""Fondamentaliste chrétien", "franc maçon", "surgi de nulle part" : les journalistes cherchent à qualifier l’auteur des attaques à Oslo et sur l’île d’Utoya. Ses convictions en feraient plutôt le premier "terroriste identitaire européen". Et il pourrait bien ne pas être le dernier", analyse Slate.fr (Lire ici l'article).

Deux heures avant de déclencher son attaque et de massacrer 76 jeunes travaillistes norvégiens vendredi 22 juillet 2011, Anders Breivik a en effet mis en ligne un manifeste de 1.500 pages détaillant sa "pensée politique" et son mode opératoire. "Intitulé Déclaration d’indépendance européenne, ce document démontre que le tueur s’inscrit totalement dans l’évolution des mouvements nationalistes en Europe ces dernières années : anti-Islam, anti-immigrés, défenseur de la politique d’Israël, anti-multiculturaliste", affirme Slate.fr, qui s'appuie sur les écrits du jeune homme : "Se présentant comme le "commandeur des Chevaliers Templiers d’Europe et l’un des leaders du mouvement National et pan-européen de résistance patriotique" (sic), Anders Breivik ne se considère pas pour autant national-socialiste, "cette idéologie étant morte avec la deuxième guerre mondiale".
De son côté, La Croix.com énumère les personnalités historiques évoquées et admirées par le tueur : "Charles Martel, "qui a repoussé les forces de l’islam", fait partie du panthéon, avec "Ogier le Danois ", chevalier qui aurait combattu à ses côtés. Proche des mouvements skinheads (activistes d’extrême droite), la chanteuse suédoise Saga a également sa place, elle qui "crée de la pop music avec des textes patriotiques". Amoureux de son corps, ce fan du héros de bande dessinée Conan le Barbare l’est aussi du très sportif Vladimir Poutine – "un leader juste et ferme". Un autre Premier ministre trouve grâce à ses yeux : le Britannique Winston Churchill, dont il cite plusieurs phrases. Notamment "les fascistes de demain seront les antifascistes", qui résume une théorie récurrente : le harcèlement des partis d’extrême droite par la gauche, aux méthodes proches de la "révolution culturelle chinoise " (Lire ici l'article).
Quant à son supposé fondamentalisme chrétien, le journal analyse "qu'Anders Behring Breivik n’a pas le discours religieux, ni les références bibliques, ou prophétiques, comme ce fut le cas du tueur d’Oklahoma City. On serait bien en peine de trouver un début de réflexion sur la foi. S’il se définit lui-même comme "chrétien culturel", Breivik dans sa "déclaration d’indépendance" mélange les genres, invoquant ainsi Fjordman, blogueur norvégien autant anti-islamique qu’antichrétien... Pour autant, Breivik se réclame d’une forme de "christianisme identitaire", dont l’objectif essentiel serait de protéger l’Europe de "l’invasion étrangère", de la "décadence", du "marxisme" et surtout de "l’islamisme". Se rapprochant ainsi de certaines idéologies d’extrême droite qui invoquent un christianisme uniquement culturel, garant de l’ordre et de la tradition".
Si les idées politiques du tueur n'expliquent sans doute pas à elles-seules un tel carnage, celles-ci commencent pourtant à faire débat, notamment en France. Le Monde.fr de s'interroger sur le sujet : "Anders Behring Breivik, l'auteur des attaques qui ont fait soixante-seize morts en Norvège vendredi, est-il un déséquilibré à la xénophobie paranoïaque ou un militant actif nourri aux thèses de l'extrême droite ? (...) En France, c'est le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) qui a allumé la première mèche, déclenchant une volée de critiques émanant du Front national et de la Droite populaire, l'aile droite de l'UMP. Dans un communiqué publié samedi 23 juillet, le Mrap met directement en cause "les partis populistes et les extrêmes droites", estimant que "cette tuerie ne saurait se réduire au seul acte d'un déséquilibré" (Lire ici l'article).
Selon Le Monde.fr toujours, "le Front national a réagi, dimanche 24 juillet, à cette mise en cause en accusant le Mrap de "récupérer" l'événement", dans un communiqué intitulé "Halte au Mrap !" et signé Marine Le Pen. De son côté, "le ministre des transports, Thierry Mariani, cofondateur de la Droite populaire, a riposté lundi 25 juillet, qualifiant la réaction du Mrap de "minable".
Néanmoins, en conclusion de son document-fleuve, note Slate.fr, "Breivik remercie ses "frères et sœurs qui l’ont soutenu en Grande-Bretagne, France, Allemagne, Suède, Autriche, Italie, Espagne, Finlande, Belgique, Pays-Bas, Danemark, États-Unis, etc". Dans le contexte de progression des extrême-droites européennes, Anders Breivik ne se sentait pas seul. Les loups chassent le plus souvent en meute".