Une trentaine de Parisiens qui font un aller-retour en avion juste pour dîner en ville à Dijon : voilà une soirée qui sort de l'ordinaire... Jeudi 21 janvier 2010, les plus grands organisateurs événementiels de la capitale française sont en effet venus passer quelques heures en Bourgogne. Que sont-ils venus chercher dans la capitale des Ducs ? Une nouvelle destination "tendance" pour leurs clients, qui n'ont plus les moyens de partir en Safari au Kenya ou dans un Riad à Marrakech...
Opération dîner en ville
En sortant de leurs bureaux jeudi soir, cette trentaine de Parisiens n'ont pas rejoint leur bande d'amis dans l'un des bars branchés de la capitale. Ils n'ont pas davantage retrouvé leur appartement haussmannien avec vue sur la tour Eiffel. A 18h et quelques, ils étaient à l'aéroport du Bourget dans un avion prêt à décoller. Destination : Dijon. Durée du vol : 50 min. Planning : faire une dégustation au Domaine de la Perrière à Fixin avant d'aller rencontrer les membres de Bourgogne Events, un groupement qui fédère 82 professionnels liés à l'organisation d'événements en Bourgogne, au bar à vins L'Autre entrée des Oenophiles à Dijon. Objectif : voir si la région bourguignonne pourrait devenir la prochaine destination événementielle à vendre aux clients...
A l'origine du projet, l'antenne parisienne de la société britannique Air Charter Connections (ACC), spécialisée dans l'affrètement d'avions. Si la société organise ainsi plusieurs fois par an des voyages éclairs à travers la France, dont l'avant dernier s'est organisé au Touquet, c'est pour mieux démontrer que l'avion reste un moyen de transport intéressant à proposer : "Il est évident qu'avec la crise, nous affrétons beaucoup moins de sociétés. Car au lieu d'aller à Marrakech, elles vont aujourd'hui à Disneyland Paris. Notre message est donc de dire que l'on peut toujours affréter mais moins loin et donc moins cher", explique Laurent Valet, directeur général d'ACC France.
La Bourgogne, un atout séduction ?
Pour ce faire, il lui a d'abord fallu rassembler la crème des agences événementielles parisiennes. Ensuite, trouver une compagnie aérienne pour transporter tout ce petit monde par vol privé : Eastern Airways a répondu à l'appel en louant, "à bon prix" paraît-il, l'un de ses nombreux bi-moteurs comptant 29 sièges. La présence de la compagnie britannique n'est pas franchement un hasard puisque le projet d'implantation de cette dernière sur l'aéroport de Dijon-Longvic ne saurait tarder (Cf. Lire l'article paru dans dijOnscOpe plus bas)... Enfin, il a fallu pour ACC convaincre une région de croire en son projet. Et justement sur ce point, le directeur de la société insiste sur la bonne volonté de la Bourgogne : "Contrairement à d'autres régions que je ne citerai pas, la Bourgogne a immédiatement été séduite par le projet. C'est le directeur de l'aéroport Dijon-Longvic, Daniel Lefèbvre, qui a été le point d'entrée au conseil régional, en se montrant très coopérant".
Outre un certain enthousiasme, pourquoi avoir choisi la Bourgogne comme destination ? "Tout d'abord parce que Dijon est à moins d'une heure de vol de Paris, indique Laurent Valet. D'autre part, les grosses villes comme Lyon ou Lille ne m'intéressent pas : il est en effet difficile de faire bouger de si grosses plateformes (=aéroport). Ensuite, parce que la Bourgogne est un concept très vendeur pour les clients. C'est une super carte de visite qui a créé un réel engouement auprès des invités".
Du tourisme "no logo"
Nathalie Morlot, directrice associée de la Fonderie d'événements, reconnaît pour sa part que la Bourgogne est une région un peu oubliée des Parisiens : "C'est vrai que l'on pense davantage à aller dans le sud de la France. C'est du moins ce que nous proposons à nos clients qui souhaitent organiser un événement. Mais la crise économique change les réflexes : par exemple, nous avions trouvé des chambres d'hôtel au Carlton à Cannes moins chères qu'au Sofitel à Paris. Fiers de nous, nous avons soumis le choix au client. Et bien il a pris Paris parce qu'il préférait payer plus cher en faisant croire l'inverse ! Aujourd'hui, les clients ne veulent pas quelque chose de frimeur. Ils recherchent de l'authentique, du vrai. En cela, la Bourgogne est séduisante. On peut faire un parallèle avec la mode qui est au "no logo" : je préfère en effet ne plus montrer que mon sac est un Chanel !". L'experte en événementiel relève tout de même un gros défaut à Dijon : "Il manque des hôtels !".
L'information est confirmée par Sylvain Camos, directeur général d'Ema événements & décors et membre du comité de pilotage de Bourgogne Events : "L'offre hôtelière n'est en effet pas suffisante à Dijon. A force d'être rembarré, plus personne n'a cherché à venir dans la ville et on a fini par nous oublier. En plus, notre Parc des expos est franchement vieillissant". Et d'ajouter, circonspect : "Mon entreprise n'effectue que 10% de son chiffre d'affaires en Bourgogne. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi nous n'arrivons pas à vendre notre région, pourtant mondialement connue, à des gens qui habitent à 300 km de chez nous...".
Retour à Paris...
23h passées : il est temps de repartir... "Je serai dans mon lit à 1h du matin, se réjouit le directeur de ACC. En fait, c'est comme si nous avions passé une soirée à Paris sauf qu'en prime, nous avons pris l'air". Avec un aller-retour en avion en moins de six heures, c'est le moins que le puisse dire... Pas très écolo diront certains mais l'opération semble être un succès : selon les premiers retours, les Parisiens sont en effet ravis, les Bourguignons aussi. Avant de partir, Laurent Valet réaffirme son enthousiasme : "Si le projet marche, je saurais me montrer reconnaissant vis-à-vis de la région Bourgogne. En plus, toute l'organisation* était parfaite...".
* L'organisation de la soirée revient à Bourgogne Tourisme, Comité régional du tourisme.