Prêtre, un métier en voie de disparition? La crise des vocations reste en effet une préoccupation majeure pour les autorités ecclésiastiques. Cependant, contrairement à 2010, Monseigneur Minnerath, archevêque de Dijon, procédera à deux ordinations de prêtres dans le diocèse, dimanche 26 juin 2011, en la cathédrale Saint-Bénigne. Deux hommes aux parcours bien différents mais pourtant réunis par un même engagement : Étienne Hache, tout juste la trentaine, rêve de la prêtrise depuis ses dix ans ; François-Xavier de Guibert, aujourd'hui veuf et père de cinq enfants, a passé toute sa carrière dans le secteur de l'édition, créant sa propre maison. A la veille de leur ordination, dijOnscOpe a rencontré ces hommes afin de comprendre leur engagement et leur perception du rôle de prêtre en 2011...

Pas de femme, pas d'enfant : "Un sacrifice qui demande beaucoup de réflexion !"
D'après la Conférence des évêques de France (CEDF), cent-neuf ordinations de prêtres seraient prévues pour 2011. Pour sa part, Monseigneur Minnerath, archevêque du diocèse de Dijon, s'apprête à procéder à deux ordinations dimanche 26 juin 2011 en la cathédrale Saint-Bénigne. "J'ai grandi dans une famille catholique pratiquante ; nous recevions régulièrement des prêtres à la maison. Très tôt, j'ai éprouvé le désir de devenir prêtre à mon tour", explique Étienne Hache, qui aurait songé à la prêtrise dès l'âge de dix ans. "Au fil du temps, ce désir a évolué pour prendre une forme plus concrète, plus précise", poursuit le jeune diacre qui perçoit d'abord son ordination comme une reconnaissance de son engagement personnel. Un engagement confirmé en dépit de quelques moments d'hésitation...
"Oui, j'ai eu des moments d'hésitation quant à mon engagement au cours de ma formation. Je crois que c'est bon signe : on reste humain et on n'entre pas en prêtrise les yeux fermés, il s'agit d'un choix réfléchi et assumé", confie Étienne Hache. Quant au renoncement à avoir femme et enfant, le jeune homme reconnaît qu'il s'agit là d'un "réel sacrifice, qui demande beaucoup de réflexion et de discernement". A l'inverse, François-Xavier de Guibert a fait le choix de se marier, d'avoir des enfants et d'exercer une activité professionnelle. "J'avais pensé à devenir prêtre quand j'étais plus jeune, j'avais ça quelque part dans un coin de ma tête, puis je me suis marié", précise ce dernier.
"Le prêtre doit dire aux gens que Dieu les aime"
François-Xavier de Guibert défend l'idée d'une cohérence de l'ensemble de son parcours. "J'ai toujours essayé de mettre Dieu au premier plan dans mon parcours. Pour moi, le mariage, ce n'est pas se regarder dans le blanc des yeux, je le conçois comme le fait de marcher main dans la main avec quelqu'un vers Dieu. Mon épouse est décédée voici dix ans. Aujourd'hui s'ouvre pour moi une autre étape... ". Quant à son activité professionnelle, le futur prêtre insiste sur le fait qu'il a quand même travaillé toute sa vie dans l'édition religieuse, d'abord chez Desclée de Brower avant de fonder sa propre société d'édition.
Alors qu'aujourd'hui de plus en plus d'hommes veufs accèdent à la prêtrise au sein de l'Église, François-Xavier de Guibert estime que le rôle du prêtre reste le même qu'au commencement. "Être prêtre en 2011, c'est comme assister à la cène le soir du vendredi saint. L'esprit est le même. Il s'agit d'apporter Jésus-Christ en 2011, autrement dit de transmettre son message dans le contexte actuel. Pour ce faire, il faut être au fait des problèmes contemporains". Pour Étienne Hache, le plus important est "d'apporter Dieu aux gens, d'être des hommes de Dieu au milieu des gens et dire que Dieu existe et qu'il les aime".
"La prêtrise n'est pas un métier !"
Pour les deux hommes, un prêtre est d'abord un serviteur. "Le prêtre a aussi pour fonction de guider les fidèles", ajoute Étienne Hache. François-Xavier de Guibert insiste sur le fait que le candidat à la prêtrise se propose mais qu'en définitive, c'est l'Église qui décide s'il a les qualités requises. Sans oublier la formation. A l'instar des études en médecine, la formation du candidat à la prêtrise est longue - au moins six ans.
"Le rôle de prêtre répond à une vocation, un appel ; ce n'est pas un métier", pour Étienne Hache. François-Xavier de Guibert va plus loin : "Les prêtres sont d'abord des hommes comme tout le monde, Dieu prend les gens comme ils sont pour en faire quelque chose. Ce sont des hommes qui vont donner aux autres ce qu'ils ont de plus précieux : leur temps. Un prêtre exerce une charge, il se consacre aux autres sans en rechercher un quelconque bénéfice financier, il n'est pas dans une logique de rentabilité, ce qui le distingue d'un métier", estime l'ancien chef d'entreprise.