dijOnscOpe

Abonné·e de Mediapart

Billet publié dans

Édition

Dijon / Bourgogne

Suivi par 18 abonnés

Billet de blog 26 mai 2010

dijOnscOpe

Abonné·e de Mediapart

Cours d'éducation civique en VIP...

Le maire de Chenôve (21), Jean Esmonin, ainsi que plusieurs adjoints municipaux, ont reçu mardi 25 mai 2010 la classe de primo-arrivants du lycée professionnel Antoine Antoine (sic) de la ville. Objectifs : se rencontrer et échanger autour du vivre ensemble, de la citoyenneté, de l'égalité des chances...

dijOnscOpe

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.


Le maire de Chenôve (21), Jean Esmonin, ainsi que plusieurs adjoints municipaux, ont reçu mardi 25 mai 2010 la classe de primo-arrivants du lycée professionnel Antoine Antoine (sic) de la ville. Objectifs : se rencontrer et échanger autour du vivre ensemble, de la citoyenneté, de l'égalité des chances... Bref, autant de belles notions que les élèves se sont vus inculquer. Mais peuvent-ils y croire alors que certains d'entre eux risquent l'expulsion du territoire ? Témoignages...

"19 nationalités vivent à Chenôve"


Être primo-arrivants, ça signifie quoi au juste ? "Cela veut dire que les élèves sont arrivés il y a moins d'un an en France lorsqu'ils intègrent la classe", explique Nathalie Jalil, leur enseignante. Sa mission est donc d'intégrer en un an ces jeunes, âgés de 16 à 18 ans, venus soit en famille, soit seuls de leur pays d'origine. Les quinze élèves, dix garçons et cinq filles, ont donc fait le voyage d'Algérie, du Maroc, du Tchad, du Congo, de Centre-Afrique, du Portugal et d'Afghanistan pour venir jusqu'ici. "Nous, à Chenôve, nous comptons pas moins de dix-neuf nationalités différentes dans la ville. Et l'objectif, c'est qu'elles n'en forment plus qu'une seule ; c'est la notion du vivre ensemble", commente le maire de Chenôve, Jean Esmonin.

Conseillers municipaux d'une heure...


Ce dernier a accueilli les élèves dans la salle des conseils municipaux de la Ville, dans la même configuration d'ailleurs que ceux-là : "Le fait de les recevoir ici, c'est emblématique". Tout un symbole donc pour ce moment d'échange qui ressemblait à s'y méprendre à un cours d'éducation civique. En effet, les élèves se sont vus délivrés chacun un livret sur Chenôve et surtout, un powerpoint sur les communes françaises a été diffusé, expliquant comment le maire et les conseillers municipaux sont élus, quels sont les droits et les devoirs des habitants...


Si Nathalie Jalil et ses élèves travaillent en cours les notions de citoyenneté et les symboles de la République française, la présence et les interventions du maire rendent plus attrayant l'apprentissage de l'institution municipale. "Moi, je fais partie de cette classe pour apprendre la langue française, explique Samir, Afghan de 18 ans. Mais c'est sympa de connaître le maire de Chenôve". Saleh, Tchadien de 17 ans, acquiesce. "Pour l'équipe municipale, la rencontre est une déclinaison concrète des Assises du civisme et de la citoyenneté organisée mi-octobre 2009 à la mairie de Chenôve", précise Sandrine Richard, adjointe au maire en charge de l'insertion et de l'égalité des chances.

Citoyens d'une année?


Et le maire d'ajouter : "Il s'agit de leur parler de citoyenneté et de civisme". Former de futurs citoyens français, voilà donc le but de la rencontre... Encore faut-il que tous obtiennent leurs papiers pour rester en France. Samir a plus de dix-huit ans et quand on lui demande ce qu'il compte faire l'an prochain, il est un peu sceptique : "Je suis arrivé en France il y a deux ans, avec des amis. Je ne sais pas ce que je vais faire l'an prochain car ma demande de papiers est en cours mais je ne suis pas sûr de les obtenir. Sans papiers, sans travail... Dans ce cas, je ne pourrai pas rester".


Pourtant, il aura suivi tous les cours de madame Jalil : français, histoire-géographie, mathématiques, anglais, EPS... Et le 03 juin 2010, il passera le diplôme d'enseignement de la langue française (Delf) comme tous les autres élèves. Et comme tous les autres, il aura travaillé sur son projet d'orientation professionnelle. Mais il préfère ne pas en parler... Tahir, jeune Tchadien de 17 ans qui vit dans un foyer à Velars-sur-Ouche, est plus prolixe : "J'espère travailler comme infirmier".

Salut les copains...


L'an prochain, Saleh retournera dans la classe d'accueil car cela ne fait que deux mois qu'il en fait partie. Mais pour les autres, l'avenir est incertain. Tahir espère pouvoir rester à Dijon, "parce que les gens sont sympas avec moi ici, c'est pas comme à Paris". Adil, lui, est un peu triste que la fin de l'année soit si proche : "J'ai trouvé des amis ici. Des voyageurs et des pauvres, comme moi...". "Et courageux", reprend son voisin. "Oui, courageux, aussi, accorde Adil. Mais sans doute serons-nous séparés l'an prochain".

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.