Comment se portent la dette et le déficit public de la France ? Mal, selon la Cour des comptes. Dans son rapport annuel sur la situation des finances publiques publié mercredi 22 juin 2011 (Lire ici), l'institution prend position en faveur d'un nouveau plan de rigueur, alors que la France a déjà un pied dans la campagne pour l'élection présidentielle et que le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux lors des départs en retraite pèse déjà lourd dans les esprits... Une situation qui confine au status quo et inquiète sur l'avenir des finances du pays.

En 2009 déjà, Philippe Séguin, président de la Cour des comptes, adressait une sévère mise en garde sur le risque "d'emballement exponentiel de la dette française" (Lire ici l'article sur Lemonde.fr). Après sa mort, son successeur Didier Migaud n'a pas changé de message et revient à la charge dans le rapport de la Cour des comptes sur la situation des finances publiques, présenté mercredi 22 juin 2011... "En dépit des inflexions réalisées depuis un an, les déficits restent trop élevés et le risque existe d'un emballement de la dette publique", indique-t-il (Lire ici l'article de Boursorama.com). Pour le président de la Cour des comptes, le verdict est clair : "Il faut des mesures supplémentaires de rigueur budgétaire".
Il y a urgence à agir. "Car si la France ne réduit pas son déficit primaire - le solde avant paiement des intérêts de la dette -, la dette publique atteindra 110% du PIB en 2020, contre 85% cette année. La charge de la dette absorbera alors 10% des prélèvements obligatoires tels que les impôts nationaux et locaux ou encore les cotisations sociales... Dès aujourd'hui, l'endettement est si élevé qu'une hausse des taux d'intérêt - même d'un point seulement - alourdirait la charge de la dette de 2 milliards la première année et jusqu'à 14 milliards dix ans plus tard !", relève LeFigaro.fr (Lire ici l'article).
Si le refrain de la dette et de l'envol du déficit public sont aujourd'hui bien connus, l'urgence à agir n'est pas aussi évidente. Pour LeMonde.fr, l'on peut "craindre que l'année électorale 2012 ne soit guère propice à l'ascèse budgétaire. C'est vrai des dépenses, comme en témoignent les contorsions actuelles du gouvernement en matière d'éducation : pour ne pas désespérer les élus locaux, il annonce le gel des suppressions de classes en 2012, tout en maintenant son objectif de suppressions de postes d'enseignants. C'est tout aussi vrai pour les recettes, comme en témoignent les acrobaties peu convaincantes pour faire croire que la réforme de l'impôt sur la fortune n'entraînera pas de manque à gagner pour l'Etat" (Lire ici l'article). Même constat du côté de LExpress.fr, qui considère "qu'à un an de l'élection présidentielle, le gouvernement préfère modérer ses annonces en matière de hausse des recettes fiscales. Il n'hésite pas, en outre, à créer de nouvelles niches sociales pour les salariés, telle la prime contre dividendes qui devrait coûter 395 millions d'euros à l'Etat cette année et 640 millions en 2012. Ou encore à se priver de recettes en allégeant l'impôt de solidarité sur la fortune" (Lire ici l'article).
Conclusion ? Alors que la crise grecque illustre l'issue à laquelle peut conduire un aveuglement volontaire des élus au sujet de la dette, le gouvernement français risque pourtant de ne pas ciller d'ici l'élection présidentielle de 2012, en raison des retombées certaines - et négatives - des hausses d'impôts et autres suppressions de postes auprès de la population. Pour quelles conséquences ? Réponse en 2013...