Les Îles du Pacifique et les pays les plus pauvres du G77 ont fait part de leurs craintes, de même que les ONG comme Action contre la faim ou Médecins du Monde. Tous ont rappelé que les plus pauvres étaient aussi les plus vulnérables alors que la défense de l’environnement est trop souvent présentée comme une préoccupation de riches. La nécessité de fixer le seuil du réchauffement à 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, promue par les scientifiques, semble elle-aussi définitivement acceptée par les politiques, y compris américains.


Paradoxalement, le climato-scepticisme sort pourtant lui-aussi renforcé par l'échec de ce sommet, et ne cesse de gagner du terrain, comme le prouvent les commentaires publiés sur dijOnscOpe à chaque nouvel article sur le réchauffement climatique. A l’image de Claude Allègre, les opposants aux conclusions du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), semblent avoir déserté le terrain scientifique pour se tourner vers celui des médias, agitant une théorie du complot souvent très efficace. "C’est logique, note Jean-Patrick Masson. Le débat n’avait jamais vraiment eu lieu".

* La méthode Coué est une forme d'autosuggestion basée sur la persuasion par la répétition, censée entraîner l'adhésion du sujet aux idées positives qu'il s'impose et ainsi un mieux-être psychologique. En bref, répéter incessamment comme Danny Boon : "Je vais bien, tout va bien ; je suis gai, tout me plait" pourrait vraiment vous rendre heureux.

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